Ce type d’expérience a été tenté en Angleterre entre 1795 et 1834 sous le nom de loi Speenhamland permettent un revenu minimum.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Speenhamland
Les résultats furent mauvais car le capitalisme en profita pour baisser les salaires car les gens avaient déjà un revenu minimum.
Karl Polanya a fait une critique acerbe de cette loi , critique un peu forte mais la base du système était bonne , le capitalisme a perverti cette loi pour les pauvres.
"La société du XVIIIè siècle résista inconsciemment à tout ce qui
cherchait à faire d’elle un simple appendice du marché. Aucune économie
de marché n’était concevable qui ne comportât pas un marché du travail ;
mais la création d’un tel marché, en particulier dans la civilisation
rurale de l’Angleterre, n’exigeait rien de moins que la destruction
massive de l’édifice traditionnel de la société. Durant la période la
plus active de la Révolution industrielle, de 1795 à 1834, la loi de
Speenhamland permit d’empêcher la création d’un marché du travail en
Angleterre...En Angleterre, et la terre et la monnaie furent mobilisées
avant le travail. Ce dernier était empêché de former un marché national
par de strictes restrictions juridiques qui affectaient sa mobilité
physique, car l’ouvrier était pratiquement attaché à sa paroisse...La
loi de Speenhamland visait à un puissant renforcement du système
paternaliste de l’organisation du travail tels que l’avaient légué les
Tudors et les Stuarts. Les juges du Berkshire, réunis le 6 mai 1795, en
un temps de grande détresse, à l’auberge du Pélican, à Speenhamland,
près de Newbury, décidèrent qu’il fallait accorder des compléments de
salaires conformément à un barème indexé sur le prix du pain, si bien
qu’un revenu minimum devait être assuré aux pauvres indépendamment de
leurs gains...Jamais mesure ne fut plus universellement populaire. Les
parents étaient libres de ne pas s’occuper de leurs enfants, et ceux-ci
ne dépendaient plus de leurs parents ; les employeurs pouvaient réduire
les salaires à volonté, et les ouvriers qu’ils fussent occupés ou
oisifs, étaient à l’abri de la faim ; les humanitaristes applaudissaient
la mesure comme un acte de miséricorde - sinon de justice -, et les
égoïstes se consolaient volontiers à la pensée que, si elle était
miséricordieuse, du moins elle n’était pas libérale ; et les
contribuables eux-mêmes furent lents à comprendre ce qu’il adviendrait
de leurs impôts dans un système qui proclamait « le droit de vivre »,
qu’un homme gagnât ou non un salaire lui permettant de subsister. A la
longue, le résultat fut affreux...Speenhamland se proposait d’empêcher
la prolétarisation du petit peuple, ou, du moins, de la ralentir. le
résultat en fut tout simplement la paupérisation des masses, qui, en
cours de route, perdirent presque forme humaine.En 1834, la réforme de
la loi sur les pauvres élimina cet obstacle au marché du travail : le
« droit de vivre » fut aboli...Si Speenhamland avait empêché l’apparition
d’une classe ouvrière, celle-ci se constituait désormais avec les
pauvres au travail sous la pression d’un mécanisme inhumain. Si, avec
Speenhamland, on avait pris soin des gens comme de bêtes sans grande
valeur, on attendait désormais qu’ils prissent soin d’eux-mêmes, et
cela, avec toutes les chances contre eux. Si Speenhamland avait abusé
des valeurs de la localité, de la famille et du cadre rural, désormais
l’homme était coupé de son foyer et de ses parents, arraché à ses
racines et à tout milieu qui eût un sens. Bref, si Speenhamland, c’était
le pourrissement de l’immobilité, le risque était désormais de mourir
de froid."
Philippe