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Commentaire de O Coquinos

sur Sur François Asselineau, l'UPR, l'abstention et les trumpolâtres (1/2)


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O Coquinos O Coquinos 7 juillet 2017 18:10

@Daniel Roux

Bonjour.

Vous eussiez préféré que j’écrivisse (comme disent les bêtes à pinces) à la troisième personne du singulier ? Heureusement, je n’en suis pas encore rendu là. Dans l’en-tête de l’article, il est clairement indiqué « Tribune libre » : qu’y a-t-il d’étonnant, dans une tribune libre, à ce qu’un auteur s’exprime par commodité à la première personne du singulier ? Est-ce un signe évident de narcissisme ? Etre narcissique quand on écrit sous pseudonyme, avouez que c’est un mal relativement bénin. Cela devrait pouvoir se soigner facilement, je vais en parler à mon psy.

« L’auteur n’en finit pas de s’excuser d’avoir égratigner Asselineau » : cette assertion est sans fondement puisqu’elle ne fait allusion qu’à un seul passage de l’article, au début du 4e paragraphe : "Pour ma part, je n’étais et ne suis pas du tout opposé [...] relayée par certains« . Soyez précis et honnête dans vos critiques, si ce n’est pas trop vous demander.

 »99% des électeurs qui se sont exprimés préfèrent la sécurité de l’UE à l’aventure, hors UE«  : faux et archifaux, et vous le savez très bien ; de nombreux électeurs du FN, de DLF, de FI et du NPA pensaient que leurs champions respectifs prônaient la sortie de l’UE. C’est l’une des raisons du résultat en apparence décevant d’Asselineau. L’aventure hors UE, c’est-à-dire la vie comme nous l’avons connue pendant des dizaines d’années au sein d’un espace national et international avant 1993, c’est l’espoir de connaître la fin du cauchemar pour les millions de laissés pour compte dont regorge à présent la France.

 »Poutine en sera pour ses frais«  : quels frais ? Parce qu’une banque russe a accordé un prêt au FN ? Parce que vous croyez que le tsar Poutine compte sur Marine Le Pen pour désintégrer l’UE par l’intermédiaire de la France ? Que voulez-vous dire au juste ?

 »L’auteur ne semble pas savoir que les riches grecs, avaient déjà transféré la majeur partie de leurs milliards d’avoirs et de liquidités en euros, en Allemagne et au Luxembourg, comme l’avaient fait avant eux, les riches Argentins vers les US, avec le résultat catastrophique que l’on sait pour L’Argentine, à condition de s’intéresser à la réalité.« Merci du renseignement, c’est une révélation pour moi. L’Argentine est justement un assez bon exemple de ce que Tsipras aurait pu faire s’il avait été de gauche, ou tout au moins patriote : tenter de se dégager de l’emprise de la dette publique, du FMI et des multinationales et adopter une politique de relance économique favorable au peuple et qui, quoique loin d’être socialiste, porta ses fruits en réduisant sous la présidence de Nestor Kirchner le taux de pauvreté en Argentine. Idem à propos du Venezuela et de la Bolivie. Mais pour en faire autant en Grèce, encore fallait-il s’affranchir au préalable du carcan européen, ce qui aurait permis du même coup de lutter avec plus de résultat contre la fuite des capitaux.

Le »malheureux« Tsipras, comme vous osez le qualifier n’a quasiment jamais rien fait d’autre dans sa vie que de la politique. Il fut très jeune encore (34 ans) président du parti Synapismos qui devint en 2012-2013, à son initiative, Syriza, et qui était représenté à la fois à la chambre des députés grecque et au Parlement européen. Tsipras n’ignorait donc pas, comme n’importe lequel de ses collègues politiciens, comment fonctionnait l’UE, quels en étaient les rouages et quelle était la marge de manoeuvre d’un gouvernement national hyperendetté souhaitant faire demeurer son pays à l’intérieur non seulement de l’Union, mais aussi de la zone euro : aucune.

Si vous ne comprenez pas, de votre côté, que lorsqu’on présente impudemment un programme tel que le »programme de Thessalonique« entièrement conçu de façon extrêmement grossière pour duper ses concitoyens afin de se faire élire, qu’on se rend dans les capitales étrangères pour rassurer l’oligarchie atlantiste sur ses véritables intentions, qu’on remporte une élection en faisant campagne à la Macron, avec des slogans creux ( »L’espoir vient !« ) disant ce qu’une grande partie de la population persécutée souhaite bien évidemment entendre, qu’après quelques jours d’exercice du pouvoir on se couche face à la troïka, qu’après quelques mois on prend le risque d’assécher la trésorerie et de bloquer le fonctionnement des services publics et des collectivités locales pour pouvoir rembourser les banques et les Etats prêteurs sans même attendre les conclusions d’une enquête parlementaire sur la légitimité de la dette qu’on a soi-même initiée et sur lesquelles on s’asseoit sans autre forme de procès lorsqu’enfin elles sont produites et, pire que tout, lorsqu’on organise un référendum en espérant que l’insensée campagne de presse en faveur du oui incitera les électeurs à voter pour ce oui (ce qui aurait permis à Tsipras d’accéder à toutes les exigences des créanciers de la Grèce sans se discréditer aux yeux de sa propre population - il remporta les législatives de septembre 2015 grâce à un fort taux d’abstention), que le peuple vote non et qu’on fait comme s’il avait voté oui, si vous ne comprenez pas que quand on a fait tout cela on n’est qu’un imposteur de la pire espèce, alors je comprends que vous jugiez mon argumentation »assez vide« .

Vous êtes de ceux qui prétendent être ancrés dans la réalité en souffrant d’une presbytie handicapante, de ceux qui constamment dédouanent les politiciens qui font le contraire de ce qu’ils avaient inscrit dans leur programme électoral en invoquant le fameux »c’est pas de leur faute, on les a pas laissé faire«  ! Quelle drôle de conception de la démocratie : à quoi servent les élections si le peuple ne peut pas être efficacement représenté, même par la gauche extrême  ?

Ma position est aux antipodes de la vôtre : j’appelle un chat un chat, et un imposteur un imposteur. J’estime que lorsqu’on n’a pas la force de conviction ou la carrure d’un Delescluze, d’un Jaurès, d’un de Gaulle, d’un Lumumba, d’un Chavez ou d’un Morales, avec tous leurs défauts éventuels, il faut renoncer à faire de la politique si l’on est honnête avec soi-même et surtout vis-à-vis de ses concitoyens, et aller vendre des fruits et des légumes sur les marchés de manière au moins à se rendre réellement utile à ses concitoyens. Nous, le peuple, n’avons pas besoin d’un Tsipras ou d’un Mélenchon (et encore moins des autres européistes) pour faire le travail de la droite une fois parvenus au pouvoir, avec ou sans un Jospin premier ministre ; en revanche, l’oligarchie, elle, a besoin d’eux comme roues de secours, et c’est pour cela qu’elle les médiatise. C’est pourtant limpide.

Du jour où Asselineau occupera des fonctions d’élu sous les couleurs de l’UPR et qu’il se comportera comme n’importe lequel de nos politicards, je serais l’un des premiers à lui tomber sur le râble. Je crois que c’est aussi cela être démocrate : ne jamais s’obstiner à soutenir des dirigeants politiques après que les premières preuves de leur compromission sont apparues.

 »C’est ainsi, il y a toujours des « bouche d’or » jusqu’au-boutistes qui préfèrent laisser les autres mourir pour des principes et des idées, plutôt que de réfléchir et de s’adapter, aux faits et à la réalité" : qui laisse mourir qui ? Est-ce que vous êtes conscient de l’énormité de ce que vous écrivez ? Etes-vous conscient que les gens crèvent pour de vrai de faim, de manque de soins, de désespoir à Athènes, à Thessalonique, à Patras et dans toutes les villes de Grèce sans parler des camps de réfugiés de guerre et de clandestins dans les îles et sur le continent, souffrant à l’heure où j’écris cette réponse en grande partie à cause du maintien dans l’UE de ce pays exsangue et par la faute de gouvernants qui ne bougent pas le petit doigt pour les défendre, contrairement à ce que vous paraissez croire ? Vous vivez sur une autre planète. Si vous en avez l’occasion ou les moyens, allez donc vous promener un jour en dehors des zones touristiques à Athènes, aux abords du port de Patras ou dans les faubourgs d’Iraklio et vous y verrez des gens, immigrés et autochtones, qui fouillent le fond des bennes à ordure pour y dégoter quelques restes à moitié pourris pour pouvoir se nourrir. Voilà où ça mène de rester coûte que coûte au sein de l’Union (il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’aller si loin pour constater les effets désastreux sur les prolétaires de l’appartenance à l’Union : on en trouvera en France de multiples preuves, hélas ! de plus en plus nombreuses). Et si vous pratiquez la langue du pays, discutez avec les habitants et demandez-leur ce qu’ils pensent de Tsipras, toutes tendances confondues, y compris les ex-syrizistes. Ils vous diront comment les députés de Syriza sont obligés d’être exfiltrés par la police anti-émeute, en catimini, en passant par les jardins qui jouxtent la Vouli lorsque le peuple se fait menaçant dehors, place Syndagma.


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