• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Philippe VERGNES

sur Cartographie mentale, vie de couple et différenciation


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Philippe VERGNES 17 février 2015 14:32

Absolument...


C’est d’ailleurs bien ce qu’indique la théorie de la perversion narcissique qui est avant tout une théorie intégrative dite « dimensionnelle » dans le sens où elle présente la formation de la personnalité selon divers mouvements, dont l’un, celui dont parle David Schnarch, aboutit aux pathologies narcissiques perverses qui peuvent se comprendre selon l’adage suivant : « l’exercice de la perversion (ici faire porter le poids de sa propre responsabilité dans nos conflits internes sur les épaules de notre entourage) commence par un besoin (celui identifié par Schnarch), continue comme une habitude et finit comme un vice ». A ce titre, c’est une théorie anti-DSM et « anti-nosologique ».

Ce que vous présentez dans votre article, c’est le besoin qu’identifie David Schnarch. Pour ne pas que ce besoin « mute » en vice, il est effectivement très important, comme vous le soulignez fort justement, de « reconnaître ce comportement déjà pour soi-même ».

Le problème, c’est qu’en l’absence de cette reconnaissance, ce besoin finit en vice et à ce stade, il est généralement trop tard pour inverser la tendance (sauf à de rares exceptions près).

Ce que confirme le passage suivant de votre article : « Mais pour Schnarch ce n’est pas si simple : cette capacité que certains ont à cartographier l’autre et à se protéger en même temps découle d’une réelle volonté de façonner la relation selon une forme bien définie [NB : et cette forme et cette volonté sont celles de la perversion narcissique]. Volonté qui a ses racines dans l’enfance, car confrontés à des parents instables, violents, inaptes, l’enfant pour survivre utilise le mind-mapping et le mind-masking pour façonner, tant que faire ce peut, un environnement familial le moins dangereux (cad le plus prévisible) possible. C’est une expérience traumatisante pour l’enfant, dont le comportement devient hypervigilant et « collant » [NB : typique également du comportement pervers narcissique - mais pas qu’à eux - qui a besoin de contrôler son environnement pour ne pas succomber aux angoisses auxquelles il s’expose de par ses expériences traumatisantes précoces]. Une fois cette manière de faire intégrée dès le plus jeune age, elle nous poursuit toute notre vie – cela devient un modus operandi normal, conscient et maîtrisé. »

Le malheur, c’est qu’avec l’habitude, ce comportement est relégué à des réflexes inconscients qui deviennent « instinctuels » (qui ne passent plus par le circuit de l’analyse rationnelle de notre cerveau : la raison est courtcircuitée, cf. Perversion narcissique et traumatisme psychique - L’approche biologisante et les travaux de Daniel Kahneman, psychologue prix Nobel d’économie en 2002 pour ses travaux sur les prises de décisions, les biais cognitifs et les heuristiques de jugement : Peut-on faire confiance à notre jugement ? La fiabilité des « experts » en cause). « Instinctuel » signifie ici qu’il y a une part d’inconscient dans ce type de comportement d’où le fait que ce modus operandi normal et maîtrisé ne soit pas entièrement conscience. Il y a dans ce modus operandi, une part consciente et une part inconsciente. C’est l’un des écueils à la compréhension de telles attitudes nocives pour l’entourage comme, à long terme, pour celui qui les adoptent.

On en revient au problème de l’intentionnalité, car si tout le monde fait du « Mind-mapping » (faculté qui est indissociable de l’empathie, mais cela complique le sujet même si c’est en lien, cf. ma série d’article sur L’empathie, la conscience morale et la psychopathie), tout le monde ne se sert pas de cette faculté pour les mêmes raisons. C’est là toute la différence entre le pervers et les gens « normaux ».

En tout état de cause, ce qu’il y a d’intéressant dans l’approche de l’auteur que vous présentez, c’est qu’il identifie bien le même besoin de base que tout ceux qui se sont penchés sur les liens d’attachements (ou la problématique de la déliaison ou du « détachements » comme dans le cas de la perversion narcissique) ont pu repérer avant lui (cf. Théorie de l’attachement de John Bowlby et de la perversion narcissique de Paul-Claude Racamier : Pervers narcissique (1/2) - Plongée au cœur des origines d’un concept en vogue).

Bien que tout cela soit assez complexe, c’est d’une utilité dont je préciserais l’importance pour nos sociétés dans un prochain article qui parlera du fascisme et du totalitarisme et que je proposerais sous peu à la modé d’avox.

Bon... désolé de me faire de la pub sous votre article - cela n’était pas mon intention -, mais comme la rédaction d’Ago cite en lien sur le même thème la plupart de mes articles ET que vous me paraissez soucieux de comprendre pourquoi ce monde ne tourne plus du tout rond, je me suis permis quelques petits développements, car si ce sujet vous interpelle, la suite devrait fortement vous intéresser (toujours en rapport avec la pathologie du pouvoir, cf. ma série d’articles portant ce titre).

 smiley !!!

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès