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Commentaire de Rafik

sur « Hippocrate », le film qui nous montre l'état de l'hôpital public


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Rafik 12 septembre 2014 02:47

« Comme leur diplôme n’est pas reconnu en France, les médecins étrangers ne peuvent pas exercer leur profession. Parce qu’il y a une pénurie de médecins, les hôpitaux font quand même appel à eux sans leur donner un vrai poste. Il y a une hypocrisie dans ce système ».

Non, il n’y a pas d’hypocrisie ; tout est transparent.

Je suis médecin de nationalité étrangère, mais « à diplôme français » puisque j’ai effectué l’intégralité de mes études de médecine en France (Concours éliminatoire de première année - Externat - Concours de l’Internat - Interne des Hôpitaux), en d’autres termes, le cursus « sélectif » français. Je confirme que le niveau académique français est très élevé comparé à celui des autres pays. C’est pourquoi le diplôme français de Docteur en médecine est considéré comme très prestigieux.

Pour être médecin en France, le cursus académique classique (à savoir le triptyque Concours de première année - Concours de sixième année - Internat de spécialisation) est le seul valable. Seul ce cursus sélectif permet d’accéder au statut « conventionnel », nécessaire pour intégrer la hiérarchie hospitalière ou universitaire. Les médecins « à diplôme étranger » (UE ou hors UE) bénéficient d’un statut « dérogatoire » (une autorisation d’exercice ou une « équivalence »). En revanche, un médecin étranger qui choisit d’accomplir le cursus universitaire français sélectif (avec un risque d’échec) aura le même statut « conventionnel » que les étudiants français.

En réalité, l’hôpital public et les cliniques privées font de la sous-enchère sociale et salariale en utilisant des médecins « à diplôme étranger » UE et hors UE. Pourtant, il ne faut pas sombrer dans une vision victimaire. En effet, le contrat est clair dès le départ : les médecins « à diplôme étranger », « faisant fonction d’interne », viennent pour acquérir l’étiquette française qui sera valorisante lorsqu’ils retourneront exercer dans leurs pays d’origine, sinon ils ne viendraient tout simplement pas en France. La titularisation n’est aucunement prévue, et ils le savent. S’ils restent alors que leur formation en France est achevée, c’est que leur salaire demeure plus élevé qu’au pays d’origine pour le même statut, ce qui contribue au « dumping social ».

Il ne faut pas oublier que les étudiants effectuant leurs études de médecine en France se démènent et se surpassent académiquement (concours éliminatoire de première année puis concours de sixième année) ainsi que professionnellement (eux-aussi enchaînent les gardes de nuit et de week-end dès qu’ils sont nommés « Interne des Hôpitaux »). Il faut rendre hommage à ces « Internes des Hôpitaux » issus de la Faculté de médecine française, et s’abstraire d’une vision manichéenne, victimaire, et fallacieuse de la situation des médecins « à diplôme étranger ». Après tout, leur diplôme est reconnu dans leur pays d’origine qui a grand besoin d’eux.

Pour information, aux États-Unis, il n’existe pas de statut « dérogatoire » : pour avoir le droit d’exercer là-bas, il faut obligatoirement refaire tout le cursus médical américain, c’est-à-dire réussir les examens et le concours que passent les étudiants américains ; l’évaluation académique est ainsi la même pour tous.

Un article publié récemment sur Agoravox explique bien cela : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/sabordage-sournois-du-service-153012


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