Un cas particulier : le cèpe de bordeaux (boletus
edulis)
Avant l’accident de Tchernobyl, il était considéré comme une espèce
très « sensible » à la radioactivité, car symbiotique et donc
« accumulatrice » de césium. Or, les
mesures effectuées après Tchernobyl, le présentent comme un des moins
contaminés. Le cèpe de Bordeaux est une espèce à mycélium profond (plus de
4 cm sous la litière). Cette couche de sol était avant 1986 relativement
riche en césium apporté par les retombées des tirs atmosphériques d’armes
nucléaires. Le dépôt de Tchernobyl n’étant que peu parvenu à cette
profondeur durant les années qui ont suivi l’accident, cette espèce se
trouve désormais moins contaminée que la plupart de celles qui possèdent
un mycélium plus superficiel, notamment celles qui vivent dans la litière
et qui ne sont pourtant pas réputées « accumulatrices ».
Les différences entre les espèces de champignons et les
variations locales de la contamination des sols expliquent les écarts
observés et les valeurs maximales enregistrées.
Ainsi, un bolet à chair jaune qui pousserait sur un sol
contenant 10 000 Bq/m2, comme dans certaines forêts des Vosges ou du Jura,
pourrait présenter une teneur théorique en césium de 5000 Bq/kg frais. A
l’inverse, un « mousseron » ou une " armillaire couleur de
miel " qui pousserait sur un sol contenant 5000 Bq/kg de césium et
pourtant situé à proximité de la forêt précédente, présenterait une
contamination de 50 Bq/kg.
Et c’est ainsi que l’échantillon de champignon
« petit gris » prélevé en 1998 à St Martin-Vésubie (Alpes
Maritimes) et mesuré par la CRII-RAD à 3125 Bq/kg frais, est une
illustration des valeurs maximales qui peuvent être ponctuellement
atteintes