Le combat qui s’engage a
des allures de face à face entre David et Goliath. L’économie grecque
est minuscule à l’échelle du continent et dévastée par des années
d’austérité. Politiquement, son gouvernement est isolé sur la scène
européenne. Si les amis sociaux-démocrates de la dernière heure se
pressent pour féliciter Tsípras, c’est dans le but de mieux étouffer la
radicalité qu’il incarne. Surtout, l’architecture de l’Union économique
et monétaire et la logique de la dette mettent les nouvelles autorités à
la merci de toutes sortes de chantages. A la Commission européenne, à
la Banque centrale et dans les capitales, adversaires et faux amis
jouent de la carotte et du bâton pour tenter d’amadouer l’intrus et de
diviser son camp.
Le compromis esquissé
peut se résumer de la sorte : allonger les échéances de la dette grecque
de manière à en réduire la charge immédiate en échange de la poursuite
des réformes structurelles, c’est-à-dire les privatisations, la libéralisation de l’économie
et l’augmentation des recettes fiscales… Si une convergence peut se
faire sur ce dernier point, tant les riches Grecs sont habitués à
échapper à l’impôt, pour le reste, ces propositions sont incompatibles
avec le programme de Syriza. Étaler les échéances d’une dette que chacun
sait insoutenable ? Cela revient à maintenir ad vitam aeternam la Grèce
en état de soumission vis-à-vis de ses créanciers. Inacceptable pour un
gouvernement élu afin de reconquérir de la dignité nationale.
Libéraliser davantage l’économie ? Impensable pour un parti qui s’est
engagé à rétablir le salaire minimum à son niveau d’avant la crise, à
réinstaurer les règles de négociations collectives, à réembaucher des
fonctionnaires et à mettre un terme aux privatisations.
Dans la collision qui s’annonce, Aléxis Tsípras a plusieurs atouts en main. Le premier, c’est la faillite intellectuelle de la Troïka (BCE, FMI et UE)...lire la suite