@Jean Keim

Le football est un jeu, et à ce titre, il parle à l’enfant qui est en nous (si nous ne l’avons pas encore définitivement tué). Tous les animaux naissent avec cette prédisposition au jeu, qui d’ailleurs s’avère être la meilleure méthode d’apprentissage dont la nature nous ait doté.

Le jeu s’accompagne d’une formidable énergie, l’enthousiasme, lui aussi un des plus puissants moteurs de toute réalisation, sans parler de ses bienfaits sur le corps et l’esprit.

Et puis le jeu, comme n’importe quelle activité humaine, peut devenir un art lorsque la technique est totalement maîtrisée, et qu’il est pratiqué dans un détachement et une attention totales. Il y a une grande beauté, le résultat est un véritable ballai. Il est donc naturel d’apprécier regarder ce spectacle. Aucun supporter ne dira jamais qu’il prend du plaisir à regarder un mauvais match : les amateurs veulent voir du beau jeu, ils payent pour voir un balai.

Enfin, le sport est chargé de symboles ; c’est cela qui explique qu’une bande de 11 gusses tapant dans un ballon ait pu générer par une belle nuit d’été 1998 une liesse populaire jamais vue dans les rues de France depuis la Libération... Autrement dit, on peut penser (à tort ou à raison) que la cause est futile, mais l’émotion engendrée, elle, est bien réelle.

J’ajoute que d’une certaine manière (je caricature volontairement), le sport est aux classes populaires ce que le théâtre ou l’opéra sont aux classes supérieures, notamment le football, sport populaire par excellence. A ce titre, le mépris parfois affiché à l’encontre des supporters de football ressemble fort à du mépris de classe.

Évidemment, il n’est pas question de nier tous les abus qui émanent des supporters et du football professionnel, qui n’est rien d’autre que du (très) grand spectacle. Mais pour ne pas faire l’économie d’un truisme, je souligne que le football n’est ni plus ni moins qu’un miroir de la société, et cela, n’en déplaise à l’auteur de l’article, les footballers n’y sont pour rien...