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Commentaire de Nicole CHEVERNEY

sur Un détail oublié au sujet de la loi El Khomry


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Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 14 mars 2016 17:28

@Vlad

La première mise à mort de la Fonction Publique, a commencé bien sûr, avec la loi Hoeffel qui permettait de rentrer dans les trois fonctions publiques (Etat-collectivités territoriales - et fonction publique hospitalière), sans passer de concours. Un ami syndicaliste m’avait fait part de ses réticences sur le principe. Car cette façon de recruter devait, disait-il à terme, mener la fonction publique vers des statuts extrêmement précaires, et il ne s’était pas trompé.
Je rappelle que les concours ou examens professionnels (qui étaient loin d’être faciles) étaient jusqu’à l’apparition de cette loi, la condition sine qua non d’entrée dans l’administration.

L’avancement était de deux ordres : concours externe, concours interne, ou avancement au choix (cette troisième option étant des trois la pire, parce que génératrice de passe-droits, carriérisme, mais c’est humain) !

Pourquoi les fonctionnaires ont-ils bénéficié d’un statut aussi solide que la sûreté de l’Emploi ? Mais la raison évidente, c’est qu’elle assurait la pérennité du fonctionnement de l’État, ses rouages, c’est un peu comme si vous supprimiez les rails et le réseau électrique et que vous ne gardiez que la locomotive et les wagons !

Les fonctionnaires, dans leur ensemble sont pour la plupart dévoués, compétents et dans bien des domaines et je pense à tous les corps de métiers qui font la fonction publique, et même ceux auxquels on ne pense jamais ! Ils sont très nombreux. (ONF, géographes, gardes-forestiers-sapeurs, etc....). Je ne vous convaincrai pas.
Ce qui a péché depuis quelques années, c’est la répartition géographique et budgétaire dans les administrations, où l’on a vu se mettre petit à petit en place un gestion beaucoup plus hasardeuse qu’elle ne l’avait jamais été et qui a miné celle qui, depuis des lustres faisait, disons-le sans avoir peur des mots, la grandeur de notre pays. Car nous avions, parlons au passé, une des plus belles réussites institutionnelles d’Europe. Et combien de dirigeants étrangers européens et autres, du temps de leurs études, sont venus en stages dans nos administrations, centrales ou provinciales ? Et sont repartis forts d’un modèle solide.

Or, venant élargir la brèche, l’AGCS en 1994, associée aux nouvelles normes européennes est apparue l’ accélération du processus de désintégration de l’État, à travers l’administration et ses fonctionnaires, avec l’arrivée du « privé » dans le « public ». C’est là toute l’ambiguïté du problème. Toute la subtilité et la sournoiserie du gouvernement, c’est là tout le drame.

Vous avez « managé » des fonctionnaires ? Avec quel état d’esprit ? Celui d’un manager tout droit formé par le privé, dans ses écoles et ses formateurs ? Ou alors avec un état d’esprit plus disposé à comprendre que des fonctionnaires ce sont les chevilles ouvrières (du C au A + )d’un système qui tend à tourner de lui-même, plus lent, plus lourd, certes, mais totalement étranger à la doxa ultra-libérale qui ne vit que dans la « vitesse » du temps présent. Le fonctionnaire, n’a pas besoin de distanciation avec le temps présent ou futur. Il est ce temps, dans sa mobilité statique, il fait tourner la roue de l’État, et c’est bien cela qui gêne l’UE, avec comme seul mot d’ordre : DELENDA !

Donc, oui, je défends mordicus la fonction publique, je crois en elle, l’administration qui découle tout droit du CNR, et je précise que je ne suis affiliée à aucune chapelle.

Cordialement


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