Ferdinand Lufete,
Il est très peu probable qu’un mouvement islamiste puisse prospérer dans le
territoire de Beni, surtout s’il est en lien avec les Shebab somaliens. Les
musulmans dans cette partie du Congo ne représentent même pas 1% de la
population. S’ils se sont procuré des armes et acquis une puissance de feu au
point d’inquiéter l’armée nationale et la Monusco, c’est que quelqu’un les a
amené là, les a armés et leur a ordonné de s’en prendre à la population. C’est
tellement évident en regardant la carte de l’Afrique. Pour que des combattants somaliens
arrivent dans les montagnes de l’Est du Congo, en provenance de la Somalie, il
faut qu’ils traversent le Kenya et l’Ouganda, deux pays qui ont envoyé des
soldats en Somalie et qui les combattent sur place.
A mon avis, l’explication aux troubles en territoire de Beni n’est pas à
chercher du côté de l’islam radical, mais plutôt des gisements de pétrole, d’or
et de coltan qu’on a découverts dans le secteur. L’Ouganda tient à avoir la
mainmise dessus. Comme le Rwanda avec le M23 et les FDLR, Kampala entretient l’insécurité
dans le secteur pour obliger Kinshasa à se soumettre au chantage de ses groupes
armés lorsque viendra le moment de signer les contrats. C’est aux Congolais de
rester fermes sur le refus de tout dialogue et d’écraser ces individus l’un
après l’autre pour que leur parrain ougandais reçoive un message clair et
dépourvu de la moindre ambiguïté.