Assistants parlementaires : ces
témoignages qui accusent le MoDem.
Alors que François Bayrou présente ce
mercredi le projet de loi de moralisation de la vie publique en
conseil des ministres, le dossier de l’affaire des assistants
parlementaires du MoDem s’épaissit de jour en jour.
"J’imaginais
bien qu’il y en avait d’autres" : Corinne Lepage, au MoDem
de 2007 à 2010, avait la première accusé le parti de François
Bayrou de rémunérer ses salariés grâce à des emplois fictifs
d’assistants parlementaires d’eurodéputés. Ce mercredi sur BFMTV,
l’ancienne ministre de l’Environnement ne semble pas surprise par
l’ampleur prise par l’affaire.
C’est que le MoDem ressemble de plus en plus à une forteresse
assiégée : c’est désormais la secrétaire particulière de
François Bayrou, Karine Aouadj, qui est au cœur de la polémique.
L’ancienne collaboratrice du garde des Sceaux était embauchée comme
assistante parlementaire à temps partiel de deux eurodéputées du
MoDem, Claire Gibault puis Marielle de Sarnez, actuelle ministre des
Affaires européennes. Deux contrats qui pourraient être des emplois
de complaisance.
Les nouveaux éléments portés à la connaissance du public
par le Canard
enchaîné ce mercredi grossissent l’épineux dossier
des assistants parlementaires du MoDem, dont la justice s’est saisie
vendredi dernier. Le cas de Karine Aouadj s’ajoute
à celui de Matthieu Lamarre, ex-salarié du MoDem, qui a signalé
son cas au parquet de Paris la semaine dernière. Selon cet ancien
collaborateur, aujourd’hui conseiller presse d’Anne Hidalgo, il
aurait bénéficié d’une rémunération du Parlement européen entre
2010 et 2011 pour son travail au sein du parti.
En déplacement dans le Pas-de-Calais, François Bayrou botte en
touche :
"Il y a une enquête et l’enquête établira
les faits. Et je sais, moi, pour avoir confiance dans les
magistrats et pour savoir la réalité de ces choses, qu’il
n’y aura aucun problème pour que les magistrats disent ce qu’il
en est. Je suis sûr de l’issue et des preuves qui seront
immanquablement apportées."
Selon franceinfo
- que le garde des Sceaux a
contacté au sujet d’une enquête sur le sujet - il ne
s’agirait pas d’un cas isolé, mais bien d’un « système » de
financement des salaires du MoDem par les rémunérations
d’assistants parlementaires. Sur la période 2009-2014, une
dizaine de salariés du siège du parti étaient parallèlement
collaborateurs des députés européens du parti centriste.
Cependant, rien ne prouve pour l’heure que ces emplois aient été
fictifs.
Dans un livre paru en 2014, l’ex députée européenne Corinne
Lepage écrivait :
"C’est ainsi que des assistants parlementaires
servent en réalité le parti politique, et non le parlementaire…
Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le MoDem
avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires
travaille au siège parisien. J’ai refusé, en indiquant que cela
me paraissait d’une part contraire aux règles européennes, et
d’autre part illégal. Le MoDem n’a pas osé insister mais mes
collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence.
Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François
Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance
parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européens."
Alors que la loi de moralisation de la vie politique, portée par
François Bayrou, est examinée ce mercredi matin en conseil des
ministres, la situation politique d’un garde des Sceaux, président
d’un parti mis en cause dans une affaire d’emplois fictifs, pourrait
rapidement devenir intenable pour l’exécutif.
http://www.bfmtv.com/politique/assistants-parlementaires-ces-temoignages-qui-accusent-le-modem-1185785.html