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Commentaire de Jean-Michel Lemonnier

sur L'Ukraine, une bombe à nos portes !


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Profil supprimé Jean-Michel Lemonnier 14 juin 2014 18:08

Bonjour, 

Contrairement à d’autres, je ne considère pas les éléments présentés comme « hors-sujet ». Pour traiter de la crise ukrainienne, l’article propose de s’attarder sur certains éléments qui pourraient effectivement revenir sur le devant de la scène géopolitique à plus au moins long terme (c’est déjà le cas en partie) conséquemment à cette crise, mais certes traités rapidement (la question de la Bessarabie est, par exemple, éminemment complexe). Ce que l’on peut dire, c’est que la question des frontières issues des traités parisiens d’après la WW1 est hautement belligène (ou le redeviendra).

Une série de réflexions par associations d’idées :

Même si le traité de Trianon par exemple est assez juste (la Roumanie récupère légitimement la Transylvanie, l’empire austro-hongrois est détruit ce qui est une excellente chose pour nombre d’Etats de la région, etc.), il est aujourd’hui contesté en Hongrie. Trianon est, d’ailleurs, en partie remis en cause pendant et durant la WW2. L’Etat roumain doit abandonner la Bucovine nord à l’URSS-Ukraine et une partie de la Dobrogea.  Les « nouvelles » frontières conséquences de l’effondrement de l’URSS posent problèmes aussi, on y est effectivement.

Remarque au passage. Ce soutien inconditionnel à Orban (réactivant depuis 2010 certaines querelles liées à ces traités et créent des tensions avec la Roumanie, Slovaquie, Serbie...) dans certains milieux de droite « identitaire » est soit naïf, soit cynique.

En France, on a peut-être certains des « natios » les plus cons d’Europe...certains d’ailleurs ne sont que « nationaux-libéraux » et jouent sur l’islamophobie pour séduire les beaufs saucisson-pinard et les Marie-Chantal du Chardonnet qui « copinent » déjà naturellement avec les défenseurs de l’hyper-classe capitaliste que sont les Geert Wilders, la Ligue du Nord et l’UKIP et ce fort en gueule défenseur du Marché de Nigel Farage...

Et puis, il y a ce fameux slogan débile (on a suffisamment dit pourquoi) « Pour une union de tous les nationalistes », sans parler des soutiens aux bandéristes de Kiev, à « secteur droit » et « svoboda » dont les militants sous-prolétaires avinés seraient restés à ratonner à la sortie des stades tout ce qui ne leur plaît pas selon l’humeur du jour, s’ils n’avaient bénéficié du soutien direct euro-US...

Et, puisque votre article traite en partie de la Roumanie, allons-y. Ce n’est pas si fréquent et on est loin des abominables conneries que l’on peut lire ici et là à son sujet. Or donc, vous faites bien de rappeler l’importance du fait religieux dans cette région. On ne comprend rien aux « psychologies nationales », à cette "psychologie nationale" qui subsiste bon gré mal gré  dans cet espace physique carpato-danubien-pontique et métaphysique -mioritique (voir Lucian Blaga et le roumanisme, N. Iorga) si on l’ignore.

Il existe encore un courant anti-moderne en Roumanie, sans doute le plus anti-communiste des anciens Etats communistes. Dans certaines zones des Carpates roumaines, la résistance paysanne anti-rouges n’ a cessé qu’en 1989. Malheureusement, les 25 dernières années n’ont pas été restauratrice (ou instauratrice) d’une quelconque forme de société traditionnelle, d’une société « communiste » au sens premier, « primitive », noblement archaïque, dirons-nous, au moins à la marge de la société dominante. Une société dominante irrémédiablement empoisonnée par l’inertie cet l’héritage de type stalinien (le fonctionnarisme-bureaucratique) et la sauvagerie capitaliste et, bien sûr, le tropisme pro-euroétasunien des dirigeants du pays. Ces traditions et modes de vie qui orientés d’une certaine manière auraient pu accomplir le véritable communisme, ne survivront pas selon un scénario tendanciel, à la vague capitaliste ethnocidaire.

Mais de toutes façons, la tendance lourde, en Roumanie, c’est la dépolitisation (et l’inculture politique) qui est parfaite comme en France. Eh oui, les gens ne s’intéressent pas ou plus aux « idées-forces », mais aux « petites phrases » à l« humain d’abord », aux analyses psychologisantes des comportements des hommes politiques, à la fille du président, à sa chatte, et toutes ces fadaises anti-politiques, mais surtout à leur feuille d’impôt et à leur pouvoir d’achat...Une génération qui se retrouve dans l’épithète « postcommuniste », qui se revendique comme telle, ce qui politiquement ne veut rien dire...mais sous-entend une adhésion pleine et entière au néo-capitalisme avec sa culture d’entreprise, du management, du « patron-copain », etc. C’est assez effarant...

Ajoutons que durant les années 30, ces masses paysannes roumaines n’ont pas eu de mal à se laisser convaincre par la mystique terrienne de la légion de l’archange Michel de C. Z. Codreanu quand le P.C. roumain était politiquement inexistant. Ces idiots de gaucho-marxistes après plus d’un siècle d’échecs à répétition, incapables d’accéder au pouvoir par la voie légale, alors que les mouvements fascistes en Europe y sont parvenus ne se posent toujours la question de savoir pourquoi. Une des raisons, c’est que ces mouvements fascistes ne s’en prennent jamais aux traditions. Il ne s’agit pas d’une justification du fascisme comme certains aimeraient le croire, il s’agit d’un constat sur lequel les marxistes et « affiliés » refusent de réfléchir...

Concernant l’ex-Ukraine orientale et la Russie, on trouve des faits similaires qui font éclater en mille morceau les théories de ces marxistes.  On se reconnaît plus par son appartenance religieuse que par son appartenance de classe et de plus en plus dans ni l’un ni l’autre. Que ces gens aient raison ou tort, ce n’est pas la question, c’est comme ça...

Mais comme l’affirment encore de façon à peine dissimulée ces pseudo-héritiers de Marx à travers leurs escroqueries dialectiques, si le réel ne répond pas aux catégories de « l’idéologie », alors ce réel est contre-révolutionnaire, il faut alors mettre ce réel en camp de rééducation. Comme ce n’est plus possible, aujourd’hui, on l’ignore. Les capitalistes agissent de même. Historicistes, ces gens là ont, pourtant, un profond mépris pour l’histoire « objective »...

Pour finir, la classe ouvrière russe et ukrainienne russophone est derrière Poutine pour le moment...Insupportable aux yeux de ces fossiles marxisants. Un Poutine cependant qui peut paraître décevant par son inaction (stratégique ?) au regard des massacres récents (Donbass, Odessa...) d’une brutalité incroyable.


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