Bonjour alinea,
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J’imagine que beaucoup, ici, ont lu "Psychanalyse
et contes de fées", de Bruno Bettelheim. Je me souviens bien du Petit
Chaperon Rouge. Une gamine envoyée par sa mère inconsciente pour une
course insensée à son âge, qui traverse toute seule une sombre forêt
pleine de dangers inattendus, attifée d’une cape rouge aussi excitante
qu’une muleta pour toutes les passions adultes, incompréhensibles pour
un enfant...
De telles histoires devraient être interdites aux moins
de 18 ans, à moins de charger les enfants de toutes les angoisses. A
moins, bien sûr, de deviner que les contes sont des clés mises à
disposition des enfants pour apprendre les leçons de la vie. Apprendre à
faire le tri entre le monde enchanté et innocent des premiers âges et
celui de la réalité et des pièges des relations trompeuses. Même en
étant adulte, on n’a pas forcément compris toutes les clés que recèlent
les contes et les mythes. Oedipe a aussi commencé sous forme d’un conte.
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La
mauvaise blague laissée par Platon, - du moins par une certaine forme
transmise d’enseignement -, est d’avoir transformé ces clés, disponibles
pour chacun selon nos existences et nos moyens de compréhensions en
absolus indiscutables, qui précède nos moyens d’appréhension : le vrai,
le bien et le beau. La croyance nous donne les premiers repères à notre
existence, faute de tout comprendre, mais elle ne fait (ou devrait), que
précéder le savoir et aider à la venue des connaissances qui prennent
sens avec nos expériences.
C’est bien le hold up qui a été fait à
notre cerveau limbique, avec le Livre des monothéismes (ou de la
monolâtrie), qui a tronqué l’Eden Sumérien. L’Eden était un bagne, les
humains ont été créés par les dieux, afin de pourvoir à leur besoins par
leurs durs labeurs. Et imparfaits, afin qu’ils ne prennent pas leur
place. Avant la révolte nécessaire des humains.
Ce qui été fait de
l’Eden, on le sait bien : un monde fini et merveilleux, crée par un dieu
parfait, d’où nous nous avons perdu notre place. Et le serpent Enki,
qui apporte les connaissances aux humains est maudit à tout jamais. Et
le croyant cherche sa place auprès de son dieu (ou parent idéal), au
lieu de la chercher parmi les humains. Les anciens dieux pouvaient être
bons ou mauvais, surtout indifférents : on veillait à ne pas brusquer sa
force qui dépassait celle humaine.
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Il aurait fallu enseigner
Saint Thomas, avant Platon. « Je crois en ce que je vois ». A défaut de
griffes, dents pointues piquants et venins, nous sommes dotés des cinq
sens qui nous permettent de détecter le monde et d’élaborer l’existence
qui convient à nos besoins. Ce sont nos pratiques et nos expériences qui
attestent de ce qui convient, ou pas. Et qui apportent les plus solides
leçons de connaissances et de pouvoirs. Après seulement est possible la
caverne platonicienne, la limite de nos sens, les outils théoriques qui
y substituent. Mais surtout qu’elle ne détruise pas la confiance en
soi, ce que l’on est, l’on peut, pour la déplacer vers un Parent infini.
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Cela
aurait évité ce raccourci qui veut que le connu soit le bien et
l’inconnu soit le mal. Et les dissonances cognitives que nous subissons.
C’est la peur de ce qui « n’est pas scientifique », alors que le science a
pour but d’explorer l’inconnu, pas le savoir établi. C’est la
crispation religieuse vers une existence préformée quand les sentiments
qui conditionnent la sienne effrayent. C’est l’inconfiance en nos
pouvoirs disponibles à utiliser selon les besoins, qui laisse la raison à
celui qui a su s’en emparer, ou les cumuler pour ses intérêts propres,
ou expliquer le monde à sa façon... comme les dieux Anunnaki à qui on
laisse la part belle.
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Ou peut-être, tout simplement, s’il n’y a plus rien à faire dans notre société consumériste, il n’y a plus qu’à croire...