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Commentaire de jean-marc

sur ••• Manifestation des éleveurs français •••


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jean-marc D jean-marc 29 juillet 2015 19:27

@ l’auteur

Bonjour,

Votre article m’a certes bien intéressé, mais permettez moi de vous faire part de certaines remarques :

« Manifester en prenant en otage une fois de plus la population pour faire valoir ses revendications auprès de l’état prédateur et de ses alliés, ce n’est pas vraiment manifester de la solidarité avec leurs consommateurs qui finissent par se lasser de toutes ces éternelles grèves à répétition »

Seules des actions de force peuvent amener des négociations sérieuses, puisque ces dernières n’ont jamais été entreprises à priori dans un climat plus sain. Aux dernières nouvelles connues, mais que je n’ai pu personnellement vérifier, il y aurait notamment des engagements qui avaient été pris à l’égard de l’agroalimentaire qui n’auraient pas été tenus, on se retrouverait donc dans un peu le même cas de figure que la grève des taxis. Par ailleurs, il n’était pas question pour eux de manifester de la solidarité avec les consommateurs, mais de défendre leur bifteck, comme ces derniers pourraient le faire plus souvent s’ils en avaient entre les jambes comme on dit vulgairement. Enfin, j’ai pu vérifier dans mon large entourage, que leur mouvement était largement populaire ce qui contredit la lassitude dont vous faites état, à moins que vous n’ayiez des données précises infirmant la constatation annoncée par les médias.

« Quand l’on constate comme écologistes les dégâts des pollutions des nappes phréatiques entièrement contaminées par les déjections des élevages porcs, on ne peut quand même pas approuver cette politique d’élevages intensifs d’animaux… Ceci étant aussi valable pour les super élevages de vaches pour la production du lait dans d’autres régions et d’autres pays européens »

Dans ce paragraphe, vous semblez aborder en réalité trois problèmes différents :

-     - de la pollution des nappes phréatiques, qui est problème purement écologique concernant tous les pays du globe ou presque, et désolé de vous contredire, la pollution de celles-ci n’émanent pas que des déjections animales,

-    - de l’élevage intensifs d’animaux, que je désapprouve totalement sur le fond dans la forme où elle existe aujourd’hui, est directement un des corollaires d’une démographie galopante, mais aussi d’une surconsommation (et d’un gâchis) essentiellement constatée dans les pays développés, les pays en voie de développement n’en étant pas encore arrivés au même stade,

-   - - de la conjoncture économique et de la nécessité d’échanger par l’import/export (politique de la PAC à laquelle adhère la FNSEA, largement subventionnée par Bruxelles, il me semble).

Je suis globalement d’accord avec vous, mais il me semble que cette grève ne concerne pas directement les élevages intensifs, (ça n‘est qu’un effet collatéral), contre lesquels les consommateurs devraient eux, entamer une grève bien nécessaire s’ils ne veulent pas continuer à bouffer des produits OGM, gavés d’antibiotiques et d’hormones de tous poils, ou de nourriture inadéquate (cas du poisson d’élevage ou on a soit le choix si j’en crois mes informations de le nourrir avec trois fois son poids en poisson sauvage, soit avec des farines animales – bonjour les dégâts sanitaires car la pollution des animaux va se transmettre au poisson, déjà bourré de mercure, de PCB, et autres gentillesses) : elle met en cause les éleveurs et agriculteurs dans leur ensemble, c’est-à-dire les petites et moyennes structures. Il ne me semble pas avoir vu, dans les divers reportages (il faut bien en croire une certaine quantité, il existe encore des journalistes en dehors de la masse des journaleux comme j’appelle), de représentant(s) des grosses structures, qui n’avaient d’ailleurs aucun intérêt à se mêler à la contestation.

Par ailleurs, en ce qui concerne les fermes à bétail et divers élevages intensifs, il me semble bien que s’ils existent il ont été autorisés, non ? et par qui ? Par ceux là même qui ont divers intérêts économiques, voire politiques tout simplement. Imaginez vous une commune refuser de telles installations sur leur territoire géographique alors que la commune d’à côté se prépare à les accueillir bras ouverts, c’est tout simplement impossible. Et qu’on ne vienne pas me dire que l’intérêt principal est l’emploi dans la commune ou la région, ces installations sont hyper-mécanisées et n’engendreront qu’un surcroît d’emploi à la marge, non significatif, d’autant qu’elles détruiront les entreprises familiales, de petite ou moyenne taille du même bassin d’emploi, communal ou régional.

 « sur le point n°2 »

Au sujet des évaluations d’eau, je prends vos estimations comme vérifiées et vous en laisse la responsabilité. Que vous considériez la consommation de fruits et légumes comme préférable, j’abonde dans votre sens à la condition qu’un apport carné, indispensable à la bonne santé humaine si l’on veut éviter des carences vitaminiques soit conservé, bien sur. Cela réduira la consommation de viandes, mais ne résoudra pas pour autant les problèmes des élevages intensifs et du gain des éleveurs et agriculteurs.

« Les éleveurs se plaignent de la disparité entre leur marge de bénéfices par rapport aux acheteurs et intermédiaires, sans compter bien évidemment la taxe de l’état qui se sucre au passage »

Il ne faut pas confondre le prix auquel aux différends acteurs de la chaîne avec leur marge bénéficiaire : la grève ne concernait pas le problème du seul bénéfice, elle concernait d’une part le prix de rentabilité de leurs produits (coûts de production, amortissement des investissements, reste à vivre et le cas échéant prévision des réinvestissements nécessaires à leur activité) et d’autre part la PAC qui renvoie notamment aux accords Schengen donc en particulier à la libre circulation des produits en UE, alors que ces produits sont conçus avec, entre autres, un coût de main d’œuvre déséquilibré, qui entraîne même parfois des dérives (cas du porc breton élevé en Bretagne certes, mais abattu et découpé dans un pays de l’Est, pour être revendu en France (j’oublie probablement des étapes aussi succulentes).

Bien des exploitants actuellement vendent à perte ou pas loin, et ne vivent que grâce aux crédits bancaires.

Elle concernait également, comme je l’ai écrit plus haut, le respect de certains engagements qui n’auraient pas été tenus ; à ma connaissance ces engagements antérieurs n’ont été démentis par personne, donc sont supposés bien exister.

« Sur le point n°4 »

Allons, allons. Vous savez comme moi que les terres émergées ne représentent que 30% de la surface du globe, on a donc encore de la marge pour quelque temps, il me semble, d’autant que ces 30% ne sont pas entièrement exploités, loin de là. Outre une reprise sur les mers (les Pays-Bas l’ont bien fait, Monaco s’étend de la même manière pour des raisons différentes, certes), des études à grande échelle peuvent être entreprises pour répartir les cultures plus intelligemment. Le tout est d’en avoir la volonté, mais là, c’est une autre histoire.

Quant à la conquête d’une autre planète, on a encore 5 milliards d’années pour y arriver, ne soyez pas aussi pessimiste.

« Sur le point n°5 »

Permettez moi de me gausser de la différence que vous établissez entre homme politique et un chef d’Etat. Un chef d’état, même s’il n’est pas politicien au départ, devient un homme politique puisqu’il n’accéderait jamais à la fonction suprême sans l’appui desdits politiciens, qu’il faut mettre en poche pour s’assurer une représentation populaire. Et un Etat, ça se gère avant avec tout avec la politique, pas avec des ronds de jambe et des gesticulations de théâtre comme le font généralement nos dirigeants depuis des années

« Sur la chute de votre article »

Désolé, soit j’ai mal lu, ce qui est fort possible, mais il me semble qu’il n’y ait qu’un très lointain rapport avec l’énoncé de votre article.

Je passe rapidement sur le revenu de base inconditionnel qui n’a rien à voir avec la grève et qu’il faudrait envisager dans un contexte nettement plus large car il soulève des centaines d’interrogations, mais qu’on peut concevoir à ce stade comme une autre forme de « subvention ». Quel intérêt d’en supprimer comme vous le préconisez, pour en recréer une autre ? Tout entrepreneur, quel qu’il soit, ne veut pas de subvention, un salarié ne veut pas des allocations chômage, il veut travailler, produire, et être justement rémunéré du fruit de son travail, point final. Bref, exister en tant que tel et non pas comme assisté.

Changer partiellement d’alimentation, si tant à compter qu’on puisse modifier rapidement le comportement du consommateur (qui est en partie responsable du faible gain des producteurs, puisque c’est lui-même qui historiquement a permis à la grande distribution de jouer le rôle économique qui est aujourd’hui décrié), ne résoudra ni le problème immédiat du producteur, qui est d’équilibrer ses comptes et de vivre plus dignement, ni le problème de la pollution, qui persistera puisque il n’y aura simplement qu’un transfert d’activité vers une autre : d’une pollution carnée, on aura une pollution végétale, avec la même courbe de croissance, ou me trompé-je ? Quand à la pollution industrielle elle compte bien autant voire plus à mon avis : avez-vous oublié d’en parler ? où est-ce volontaire ? Et pourtant, elle se retrouve bien dans la chaîne alimentaire via les sols.

Mais je vous remercie de ne pas avoir parlé des insectes comestibles, je suis allergique aux venins et aux constituants irritants et allergisants de ces agréables bestioles.

Mais tout cela n’est que l’humble avis d’un candide, bien sûr.

Bien à vous,


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