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Commentaire de BRIATTE

sur La guerre du Pacifique, deuxième manche


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BRIATTE 28 octobre 2015 20:04

En réponse à Helios

En général les textes gagnent en crédit lorsqu’ils sont conformes à la réalité. Avoir un ton doctoral ne suffit pas. Malheureusement ce n’est pas le cas avec le commentaire de Helios.

Les faits ont l’habitude d’être très têtus et ils nous apprennent par exemple que la guerre du Pacifique a commencé par l’occupation de la ville d’Antofagasta par l’armée chilienne le 14 février 1879, sans déclaration de guerre, contrairement aux pratiques de l’époque. Ce fut seulement le 5 avril que le Chili déclara la guerre. (voir Wikipédia : https://es.wikipedia.org/wiki/Guerra_del_Pac%C3%ADfico ).

Les historiens, et moi-même en tant que Chilien, sommes vivement inquiets de ne pas avoir su -personne au Chili n’a l’air au courant d’ailleurs- que l’Argentine avait attaqué « au sud et s’était emparée de grands morceaux de Patagonie dont il reste encore des zones de propriétés indéfinies, et disputées ». On aimerait que Helios fasse découvrir aux Chiliens cet épisode de l’histoire de leur pays qu’ils semblent ignorer. Merci d’avance. Mais peut être confond-il cette « attaque » avec le traité des limites, concernant la Patagonie, signé entre le Chili et l’Argentine le 23 juillet 1881 ? (voir Wikipédia : https://es.wikipedia.org/wiki/Tratado_de_1881_entre_Argentina_y_Chile ).

Je tiens aussi à le remercier de nous rappeler que « le Chili n’est pas un membre sage du Mercosur ». Cependant, et sans vouloir l’offenser, je crois que, jusqu’au moment où j’écris ces lignes, le Chili n’en a jamais fait partie.

Une des techniques les plus utilisées par les personnes en déficit d’information et en carence d’arguments est d’attribuer des propos falsifiés à un interlocuteur pour mieux rejeter son raisonnement. C’est notamment le cas de la phrase suivante « la sortie a la mer en pleine souveraineté que demande la Bolivie est absolument irrealiste car elle couperait le pays en deux parties ce qui est inacceptable ». Tout d’abord, la Bolivie n’a jamais demandé de couper le pays en deux et ensuite, comme c’est mentionné dans le texte des accords de Charaña en 1975, il était prévude créer un corridor au long de la frontière avec le Pérou, possibilité plusieurs fois envisagée au cours des différentes négociations (voir Wikipédia avec carte : https://es.wikipedia.org/wiki/Acuerdo_de_Chara%C3%B1a ).

On peut aussi classer dans le domaine du délire le signalement que le commentateur fait de « l’impunité des citoyens boliviens lorsqu’ils volent les véhicules chiliens qui ont de fait le droit d’être immatriculés une fois la frontière passée ! ». A ce titre, savourons cet épisode : l’arrestation par la police chilienne de militaires boliviens qui, poursuivant des contrebandiers, avaient traversé par mégarde la frontière (voir journaux : http://larepublica.pe/15-02-2013/militares-bolivianos-detenidos-en-chile-por-cruzar-frontera-portando-armas ).

Quand on sait que le Chili vient seulement de changer le mode de scrutin binominal, et qu’il s’apprête enfin à modifier la Constitution imposée par Pinochet, vouloir faire croire aux lecteurs que la dictature « c’est une époque révolue », c’est les prendre pour des ignares. Déjà en France en décembre 2010, 13 Chiliens et un Argentin ont été condamnés par contumace. Pinochet, pour sa part, a écopé de la prison à vie ( http://www.publico.es/internacional/francia-condena-cadena-perpetua-al-1.html ). Et aujourd’hui encore, rien qu’en matière de justice, il ne se passe pas une semaine sans que les tribunaux chiliens ne condamnent des criminels à des peines de prison pour atteinte aux droits de l’homme pendant cette période (voir journaux d’octobre : http://www.latercera.com/noticia/politica/2015/10/674-650631-9-corte-interamericana-de-ddhh-sentencia-a-chile-por-12-condenas-a-militares.shtml http://www.lavanguardia.com/sucesos/20150814/54434861463/ingresan-en-prision-militares-condenados-en-chile-por-caso-de-quimico-berrios.html ).

Finalement les allégations d’Helios sur la situation chilienne montrent que nous sommes en présence d’une personne nostalgique du temps passé où tout opposant -notamment de gauche- avait du souci à se faire pour sa santé, pour lui et sa famille.

La Nouvelle Majorité, large coalition politique inédite dans l’histoire du pays, s’est effectivement donné comme programme la transformation des structures héritées de la dictature civico-militaire. La corruption, fléau allant de pair avec la dictature, touche pratiquement TOUS les élus de droite, mais atteint aussi quelques personnalités de l’ancienne Concertation. Parions qu’avec les lois anti-corruption qui viennent d’être votées et l’élection à la proportionnelle, les rangs des élus de droite et autres réactionnaires, seront sévèrement clairsemés, y compris pour cause de prison ferme. (voir journaux d’hier : http://www.cnnchile.com/noticia/2015/06/01/udi-afirmo-que-senador-orpis-debe-tener-sanciones-tributarias-pero-no-pénales http://www.cnnchile.com/noticia/2015/10/26/declaran-admisible-solicitud-de-desafuero-de-senador-orpis ).

Le combat contre l’héritage laissé par « l’épisode Pinochet » et celui pour un règlement favorable à la demande bolivienne vont dans le même sens. Quelqu’un pourrait-il douter du résultat final ?


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