Au 6e siècle AC, il n’était pas spécialement délirant pour Pythagoras de Samos, d’appeler « théorie » ses rêves mystiques, avec « musique céleste » en prime.
Au 16e siècle est né en Occident chrétien tout autre chose, que nous appelons la science, avec une discipline toute autre, un tout autre ascétisme intellectuel.
Ce n’est pas un petit paradoxe, car la technologie en Chine était nettement plus développée que chez nous, avec en plus de bonnes observations astronomiques. Mais en Chine l’idée qu’il y eût des lois naturelles plus fortes que le caprice de l’empereur était une idée dangereuse, un parfait raccourci vers la décapitation. En Occident chrétien, il y avait un héritage du droit romain, et ça compte.
Outre des ingénieurs moins connus, trois hommes ont donné à l’expérience la primauté sur la rêverie contemplative :
Tycho Brahe, qui a fait des observations angulaires précises, et continues dans la durée, pour toutes les planètes visibles à l’oeil nu,
puis Galileo, qui a mené des expériences de mécanique avec mesure chiffrée des temps, puis observé et tabulé quatre satellites de Jupiter,
et avant eux, l’audacieux qui a tout bouleversé : Cristobal Colon, qui a découvert des terres inconnues, et prouvé d’un coup que les livres de géographie étaient faux.
La science se distingue de tous les autres systèmes de transmission des connaissances par une croyance bien spéciale : nous croyons que les experts sont faillibles, que les traditions peuvent véhiculer toutes sortes de fables et d’erreurs, et qu’il faut vérifier, par des expériences.
Dans notre occident chrétien, le principal ennemi anti-science fut la papauté, qui se considérait comme le supérieur hiérarchique de quiconque savait lire et écrire assez pour enseigner. Elle a perdu le plus gros de ses batailles au 19e siècle, et Friedrich Engels a eu beau jeu d’ironiser sur ses reculs successifs vers un réduit breton de plus en plus rikiki. Jusqu’à ce que l’abbé Lemaitre, astronome et astrophysicien, aille convaincre le pape de renoncer aux prétentions papales de régir la science.
Je constate avec tristesse que Agoravox, dans sa folle dérive, attire tant de rêveurs anti-science, qui se cramponnent comme des arapèdes à de mystiques chimères (conscience universelle, réchauffement climatique anthropique, chemtrails pour nuire aux populations, etc).
L’échec fondamental d’Agoravox à faire naître un journalisme citoyen qui irait vers la maturité, fait pleinement le jeu de l’oligarchie mondialiste, qui cherche à nous imposer son gouvernement mondial. L’échec d’Agoravox à faire mûrir ceux qui se croient investis d’une mission citoyenne démontre que la démocratie, en vrai ça ne marche pas, qu’elle est paralysée par des meutes de farfelus demandeurs en fautes de raisonnement préfabriquées, et qu’en conséquence eux marchent sur du velours pour imposer leur dictature mondiale à ces demeurés.
Prouver que le mysticisme de Penrose, Hameroff et Baquiast les a menés droit dans le mur, c’est à ma portée ; rattraper tous les mystiques qui glandent sur Agoravox et les remettre sur le chemin de la raison et de la discipline expérimentale, je crains que ce soit une tâche hors de l’échelle humaine.