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Commentaire de Paul Leleu

sur Quand la gauche mérite une droite


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Paul Leleu 26 mai 2016 20:15

@eric39

votre réponse correspond à une caricature colportée par les médias dominants... qui veut faire croire que les « bourgeois dégénérés » votent progressiste, et que le « peuple sain et humble » vote nationaliste... c’est juste faux... et en plus c’est un très vieux machin politique des conservateurs. 

Il faudra me dire où vous logez les 4,5 millions de « bobos millionaires des centre-ville » qui ont voté Mélenchon en 2012 ? Et qui s’apprettent (plus quelques autres) à recommencer en 2017, si l’on en croit la tendance sondagière (Mélenchon vers 13% en moyenne à ce stade). 

Il a toujours existé un vote ouvrier de droite, et un vote ouvrier de gauche... et ça a toujours été la lutte (entre conservatisme sociétal et progrès social, je pense qu’on se comprend... et on le voit encore aujourd’hui dans les banlieues « musulmanes » qui votent UDI ou PS, mais qui ont peur de « l’athéisme » des cocos... cela-dit sans caricature, car ce sont des questions anciennes). 

Concernant les intellos-précaires, à qui vous semblez vous en prendre, leur précarité sociale est réelle. En quoi l’expression politique d’un intello-chômeur est-elle moins légitime que celle d’un ouvrier-chômeur ? Vous voyez ? En quoi la misère de l’un est-elle moins légitime à s’exprimer politiquement que la misère de l’autre ? Quel est le tort de l’intello-précaire ? De ne pas voter FN bien peigné ? ...et d’ailleurs je connais personnellement un certain nombre d’ouvriers qui sont aussi des intellos... et quelques « patriotes » qui sont des vrais beaufs qui connaissent l’histoire de France selon Stéphane Bern... 

A mon avis, votre « coup de menton » est complètement infondé. Mais je vous accorde que c’est un lieu commun qui est répendu jusque dans les rangs progressistes, où je vois des fauchés raser les murs... alors que des employés bien installés dans leur pavillon avec droits-sociaux, votent FN pour « sauver la patrie » tout en passant leur soirée devant le foot à la télé... 

Concernant la « gauche milliardaire », elle ne vote pas au FdG... Tous les gens de Libé, Le Monde, Charlie-Hebdo et cie, votent au PS, à EELV version Cohn-Bendit Europe1... et plus généralement à droite, comme Doc Gynéco, Houellebecq Johnny, Depardieu, et récemment Renaud (pour Fillon). Donc, cette prétendue « gauche bobo miliardaire » qui vote Mélenchon n’existe pas. Elle vote libéral (UMP ou PS), ce qui est assez logique en fait. 

Je vous épargne les « sans-dents » fameux que seraient les anciennes icônes de la télé-poubelle qui votent au FN : Collard, Ménard, Delon, Bardot, Soral, Dieudonné et cie... Sans parler de l’universitaire « cosmopolite » qu’est Bruno Gollnisch... le « haut-fonctionnaire prébendé » qu’est Bruno Megret... le « ploutocrate ripoublicain » qu’est Jean-Marie Le Pen, qui vit d’argent public depuis son premier mandat en 1956 ! (ce qui en fait le plus vieil élu rentier de France)... Je ne vous parle pas des héritières Le Pen, des « petites bourgeoises » (dixti le père), qui ont hérité du parti au nez et à la barbe des militants « sans-dents »... Sans parler de « l’élu-professionnel » de Debout-la-France, ou du « technocrate-des-ministères » de l’UPR... 

Pour information, le monde ouvrier ne représente plus que 12% de la population active. Il se répartit entre les ouvriers non-délocalisables (et assez bien protégés), et les ouvriers immigrés ou sans-papier des chantiers de BTP et autre PME... Je pense pas que les sans-papiers votent FN... ni les maçons polonais au blacos... donc, le vote « ouvrier » du FN concerne surtout des ouvriers « protégés »... de même pour les fonctionnaires qui se mettent à voter FN... de même pour les petits-patrons... de même pour les zones pavillonnaires... 

Au fond, le vote FN reste typiquement un vote petit-bourgeois... ce qu’il a toujours été... depuis le poujadisme, qui représentait les petits-commerçants inquiets de se faire manger par les grandes-surfaces... c’est un vote légitime... mais ce n’est pas non plus le messie. 

Quant au « vivre-ensemble » et aux repas partagés, c’est une réalité de fait... aussi bien entre les classes sociales que les cultures ou les sexes... et ça va pas sans frictions... 

Mais dans ma petite ville moyenne de province, je vois qu’à la fin, ça se mélange grâce aux amours, aux passions partagées (foot pour les uns, musée pour les autres) et aux discussions au café... et tout ça sans tenir compte des « identités » assignées. Tout à l’heure je buvais des coups avec un ami magrébin... lui à la bière et moi au café (parce-que je travaillais après)... tout ça entre un kébab tenu par des turcs et un café tenu par un souchien... 

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