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Commentaire de NICOPOL

sur Droite, Gauche, Libéralisme, Socialisme : grilles de lecture de l'histoire des idées politiques depuis la Révolution Française


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NICOPOL NICOPOL 8 mars 2016 19:58

@Alexandre

Merci de votre commentaire.

"Cela dit, il accrédite trop facilement la thèse de Michéa reprise par Zemmour selon laquelle le libéralisme ne peut être que libertaire.« 

L’objectif de cet article n’est pas d’accréditer ou pas l’une ou l’autre des thèses en concurrence, mais d’essayer de les présenter dans leur logique objective. Au lecteur ensuite de se faire sa propre idée.

Bon, certes, je ne cache pas que je suis davantage convaincu par la représentation de Michéa ou Soral que par celle des libéraux ou de l’école républicaine à la Michelet...

 »Or, que sont les libertaires sinon des progressistes qui veulent recomposer la société sur un mode autoritaire et égalitaire en imposant leurs vues avec des arguments qui se veulent d’autorité ? Leurs discours théoriques issus des sciences sociales relève du constructivisme ni plus ni moins. On est loin de la notion de contrat entre des individus libres.« 

Je ne vois pas vraiment de contradiction entre le libéralisme tel que vous le définissez ( »contrat entre des individus libres« ) et le libertarisme. En effet, le libertarisme repose sur l’idée que tout est permis entre individus du moment que ceux-ci sont »libres et consentants« , comme on dit. Ceci implique qu’il ne peut y avoir aucune restriction morale au-delà de ce consentement mutuel entre individus. Par exemple, si une femme est d’accord pour porter l’enfant d’un autre couple contre rémunération, ceci ne regarde que ces individus, et la société n’a pas à l’interdire au nom d’une quelconque valeur morale ou religieuse. De même deux personnes du même sexe qui veulent se marier, une prostituée et son client, un malade en phase terminale et l’infirmier d’une clinique d’euthanasie, etc.

Ayant décrit ceci, on voit bien que cela correspond exactement au principe de »contrat entre individus libres« . Ce libertarisme sociétal n’est bien que l’application aux relations sociales du principe contractuel prôné en droit des affaires par le libéralisme dit »économique« . Comme beaucoup d’observateurs lucides de la société libérale l’ont justement décrit (Castoriadis, Clouscard, Debord, Houellebecq, Michéa, Soral...), c’est bien l’extension de la logique économique et marchande aux relations sociales.

 »En réalité, il y a contradiction entre libéralisme et conservatisme« 

Je suis bien d’accord sur la contradiction entre libéralisme et conservatisme, contradiction qui est mentionnée dans l’article à propos du camp néoconservateur.

 »mais aussi entre libéralisme et progressisme dans la mesure où ces deux camps veulent imposer leur ordre social par la contrainte étatique« 

Là, je ne vous suis plus. Le progressisme est une propriété consubstantielle au libéralisme, qui repose sur l’idée que la meilleure société possible est la démocratie libérale marchande, et que donc, tout pas vers ce modèle se traduit par un progrès. Or, ce modèle repose sur l’idée, comme disait Hayek (ce que ne se lasse pas de répéter Michéa), que tout ce qui peut être produit et vendu doit être produit et vendu. Donc, tout nouveau produit ou service, du simple fait qu’il soit nouveau, est bon en soi dès lors qu’il peut être vendu ; au contraire, toute restriction à la commercialisation d’un nouveau produit ou service est une fâcheuse limitation de la liberté de commercer entre individus »libres et consentants« . Tout ce que produit la société libérale est donc par définition (si ce n’est tautologie) considéré comme un progrès, et vice-versa.

En ce qui concerne la »contrainte étatique« , on peut dire que, en théorie, elle est contradictoire avec les aspirations idéologiques du libéralisme (économique comme sociétal). Néanmoins, ce libéralisme ne peut fonctionner que si les individus sont »libres et raisonnables« , c’est-à-dire, en particulier, libérés de l’ »aliénation« de leurs préjugés, traditions et modes de pensée historiques. Historiquement, l’Etat a donc un rôle à jouer : celui de »désaliéner« les masses, en particulier par l’Education nationale. Mais une fois ce rôle joué, il a vocation à dépérir (un peu comme dans le marxisme la »dictature du prolétariat« est-elle une étape transitoire nécessaire à l’établissement de la société communiste parfaite). D’où le résultat paradoxal qu’effectivement le libéralisme, qui aspire à la disparition de l’Etat, a besoin de l’Etat pour s’imposer »de gré ou de force"...

Bien à vous,


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