Le XIII octobre 1492
"Formidable Dieu, louanges et remerciements pour vous,
pour votre infinie bonté qui a guidé la route de nos navires.
Nous sommes à terre.
Je suis au sommet de mes vœux.
Le
jour avant hier, quand deux heures avant minuit, j’ai vu la lumière déjà
décrite, j’étais curieux à un degré excessif de ce qui allais se passer après.
Je souhaitai veiller durant la nuit et je restais sur le pont. La majeure
partie de l’équipage resta aussi sur le pont. Le ciel étais assez clair et la
lumière argentée de la Lune éclairait avec une faible lueur la vaste surface de
la mer qui semblait s’étendre infiniment devant nous. J’offrai une prière
secrète aux cieux qu’il me soit accordé bientôt d’atteindre le pays tant
espéré.
Tout à coup, deux heures après minuit un coup de canon
fut tiré de la Pinta qui était toujours en avant étant le meilleur voilier.
C’était le signe convenu pour être donné dès que la terre serait en vue. Bien
que nous étions tous fort agréablement surpris par ce tir, une anxiété nous saisissait
encore, de peur que ce ne soit encore une nouvelle tromperie.
La troisième heure du matin étirait la nuit et la
lumière du jour commença à apparaître, quand nous vîmes dans le lointain une
étroite bande grise qui pouvait être distinguée des vagues de l’océan le plus
près que nous puissions aller vers elle.
Et quand à quatre heures du matin la lumière du soleil
surmonta d’un éclat vif les bords des nuages, nous vîmes devant nous une côte à
l’air éclatant tombant dans la mer, sans montagnes, couvertes d’arbres verts.
Notre joie ne connut alors aucune limite. Les marins
tombèrent dans les bras les uns des autres. J’étais aussi Tellement transporté
par le plaisir que j’étreignai le premier marin qui était debout près de moi.
Certains ne savaient pas ce qu’ils devaient faire pour manifester leur joie.
Ils escaladèrent le grand mât pour lancer à haute voix leurs jubilantes
exultations dans l’air du matin clair. D’autres tirèrent de joie des coups de
leur arquebuse et d’autres de la hauteur de leur joie faisant même des roulades
le long de toute la longueur du pont.
Nous pouvons naviguer presque près de la côte. Les
navires se déhalèrent trop et nous mouillons l’ancre à une distance de deux
lancers de pierre de la terre et alors j’ordonnai à tout l’équipage de
s’habiller avec leurs meilleurs vêtements et de revêtir leur uniforme complet.
Cet ordre, ils y obéirent avec la meilleure volonté et plaisir.
Je m’habillai avec mon meilleur uniforme de parade et
avec toutes mes décorations d’Amiral et de Vice Roy afin que je puisse prendre
possession des plus proches terres découvertes solennellement et officiellement
au nom de la Couronne d’Espagne. Quand tous furent apprêtés, je fis déployer le
drapeau espagnol et mettre les canots à la mer et abaisser la passerelle.
Tous embarquèrent dans les canots exceptés quelques
uns qui restèrent derrière comme gardes pour prendre soin des navires.
Je restai debout dans le canot avec le drapeau en
main et alors donnais le signal pour le débarquement.
Doucement les quilles des canots poussèrent le gravier
sablonneux de la plage et je bondis en premier rempli de joie et sautai sur la
terre et comme le représentant de la Couronne Espagnole et dans le même temps
comme Vice Roy pour moi
même et pour mes descendants, pris possession de la
terre avec l’observance de toutes les formalités susmentionnées.
Don Pedro Guiterrez et les autres officiers de Haute
Cour qui ont voyagé avec moi prirent part dans cette importante procédure comme
témoins. Je nommai le pays San Salvador en mémoire de notre sauveur, comme
nous avons été sauvés après un long voyage de terribles et imprévisibles
incertitudes.
J’embrassai alors le sol qui a été depuis tant et
tant d’années l’objet de mes convoitises et la plupart de mes compagnons
suivirent mon exemple. Car eux aussi ont aspiré à notre grand désir qui au
final nous fut gratifié. Aussitôt après plusieurs des marins s’approchèrent de
moi et demandèrent mon pardon car ils m’avaient insulté et tourmenté par leur
abattement et leur manque de courage durant notre voyage. J’étais prêt, dans ma
grande joie, à leur pardonner. Pendant que tous mes compagnons m’offraient
leurs hommages pour ma nomination de Vice Roy des Indes et juraient leur
serment d’allégeance, nous remarquâmes à une pas si grande distance plusieurs
natifs du pays. Notre curiosité fut tout à coup excitée et nous espérâmes avec
la plus grande ardeur qu’ils voudraient s’approcher plus près. Nous eûmes peur
que notre apparition indésirable ne puisse les rendre craintifs.
Mais nos
peurs furent sans fondement, puisqu’ils ne parurent pas effrayés, au contraire
ils s’approchèrent de nous innocemment et à une distance d’environ cinquante
pas, ils s’arrêtèrent pendant qu’ils nous faisaient savoir leur surprise et
s’interrogeaient par regards et gestes. Quelques uns s’en retournèrent et
disparurent dans l’ombre des branches de palmes qui formaient une épaisse forêt
pas très loin du rivage. Mais ils ne firent pas cela pour s’enfuir, car ils
revinrent bientôt avec une grosse troupe d’autres natifs qui tous nous
observaient avec une grande curiosité et semblèrent donner des signes d’infinie
stupéfaction. Ils étaient de taille moyenne avec une peau rougeâtre, de longs
cheveux noirs et plutôt de hautes pommettes. Ils étaient presque tous
entièrement nus. Ils portaient des anneaux dans les oreilles et le nez, et leur
chevelure étaient ornée de plumes. Leurs armes étaient des arcs et des flèches
et certains avaient de longues lances. Quand ils virent que nous n’avions pas
l’intention de leur faire mal, ils vinrent plus près d’une manière totalement
amicale et comme nous leur présentions de petits coquillages et d’autres
choses, ils furent très amicaux.
Mais ils
semblaient très pauvres et le seul or que je vis était de toutes petits
morceaux.«
Ce texte est issu d’une traduction personnelle de l’original du journal de bord de Colomb. Le texte original est en anglais, Colomb ne voulant pas que quiconque puisse saisir le sens de ses pensées secrètes au cours de ce premier voyage.
Personne ne va me croire. C’est fait pour. En fin de commentaires sur un forum parmi des millions, ça va passer comme une fleur.
Et pourtant !