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Commentaire de Onecinikiou

sur Lettre à Jean-Luc Mélenchon


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Onecinikiou 31 octobre 2013 19:40

Comme toujours avec Mélenchon, le problème est sur le fond non ce qu’il dit, mais ce qu’il ne dit pas, ce que sa pensée suppose. Plus exactement sur ce que son allusion au « protectionnisme solidaire » tente de masquer, et qu’il faut s’attacher à décrypter. Ce concept, qui malgré tout tente de reprendre à son compte l’idée de protectionnisme (cela va donc plutôt dans le bon sens), la reprend effectivement mais sur une base essentiellement de relocalisation pour motif écologique. C’est une esbroufe (une de plus) comme il les aime. 

Remarquons déjà qu’aucun théoriciens sur le protectionnisme, à ma connaissance, ni même ceux en faveur du libre-échange, n’ont jamais admis le recours au protectionnisme pour raison écologique. On pourra m’objecter que le contexte d’il y a 50 ou 100 ans n’est pas celui d’aujourd’hui, ce qui est en partie vrai. 

Marx lui-même était un fervent libre-échangiste, non pour la raison qu’il fut un suppôt du Capital, mais bien parce qu’il pensait que l’avènement du capitalisme à l’échelle du globe, que permettait précisément le libre-échange mondial par capillarité, allait provoquer son effondrement définitif par les contradictions qui lui étaient selon lui consubstantielles. Cette vision est largement battu en brèche aujourd’hui, devant la résilience du système et sa capacité à muter.

Non le grand reproche que l’on peut faire à l’argumentation en creux de Mélenchon, c’est qu’il n’est nul besoin de recourir au prétexte écologique pour justifier du recours à des mesures protectionnistes que, par ailleurs, tous les pays du monde, et singulièrement la Chine bientôt première puissance économique du monde, et d’autres puissances « émergentes » (je pense également à la Corée du sud), pratiquent déjà bel et bien. Pas l’usage de quotas et de restrictions diverses et variées, par la manipulation de leurs monnaies et des taux de change qui leurs sont associés, par des législations contraignantes et des taxes à l’importation etc…

Le recours au protectionnisme - et plus sûrement la bêtise crasse qui a conduit que l’on abandonna cet attribut objectif de puissance et de souveraineté, en parfaite droite ligne d’autres abandons du même type que nous avons commis ces trente dernière année sous l’influence d’une idéologie délétère néolibérale, en même temps qu’elle fut cautionnée par les bonnes consciences internationalistes d’une partie largement majoritaire de la gauche, qu’elles furent d’ailleurs conscientes ou inconscientes de cela - le recours au protectionnisme donc, est une « ardente obligation » pour paraphraser de Gaulle. Indépendamment de la question écologique par ailleurs.

Car le recours au protectionnisme est notre droit le plus strict afin sauvegarder notre économie, nos emplois, nos industries (sans lesquelles toute volonté de puissance est vaine), nos secteurs stratégiques, faire simplement montre de notre liberté et droit à l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté. Toute chose par ailleurs de parfaitement admis par les mêmes bonnes consciences dès qu’il s’agit de peuples qui ne seraient pas à majorité blanche et européenne. On devine d’ailleurs ici toute la charge émotionnelle de repentance, de contrition, et de haine de soi, qui borde encore le cadre idéologique de nos élites politiques, journalistiques, académiques et culturelles continentales. Et dont Mélenchon est le digne représentant, lui l’ancien de SOS-Racisme.

Je ne manque pas de poster cette archive, qui, devant l’histoire, étaye selon moi parfaitement le problème fondamental que pose le recours au protectionnisme à tous ceux (et ils sont encore nombreux parmi les élites précitées) qui sont façonnés, sincèrement ou par calcul (notamment politique), par l’idéologie internationaliste - qui n’est en fait que le pendant gauchiste du mondialisme droitard - et derrière elle, la notion d’universalisme qui lui est inhérente. Universalisme dont on sait par pratique de l’histoire contemporaine combien il est prégnant parmi les loges affairistes franc-maçonnes. Et c’est tout sauf un hasard s’il rejoint ici aussi les considérations et priorités de la super classe mondiale, apatride et relativement cosmopolite. 

http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/hollande-nous-avons-une-mission-32079

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