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Commentaire de O Coquinos

sur Buchenwald par ses témoins


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O Coquinos O Coquinos 4 juillet 2017 00:43

@mmbbb (au sujet de votre commentaire du 3 juillet 14:45)

Tout à fait d’accord avec vous sur l’aggravation de la situation matérielle et morale de millions de Français, à peu près l’équivalent, en nombre d’individus, de la population grecque au grand complet si l’on ajoute au cinq catégories de chômeurs officiellement recensés par Pôle Emploi toutes celles et tous ceux qui ne s’y inscrivent même plus, ainsi que les vagabonds, les précaires (intérimaires, travailleurs à temps plein sous-payés, autoentrepreneurs au faible chiffre d’affaires ou retraités n’arrivant plus à joindre les deux bouts) et les conjoints et enfants de chômeurs qui pâtissent aussi de la conjoncture exécrable sans être comptabilisés.

En revanche, je ne vois pas pourquoi il ne faudrait plus parler de la tragédie des camps de concentration nazis (vous avez écrit : « Quant à cette histoire, nous devrions peut-être passer à autre chose ») - à condition toutefois de ne pas se limiter à l’holocauste des juifs et de s’intéresser tout autant à celui des Slaves, des Tsiganes, des communistes et des résistants en général, des handicapés et des homosexuels -, au prétexte que l’histoire bégaie et que de très nombreuses personnes en France, en Grèce, en Syrie et ailleurs connaissent de nos jours des instants pénibles ou atroces qui valent par leur intensité les affres de la Seconde Guerre mondiale. Ce que les déportés ont vécu dans les années 1930 et 1940 dans les camps allemands a valeur universelle et aide à comprendre ce que tous les déracinés de quelque époque et de quelque pays que ce soit ont également subi, qu’il s’agisse des communards, des Amérindiens, des Acadiens, des Noirs africains, etc., ou des millions de réfugiés actuels.

Quant à l’Allemagne qui « ne pense qu’à étendre son hégémonie économique », comment le lui reprocher ? Il est normal de la part d’un pays capitaliste aux tendances naturellement impérialistes d’accroître le plus possible sa domination sur d’autres Etats capitalistes tant que la faiblesse et la passivité de ces derniers la laisseront librement se renforcer, et il n’y a aucune raison de penser que l’appartenance à une entité supranationale dont la doctrine économique est le néolibéralisme puisse freiner cette tendance, bien au contraire (à moins de croire les balivernes européistes sur la solidarité intra-européenne). Ce qui me paraît beaucoup plus anormal, c’est qu’un Etat capitaliste tel que le nôtre (à supposer que vous soyez français) soit constamment à la remorque de l’Allemagne et, derrière elle (en dépit des bisbilles qui les opposent, au moins en apparence, depuis l’élection de Donald Trump), à la traîne des Etats-Unis d’Amérique. On ne peut reprocher aux dirigeants de la nation germanique de tout faire pour décupler sa puissance, selon la logique capitaliste, au détriment de ses « partenaires » européens (et aux dépens de son propre prolétariat, mais ceci est une autre histoire). On doit à l’inverse fustiger les gouvernements successifs et le grand patronat français pour avoir depuis plusieurs décennies non seulement humilié les masses populaires de notre pays par des regrès sociaux à répétition (comme cela a aussi été le cas en Allemagne, donc), mais d’avoir en plus sabordé progressivement l’économie de la France en poussant cette dernière dans la voie de l’intégration européenne, en la livrant aux effets pernicieux de la mondialisation, en la dotant d’une monnaie trop forte, d’un deutschemark européanisé et en laissant sa dette publique atteindre un niveau stratosphérique. En outre, l’on ne blâmera jamais assez Nicolas Sarkozy et François Hollande de nous avoir tous collectivement discrédités et rendus haïssables et méprisables aux yeux du monde non occidental pour avoir détruit la Libye, soutenu le Front al-Nosra en Syrie, sanctionné la Russie au grand dam de notre agriculture et de notre industrie, refusé stupidement de livrer les frégates que celle-ci avait eu la charité de bien vouloir nous commander, accueilli Porochenko à l’Elysée et Netanyahou lors de ladite marche républicaine du 11 janvier 2015 à Paris, et mené des guerres néocoloniales en Afrique...

Cela me fait penser aussi à tous ces gens de la gauche rose bonbon qui accusent l’Allemagne de faire la loi au sein des institutions européennes, notamment au Parlement européen (lequel joue un rôle essentiellement symbolique, destiné à donner un cachet démocratique à la dictature de Bruxelles, Francfort et Luxembourg chapeautée par Washington) ; ils oublient un tout petit détail : les décisions qui avantagent souvent l’Allemagne sont prises en commun par des cénacles et des assemblées de commissaires, de chefs d’Etat et de gouvernement, de ministres, de députés et de juristes parmi lesquels leurs pairs allemands sont très minoritaires. Indépendamment de son poids économique, si l’Allemagne domine l’UE sur le plan politique, c’est bien parce que la puissance suzeraine de l’UE (les USA) en a décidé ainsi et que les capitales des autres Etats membres, pourtant ultramajoritaires par rapport à Berlin, se sont rendues au verdict de leur donneur d’ordres (l’oligarchie atlantiste, par nature apatride, y trouve certainement son compte en France et dans les autres parties de la colonie états-unienne d’Europe). Comment expliquer autrement que les eurodéputés non germaniques, archimajoritaires, répondent favorablement, de façon quasi systématique, aux desiderata de l’Allemagne ? Personne ne leur place un pistolet sur la tempe, il me semble. Focaliser sur la République fédérale d’Allemagne permet surtout de détourner de l’Union les regards inquisiteurs des peuples mécontents, car l’UE est responsable au premier chef de toutes les décisions qui sont prises selon ses directives contre les nations qui la composent, et de toutes les mesures antisociales et antidémocratiques imposées par Bruxelles qui accablent les peuples de l’Europe non russe (Suisses, Norvégiens et Islandais exceptés puisqu’ils ne font pas partie de l’UE).

A ces quelques réflexions, j’ajoute une précision à mon premier commentaire (celui qui était à l’intention de J.-Fr ; Chalot). Si j’ai indiqué vouloir passer mes vacances sur la plage en bouquinant et en buvotant de l’ouzo, c’était pour inciter les prochains vacanciers à se procurer le livre en question avant leur départ et à l’emporter avec eux, bien qu’il ne soit a priori pas destiné à la villégiature. Un tel commentaire n’était cependant pas opportun en un temps où de plus en plus de gens n’ont d’autre choix que de passer leurs vacances estivales à leur domicile, y compris, je le suppose, parmi les habitués d’Agora vox.

Comme on disait dans le temps, je vous souhaite à présent la bonne nuit.


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