J’ai été prise hier dans la « nasse » à 16 heures environ. il n’y avait aucun casseur à l’endroit où j’étais, exactement celui où la gendarmerie a coupé la manif. Nous sommes restés bloqués une heure, aspergés à plusieurs reprises de lacrymo, y compris les enfants. Un jeune imbécile a jeté sur les gendarmes deux sacs poubelle emplis de papiers/canettes qui traînaient là (par hasard ?) ; je lui ai dit de cesser, il est parti sans demander son reste, le visage était couvert d’un foulard gris bleu. Beaucoup d’entre nous - presque tous, en fait- se sont couvert la bouche et le nez pour se protéger des gaz. J’ai vu refluer quatre à cinq cagoulés venant apparemment de la tête de la manif, mais pas un seul des gendarmes (quatre cordons, s’il vous plaît) n’a bougé pour les intercepter, ils se sont apparemment « esquivés » juste sous leur nez- alors que nous ne pouvions pas nous échapper. Ensuite nous avons été chargés, bien que les seules violences aient été verbales, et encore pas très méchantes (« tout le monde déteste la police » ; les cris les plus fréquents étaient ’la rue est à nous« , »libérez la manif« et autres du même tonneau. Une pancarte brandie portait même : » ce sont des caresses que nous voulons.« ) Des riverains nous ont abrités dans leur cour intérieure, un homme a fait un malaise, une jeune femme était accompagnée d’un garçonnet d’environ 6 ans. Deux jeunes m’ont dit avoir reçu un jet de gaz en pleine figure alors qu’ils essayaient de savoir pourquoi nous étions ainsi bloqués. 

Quand nous avons pu enfin repartir, je suis allée jusqu’à la Nation ; aucun dégât sur le trajet de la manif. À la Nation les gens discutaient paisiblement, buvaient et mangeaient. Je suis partie à 18h15 ; il y avait des policiers aux bouches de métro et aucune agitation sur la place.Il semblerait que les »débordements" aient eu lieu après 19h30, donc en toute fin de manif, et quand presque tous les manifestants étaient partis. Il me paraît évident que le gouvernement cherche à tout prix des prétextes pour interdire les mouvements de protestation, d’autant plus que la traditionnelle manif du Premier mai , qui commémore la revendication de la journée de huit heures , était cette année tout particulièrement connotée. J’ai 70 ans, je suis une retraitée, mère de famille et grand-mère.