Un mouvement anti-guerre parce que déjà ces attentats à Paris ont été frauduleusement qualifiés d’actes terroristes en « actes de guerre » ...
J’adhère au point de vue de David Van Reybrouck, écrivain et historien néerlandais qui interpelle dans une Lettre parue dans Le Monde le président français sur le champ lexical guerrier de son discours, samedi 14 novembre, lendemain des attentats qui ont endeuillé Paris. Et sur la surenchère que cela pourrait entraîner.
Libre à chacun d’accepter ou non cet esprit de guerre.
« Monsieur le Président, vous êtes tombé dans le piège ! »
Monsieur le Président,
Le
choix extraordinairement irréfléchi de la terminologie que vous avez
utilisée dans votre discours de samedi après-midi [14 novembre 2015], où
vous répétiez qu’il s’agissait d’un « crime de guerre » perpétré par « une armée terroriste » m’a interpellé. Vous avez dit littéralement :
« Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis, près du Stade de France, est un acte de guerre
et, face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées.
C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech
[l’acronyme arabe de l’Etat islamique], une armée de terroristes,
contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le
monde, contre ce que nous sommes, un pays libre qui parle à l’ensemble
de la planète. C’est un acte de guerre qui a été préparé, organisé,
planifié de l’extérieur et avec des complicités intérieures que
l’enquête fera découvrir. C’est un acte de barbarie absolue. »
Si
je souscris pleinement à la dernière phrase, force est de constater que
le reste de votre discours est la répétition angoissante et presque mot
à mot de celui que George W. Bush a tenu devant le Congrès américain
peu après les attentats du 11-Septembre : « Des ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays. »
[...]
Les
conséquences de ces paroles historiques sont connues. Un chef d’Etat
qui qualifie un événement d’« acte de guerre » se doit d’y réagir, et de
rendre coup pour coup. Cela a conduit M. Bush à l’invasion de l’Afghanistan, ...
[...]
Et
pourtant, que faites-vous ? Comment réagissez-vous moins de
vingt-quatre heures après les attentats ? En employant la même
terminologie que votre homologue américain de l’époque ! Et sur le même
ton, bonté divine !
Vous êtes tombé dans le panneau, et vous l’avez
fait les yeux grands ouverts. Vous êtes tombé dans le panneau, Monsieur
le Président, parce que vous sentez l’haleine chaude de faucons tels que
Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen vous brûler la nuque. Et vous avez
depuis si longtemps la réputation d’être un faible. Vous êtes tombé dans
le panneau.
...
http ://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/16/monsieur-le-president-vous-etes-tombe-dans-le-piege_4810996_3212.html#