Voici le descriptif d’ un des responsables (entre autres) de la misère des populations asservies.
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Devenu
célèbre, et richissime, avec l’éclatement de la bulle de l’immobilier,
le financier américain serait derrière les attaques lancées contre la
Grèce
Ceux
qui le connaissent bien assurent que John Paulson a une formule
éprouvée pour évacuer le stress : faire des tours entiers de Central Park
en jogging. Malgré la neige, le financier new-yorkais, qui a amassé une
fortune colossale lors de la récente crise financière, court sans doute
beaucoup à nouveau ces derniers temps. De nombreuses voix l’accusent
d’être l’un des responsables des tourments actuels de la Grèce. Il
serait, avec le hedge fund qu’il contrôle, l’un des principaux
« spéculateurs » contre lesquels fulmine le président Sarkozy et qui ont
obligé les responsables européens à esquisser, en rechignant, une
réaction concertée de défense à Bruxelles.
Pour
rester extrêmement discret, John Paulson (aucun lien avec l’ancien
secrétaire au Trésor Henry Paulson) n’en occupe pas moins aujourd’hui
une place particulière à Wall Street. Alors que les marchés se
partageaient dans l’euphorie les actifs « toxiques » liés aux prêts
hypothécaires « subprime », il avait été l’un des seuls à parier sur l’éclatement de la bulle immobilière.
En 2006, il réunissait un fonds spéculatif de 150 millions de dollars
exclusivement basé sur ce pari. L’homme avalait les kilomètres à Central
Park. Et tandis que ses investisseurs commençaient à montrer de sérieux
signes d’impatience, il tenait bon, multipliant au contraire les
risques, sûr que le temps allait finir par lui donner raison. Une fois
la panique générale arrivée, lorsque le prix des célèbres « credit
default swaps », ces garanties destinées à couvrir les risques liés au
« subprime », a explosé, on s’est rendu compte que c’est Paulson qui les
détenait. Tandis que tout le reste s’écroulait, son hedge fund a vite
atteint des sommets, finissant par valoir quelque 28 milliards de
dollars. A lui seul, John Paulson a empoché personnellement quelque 3,7 milliards de dollars. En 2009, le magazine Forbes le classait au 33e rang des plus grandes fortunes américaines.
Cette
manière de courir à contre-courant a valu à Paulson l’admiration de ses
pairs, au premier rang desquels, dit-on, George Soros, cet autre
spéculateur auquel il est maintenant souvent comparé. Mais aussi de
profondes jalousies : en janvier, le financier ouvrait un nouveau fonds
tourné vers l’or. Bilan : 14% de pertes en un mois. « Le roi Midas a perdu
sa faculté de transformer en or tout ce qu’il touchait », a entonné le
chœur de cette tragédie grecque.
Mais
Paulson cache-t-il son jeu ? Le premier, un journal grec, To Vima,
assurait en janvier que le financier avait en réalité lancé une nouvelle
bataille d’envergure, en pariant cette fois sur la « banqueroute » de l’Etat grec et sur une forte dépréciation de l’euro.
Depuis des mois, entre 20 et 30 personnes s’occuperaient à plein temps
de tirer bénéfice de cette perspective dans les bureaux de Manhattan de
Paulson & Company, au sein de laquelle a par ailleurs été engagé en
2008, comme conseiller exceptionnel, un certain Alan Greenspan, ancien chef de la Réserve fédérale.
Un
article récent du Financial Times faisait en outre état de rencontres,
en Grèce, entre des officiels grecs, des représentants de Paulson et des
responsables de Goldman Sachs, qui se serait imposée comme
l’interlocuteur privilégié du gouvernement grec au fil des années. La
banque américaine disposerait d’un formidable pouvoir sur la Grèce
depuis qu’elle l’aurait aidée à « masquer » l’étendue réelle de son
déficit, à l’aide d’une série d’instruments financiers complexes
(les « cross-currency swaps ») qui lui permettaient d’échanger sa dette en
dollars contre l’équivalent en euros pour une certaine période.
Notre
stratégie est claire, et c’est cette stratégie « que les marchés, les
opérateurs et les différents intervenants doivent comprendre », disait
encore Nicolas Sarkozy à la réunion de Bruxelles. Mais en face, la
stratégie des « spéculateurs » semble claire, elle aussi, depuis des mois.
Source : LeTemps.ch"