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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Réhabiliter les mots « LIBERAL » et « LIBERALISME »


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Sylvain Reboul (---.---.255.108) 3 novembre 2005 14:47

Je suis tout à fait d’accord avec vous : le mot libéral dans le discours politique français a été détourné de son sens philosophique originel. Mais il est nécessaire de se demander pourquoi, et pourquoi en France, alors que notre pays a été une des origine du libéralisme avec l’Angleterre (Philosophie des lumières).

Il me semble que deux raisons permettent de comprendre un tel brouillage de sens :

La première raison tient au rôle de l’état et plus généralement des fonctionnaires en France dans la régulation des relations économiques et sociales jusqu’à penser qu’il doit être le patron, via les nationalisations et le rôle des énarques dans la direction de grandes entreprises, de l’économie pour soumettre celle-ci à des règles de fonctionnement nécessaire à la mise en oeuvre de l’intérêt dit commun. Le république française est bien héritière en cela d’une tradition napoléonnienne, voire colbertiste qui ne conçoit le capitalisme que comme national et, en tant que tel, étroitement soumis à la volonté politique centrale.

2) la seconde, sans doute liée à la première, tient au rôle particulier de parti communiste dans la vie politique et sociale française. Celui-ci simplifiant en la détournant la pensée de Marx qui n’était pas étatiste, c’est le moins que l’on puisse dire, a toujours pensé que la sécurité des travailleurs et des emplois impliquait peu ou prou leur fonctionnarisation statutaire ; comme on le voit en ce qui concerne l’EDF aujourd’hui.

Or nous savons tous que l’étatisation de l’économie a tendance a se transformer en fusion du pouvoir politique et économique, ce qui est attentatoire aux libertés : liberté de choisir son emploi, liberté de négocier ses revenus, liberté des prix ; liberté de choix des usagers/concommateurs au profit de ceux qui décident de ce que doivent être les besoins collectifs aux dépens des désirs individuels en effet variés et non agrégeables, ni prévisibles (d’où la supériorité de marché conurrentiel (libre et non faussé) pour réguler la relation de l’offre et de la demande). Dans un tel système de planification autoritaire étatique de l’économie, les libertés sont toujours plus ou moins sacrifiées sur l’autel des libertés non seulement économiques, mais, par extension, puisqu’il faut contrôler aussi l’expression des désirs individuels, des libertés culturelles et politiques, voire développer un contrôle policier de la population qui pourrait se révolter contre le fait que l’économie ne répond pas à la diversité et à l’évolution rapide de la demande, encore une fois, que l’on ne peut déterminer a priori.

Il y a donc une incompabilité manifeste et prouvée (voir les ex-pays de l’est) entre l’affirmation de la liberté individuelle et une économie administrée par l’état. D’autant plus que toute économie centralisée monopole d’état se transforme nécessairement en capitalisme d’état autoritaire voire totalitaire anti-libéral au profit de ceux qui dirigent politiquement et économiquement une société qui ne peut qu’être fermée sur elle même (sociale-nationale).

C’est donc l’étatisme économique de la vision de gauche de la justice sociale en France, entendue comme sécurité sociale garantie par l’état, qui a fait de l’idée libérale une repoussoir au seul profit de ceux qui détourne le sens du terme de libéralisme pour justifier contre l’étatisme en effet liberticide, un pseudo-libéralisme capitaliste despotique sans règle, sinon celle du profit de l’exploitation sans limites, ni répartition sociales, donc sans souci de justice et de liberté pour tous.

C’est pourquoi le lutte pour la réhabilitation de libéralisme progressiste soucieux d’accroître les libertés pour tous et pour commencer l’égalité des chances ou des « capabilités » comme dit A. SEN passe par, non seulement la lutte contre l’idéologie pseudo-libérale dit ultra ou neo, mais aussi tout autant contre celle, étatiste et fonctionnariste, d’une certaine gauche qui n’a rien compris à la chute des pays capitalistes d’état de l’ex bloc dit soviétique et qui rêve encore d’une capitalisme étatisé pour gérer les relations économiques et sociales dans le sens d’un social-nationalisme plus sécuritaire que réellement sécurisant en ce qui concerne la défense des libertés individuelles..

C’est très exactement le leçon que l’on peut tirer du non dit de gauche qui, sur certains points, rejoignait tout à fait le non de droite au référendum sur le TCE.


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