Coup d’État
Cinq minutes après l’intervention de Chávez, Lameda et le contre-amiral Molina Tamayo apparaissent sur Venevisión,
où beaucoup des leaders de l’opposition s’étaient rassemblés, rendent
Chávez responsable des violences et appellent les forces armées à
intervenir15. Une heure plus tard, Carmona et, entre autres, l’ex-ministre de Chávez Luis Miquilena
font des déclarations similaires et le message des officiers supérieurs
enregistré dans la matinée par Otto Neustald est diffusé15. À environ 19 h 30,
Venevisión commence à diffuser sa version des événements, montrant les
tireurs du pont Llaguno, juxtaposés avec des images de manifestants
morts ou blessés, accusant les pro-Chávez de tirer sur des manifestants
désarmés et de préparer une embuscade32
(cette version est largement reprise par les médias internationaux les
jours suivants). Peu après, le commandant de l’armée de terre, le
général Efrain Vasquez Velasco, accompagné d’autres hauts gradés,
déclare que Chávez a perdu leur soutien33.
Chávez tente de diffuser la version des faits du gouvernement, mais
se heurte à une forte opposition. La télévision vénézuélienne refuse
d’interviewer des membres du gouvernement, et celui-ci doit se contenter
d’émissions depuis le palais de Miraflores via la chaîne publique Canal 8 Venezolana de Televisión (VTV). À environ 22 h,
ce signal est aussi perdu lorsque la police de l’État de Miranda occupe
les installations de VTV, les employés lançant la diffusion d’un vieux
documentaire sur la vie animale avant de quitter les lieux33. Peu avant l’occupation par la police, le gouverneur de l’État de Miranda Enrique Mendoza déclare que « cette chaîne de [...] doit arrêter34. » À 22 h 20, le général Alberto Camacho Kairuz, de la Garde nationale, déclare à la télévision que Chavez a « abandonné »
ses fonctions. Chavez se trouve pourtant à Miraflores, en communication
avec des ambassadeurs de plusieurs pays pour les tenir informés des
évènements et demander leur aide en tant que médiateurs35. Autour de minuit Fidel Castro appelle et l’incite à ne pas partir et à suivre l’exemple de Salvador Allende dans le coup d’État de 1973 (qui est mort dans le palais présidentiel, bombardé par l’aviation et une unité de blindés). José Vicente Rangel déclarera plus tard que Castro avait insisté sur le fait qu’il n’y ait pas de suicide. « C’était le facteur déterminant. Son conseil nous a permis de mieux voir35. »