En réponse à Helios
En général les textes gagnent en crédit lorsqu’ils sont
conformes à la réalité. Avoir un ton
doctoral ne suffit pas. Malheureusement ce n’est pas le cas avec le
commentaire de Helios.
Les faits ont l’habitude d’être très têtus et ils nous
apprennent par exemple que la guerre du Pacifique a commencé par
l’occupation de la ville d’Antofagasta par l’armée chilienne le 14
février 1879, sans déclaration de guerre, contrairement aux
pratiques de l’époque. Ce fut seulement le 5 avril que le Chili
déclara la guerre. (voir Wikipédia :
https://es.wikipedia.org/wiki/Guerra_del_Pac%C3%ADfico
).
Les historiens, et moi-même en tant que Chilien, sommes vivement
inquiets de ne pas avoir su -personne au Chili n’a l’air au courant
d’ailleurs- que l’Argentine avait attaqué « au sud et s’était
emparée de grands morceaux de Patagonie dont il reste encore
des zones de propriétés indéfinies, et disputées ». On
aimerait que Helios fasse découvrir aux Chiliens cet épisode de
l’histoire de leur pays qu’ils semblent ignorer. Merci d’avance. Mais
peut être confond-il cette « attaque » avec le traité
des limites, concernant la Patagonie, signé entre le Chili et
l’Argentine le 23 juillet 1881 ? (voir Wikipédia :
https://es.wikipedia.org/wiki/Tratado_de_1881_entre_Argentina_y_Chile
).
Je tiens aussi à le remercier de nous rappeler que « le
Chili n’est pas un membre sage du Mercosur ». Cependant, et
sans vouloir l’offenser, je crois que, jusqu’au moment où j’écris
ces lignes, le Chili n’en a jamais fait partie.
Une des techniques les plus utilisées par les personnes en
déficit d’information et en carence d’arguments est d’attribuer des
propos falsifiés à un interlocuteur pour mieux rejeter son
raisonnement. C’est notamment le cas de la phrase suivante « la
sortie a la mer en pleine souveraineté que demande la Bolivie est
absolument irrealiste car elle couperait le pays en deux parties ce
qui est inacceptable ». Tout d’abord, la
Bolivie n’a jamais demandé de couper le pays en deux et ensuite,
comme c’est mentionné
dans le texte des
accords de
Charaña en 1975, il était prévude créer un corridor au long de la frontière avec le Pérou,
possibilité plusieurs fois envisagée au cours des différentes
négociations (voir Wikipédia avec carte :
https://es.wikipedia.org/wiki/Acuerdo_de_Chara%C3%B1a
).
On peut aussi classer dans le domaine du délire le signalement
que le commentateur fait de « l’impunité des citoyens
boliviens lorsqu’ils volent les véhicules chiliens qui ont de fait
le droit d’être immatriculés une fois la frontière passée ! ».
A ce titre, savourons cet épisode : l’arrestation par la police
chilienne de militaires boliviens qui, poursuivant des
contrebandiers, avaient traversé par mégarde la frontière (voir
journaux :
http://larepublica.pe/15-02-2013/militares-bolivianos-detenidos-en-chile-por-cruzar-frontera-portando-armas
).
Quand on sait que le Chili vient seulement de changer le mode de
scrutin binominal, et qu’il s’apprête enfin à modifier la
Constitution imposée par Pinochet, vouloir faire croire aux lecteurs
que la dictature « c’est une époque révolue », c’est
les prendre pour des ignares. Déjà en France
en décembre 2010, 13 Chiliens et un Argentin ont été condamnés
par contumace. Pinochet, pour sa part, a écopé de la prison à vie
(
http://www.publico.es/internacional/francia-condena-cadena-perpetua-al-1.html
). Et aujourd’hui
encore,
rien qu’en matière de justice, il ne se passe pas une semaine
sans que les tribunaux chiliens ne condamnent des criminels à des
peines de prison pour atteinte aux droits de l’homme pendant cette
période (voir journaux d’octobre :
http://www.latercera.com/noticia/politica/2015/10/674-650631-9-corte-interamericana-de-ddhh-sentencia-a-chile-por-12-condenas-a-militares.shtml
http://www.lavanguardia.com/sucesos/20150814/54434861463/ingresan-en-prision-militares-condenados-en-chile-por-caso-de-quimico-berrios.html
).
Finalement les allégations d’Helios sur la situation chilienne
montrent que nous sommes en présence d’une personne nostalgique du
temps passé où tout opposant -notamment de gauche- avait du souci à
se faire pour sa santé, pour lui et sa famille.
La Nouvelle Majorité, large coalition politique inédite dans
l’histoire du pays, s’est effectivement donné comme programme la
transformation des structures héritées de la dictature
civico-militaire. La corruption, fléau allant de pair avec la
dictature, touche pratiquement TOUS les élus de droite, mais atteint
aussi quelques personnalités de l’ancienne Concertation. Parions
qu’avec les lois anti-corruption qui viennent d’être votées et
l’élection à la proportionnelle, les rangs des élus de droite et
autres réactionnaires, seront sévèrement clairsemés, y compris
pour cause de prison ferme. (voir journaux d’hier :
http://www.cnnchile.com/noticia/2015/06/01/udi-afirmo-que-senador-orpis-debe-tener-sanciones-tributarias-pero-no-pénales
http://www.cnnchile.com/noticia/2015/10/26/declaran-admisible-solicitud-de-desafuero-de-senador-orpis
).
Le combat contre l’héritage laissé par « l’épisode
Pinochet » et celui pour un règlement favorable à la demande
bolivienne vont dans le même sens.
Quelqu’un pourrait-il douter du résultat final ?