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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Pathologie du pouvoir : Psychologie des leaders psychopathes – Sommes-nous complices ?


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Philippe VERGNES 25 septembre 2014 14:11

Bonjour stuperflip,

Merci pour votre appréciation et votre commentaire.

Ce que je puis en dire, pour répondre à vos questions en les prenant par ordre de difficulté.

Vos deux premiers paragraphes posent magistralement bien les difficultés d’appréhension du problème psychopathique. C’est tout bonnement inconcevable pour un esprit sain (mais c’est également inconcevable pour les psychopathes eux-mêmes pour qui nous sommes tous pareils, mais pas tous égaux : « Tous les hommes [animaux] sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres », George ORWELL, La ferme des animaux).

OUI  ! Je connais très bien le livre d’Adrew LOBACSZEWSKI, La ponérologie politique : Étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques. J’ai depuis longtemps l’intention de le présenter dans un article en soulignant les points de concordance avec la théorie de la perversion narcissique, mais je n’ai pas encore eu le temps de faire ce travail.

Toutefois, il est à noter que ce livre décrit les mêmes mécanismes qui ont été théorisés par l’inventeur du concept de perversion narcissique, mais ce dernier est allé beaucoup plus loin encore dans la description de cette forme de pathologie du pouvoir que n’a pu l’approfondir (avec le peu de moyens dont il disposait alors) Andrew LOBACSZEWSKI.

L’interviewée de l’article que vous mettez en lien est l’éditrice du livre d’Andrew LOBACSZEWSKI, La ponérologie politique.

« Comment faire pour les empêcher de nuire ou pour les neutraliser ? Est-ce que si on éduquait la population dans son ensemble pour les reconnaître illico ils seraient de facto mis à la marge ? »

Ce sont là deux très bonnes questions auxquelles en l’état de mes connaissances et de mon expérience actuelle je répondrais de la façon suivante : pour la première, on ne peut et je ne crois pas que l’on puisse empêcher de nuire ou neutraliser un psychopathe UNE FOIS QU’IL A ACQUIS CETTE PATHOLOGIE. Ce qui ne veut pas dire que l’on ne puisse rien faire, car en fait, il faut agir en amont, avant que le problème ne se déclenche. Il faut donc en connaître les causes et à ce jour, elles sont désormais indéniables, mais rien n’est fait pour y remédier. La seconde, il me semble qu’une prise de conscience collective est indispensable pour faire bouger les choses, donc oui à une éducation populaire (c’est le but de tous mes articles sur le sujet, plus d’une vingtaine à ce jour), mais non à l’ostracisme. Pourquoi non à l’ostracisme ? Tout simplement parce que lorsque l’on connait les causes de ce fléau, nous découvrons qu’elles ont une origine collective dont nous sommes quelque part tous responsables.

Cela me permet d’embrayer sur la question de savoir si la réponse à tout cela pourrait venir du modèle que tente de déployer Étienne CHOUARD (qui recevra par mail cette trilogie d’articles).

Appartenant depuis plus d’un an à une association citoyenne qui s’est créée localement pour diffuser les idées d’une nécessité de réformer nos institutions selon le modèle que propose Étienne CHOUARD (deux assemblées, l’une élue, l’autre tirée au sort me paraissant raisonnable à l’heure actuelle), j’en ai profité pour longuement examiner la question, car c’était justement une question que je me posais avant d’adhérer et de m’engager dans cette association.

Après un an de réunion hebdomadaire et diverses problématiques soulevées, il m’apparaît clair que le chemin que j’ai emprunté, encore éclectique pour l’heure, est complémentaire à la voie dans laquelle Étienne CHOUARD s’est engagé. Toutefois, j’apporterais une précision extrêmement importante : la cause des causes n’est pas à mes yeux la constitution. On sait qu’elle a été maintes fois modifiée sans l’approbation du Conseil Constitutionnel qui s’en lave les mains. Elle est donc orientée à l’avantage de la pensée hégémonique et totalitaire des véritables dirigeants psychopathes qui tirent les ficelles. Alors la question qui se pose est la suivante : est-ce qu’un texte, même rédigé par des gens sains d’esprit pourrait suffire à nous protéger du problème psychopathique ?

À mon sens NON !

Pourquoi  ?

Parce qu’une telle solution ne résoudra pas le problème. Elle ne fait que l’ignorer. Et c’est se montrer particulièrement naïf que de le croire. Je n’ai pas le temps de développer, mais renversons rapidement les données. Admettons que nous réglions le problème psychopathique dans notre société (ce que nous pouvons faire en nous y penchant sérieusement en moins d’une génération), aurions-nous besoin d’une usine à gaz pour diriger le pays ???

Ben non... parce que dans ces conditions n’importe quelle forme de pouvoir ou de représentation ferait l’affaire. Même nos institutions actuelles n’auraient pas besoin de modifications radicales.

Bon, je vous l’ai faite courte et je ne dis pas cela pour discréditer le travail d’Étienne CHOUARD auquel je participe activement. Je tiens là un raisonnement par l’absurde qui nous permet simplement de nous pencher sur la cause des causes. Comme à mon sens les difficultés rencontrées dans notre société actuelle sont de plus en plus complexes, elles ne sont pour moi jamais univoques et donc j’inscris ma démarche en parfait complément à celle d’Étienne CHOUARD. Il faudrait à mon sens un effort dans ces deux directions : l’une au niveau individuel (résoudre le problème psychopathique) ; l’autre au niveau collectif (réformer nos institutions pour les rendre plus démocratiques).

Deux angles d’attaques qui convergent l’un vers l’autre et là, je pense que l’on pourra parvenir à un résultat. L’un sans l’autre et tout sera un jour ou l’autre à remettre en question.

« Comment faire pour vulgariser les mécanismes pour les démasquer ? »

J’y travaille, mais c’est peut-être la partie la plus difficile. Sur un plan strictement professionnel, la plupart des praticiens sont incapables de reconnaître ce genre de psychopathes (les pervers narcissiques). Il y a une totale méconnaissance de ce fléau parmi les psys de divers horizons. Actuellement, une association est en train de se monter au niveau national pour tenter de regrouper des professionnels de renoms et faire émerger cette problématique. Je suis informé en direct et je suivrais l’évolution de ce groupement de professionnels. Nous verrons ce qu’il pourra en ressortir.

Je tiens à préciser qu’il existe des outils professionnels pour identifier ce problème, mais je n’en ai jamais parlé, car bien trop complexe à manier pour des profanes (les professionnels n’y parviennent pas non plus, c’est dire). Et j’ai bien ma petite idée pour rendre ces notions exploitables par le plus grand nombre, mais pour l’heure je suis encore en phase de test, car les confusions sont courantes et peuvent être dangereuses.


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