Henri,
Je ne parlerais pas de l’histoire
passée du peuple juif si je n’entendais pas sur ce site réciter
quotidiennement les histoires à dormir debout de la propagande
palestinomaniaque. Et celle-ci en particulier : les Juifs
auraient spolié les « Palestiniens » d’une terre sur
laquelle ils n’auraient eu aucun droit. A ce compte-là, s’il faut se
rallier à la logique du premier occupant, qui n’est pas la mienne, les Juifs étaient là
avant tout le monde et il y a eu constamment, depuis l’antiquité,
une présence des Juifs dans la région, surtout en Galilée.
Cela dit, et c’est une constante dans
l’histoire, quand il y a des guerres, les frontières changent, et
les peuples sont bien forcés de se réorganiser autrement. C’est ce
qui va arriver prochainement en Irak où vont probablement éclater
les frontières dessinées en 1923 au traité de Lausanne. Les Arabes
palestiniens avaient refusé l’intégration des Juifs dans la
Palestine mandataire, ils sont allés plus loin, ils ont prétendu
leur faire la guerre et les exterminer. Mauvais calcul : leurs armées ont été très vite ratatinées et je ne vois rien de choquant dans le fait qu’un
peuple agressé, menacé d’extermination et finalement victorieux prenne toutes dispositions, y compris
des annexions de territoires, pour n’avoir plus à faire face à la même menace.
Je ne comprends rien à vos
considérations sur Jésus et la trahison de Judas. Le judaïsme est
la religion de la tribu de Juda, l’une des douze tribus de l’Israël biblique, la seule qui ait à peu près survécu après l’exil à
Babylone, au sixième siècle avant notre ère, et le mot judaïsme
ne dérive évidemment pas du nom de Judas l’Iscariote dans les
évangiles, mais de celui de cette tribu.
La shoah n’a jamais exercé sur moi
cette espèce de fascination malsaine qu’analyse très bien un Jacques
Tarnero et qui aura suscité tant de récits, de films et de fictions
que je préfère ignorer. J’en peux suffisamment concevoir l’horreur,
je ne vais pas m’y complaire. Il faudrait pouvoir l’oublier si
c’était possible puisqu’on ne peut plus rien pour les morts. Mais le
problème, c’est que cette horreur-là est toujours à l’ordre du
jour dans le programme explicite des iraniens comme dans celui des
nazis du Hamas. Sans l’intervention de la police, à Sarcelles, on
aurait eu aussi un pogrom. J’entendais dire ce matin sur France culture que cinq mille
Français Juifs, cette année, avaient préféré partir s’installer
en Israël. C’est extrêmement inquiétant.
Je crains fort que ce que vous écrivez
d’une coexistence pacifique des trois religions en Afrique du nord ne
soit un peu optimiste. On évoque toujours aussi l’Espagne sous le
Califat des Omeyyades, à Cordoue. Mais quand on lit des historiens sérieux, on voit bien que c’était très loin d’être
édénique, et il règne en Tunisie actuellement un antisémitisme
absolument écoeurant que le printemps arabe n’aura pas même
atténué. J’ai vu naguère un reportage sur un groupe de pèlerins
israéliens qui s’étaient rendus dans l’une de ces très vieilles
synagogues. L’organisation avait posé de grosses difficultés du côté des autorités, et
l’appareil policier, sur les images, paraissait énorme. Au reste,
combien reste-t-il de Juifs en Tunisie ? Sûrement pas beaucoup
plus que dans les autres pays arabes qui les ont chassés
systématiquement. Il y a deux millions d’Arabes en Israël, mais
dans l’hypothèse d’une solution à deux états, l’Autorité
palestinienne, excluait tout à fait la possibilité pour des Juifs
de vivre sur les territoires qui lui reviendraient. Palestine
« judenrein », comme on dirait outre-Rhin. C’était du moins la position d’Abou Mazen il y a encore un an ; après les discussions avec Kerry, je ne sais pas. J’espère que ça évoluera, mais je ne suis guère optimiste.