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Commentaire de Passante

sur Le fossé lexical se creuse


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Passante Passante 9 décembre 2014 10:34

salut Nabum,


il m’est arrivé dernièrement de tomber sur une lettre de proust à sa grand-mère, 
15 ans.
ce fut un choc, sur tous les plans. 
d’abord oui le phrasé, le vocabulaire, l’intelligence, l’ironie, 
la compréhension des femmes, du monde... 
à quinze ans il est déjà le père de sa mère-grand, impressionnant.

déroutant aussi, parce que la certitude 
que pas un homme de moins de quarante ans aujourd’hui n’est plus capable d’un texte pareil.
dérangeant encore, du fait qu’il fallait calculer non seulement la baisse sur marcel, 
mais estimer l’invisible de ma propre baisse et de celle déjà de ma génération rapport au marcel...

donc what happened ?
s’agit pas de l’école, qui n’est qu’un sympôme ; 
la télé témoigne parmi d’autres d’une dégénérescence du lien en général, 
à la fois en quantité et surtout en qualité, 
cette espèce de cuni géant et continu où toute autorité formatrice est remise en question 
sur culpa à deux balles, fonctionne comme une assurance-régression et un aplatissement garanti.

je commence presque à croire aux sornettes de kaliyuga et obscurcissement du monde etc.
je ne doute plus du moyen-âge actif, en cours.
j’ai certes eu l’hésitation moricienne de crainte de misonéisme, que je serai réac... 
mais franchement, il suffit de tenter ou surprendre la « conversation » pour réaliser la dégringolade ;
puis y’a qu’à écouter les femmes entre elles, le « yapadom ! yapludom » incessant 
n’est plus un mythe : un « homme » de 25 ans du jour, comparé au même d’il y a 50 ans, 
qui oserait nier que c’est un nain ?

allons... ça se joue sur tous les plans, 
avec 200 mots, le problème n’est pas de ne parler que sur ces 200, 
mais de ne « penser » qu’avec cette misère.
c’est donc bien un ravage, 
au regard duquel réchauffements et tous films cata sont de pures vétilles, 
l’arbre humain se déssèche avec grandes lumières pour le feu d’artifice final.
gardons rabelais pour le grand fou rire.

même la France ne vaut plus le détour, poubelle.
nous le savons tous, mais pourquoi se peiner d’y voir trop clair à l’heure de partir ?
le tout sera donc de savoir pouvoir ne pas revenir...

mais le pire, c’est le pourquoi-comment, 
ou encore se douter quelle vétille, quelle bêtise minuscule, quelle facilité légère 
aura été à l’origine de l’écroulement des mondes.

et pire encore, le mode silencieux et doux de cette vaste catastrophe.

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