@jaja 3/4
Aujourd’hui règne le marasme idéologique où l’on voit certains se
réclamer de la gauche tout en soutenant la droite qu’est l’UPR, celle
de l’ex collaborateur des Pasqua (le facho), de Tibéri (le truand)...
Une « gauche » qui oublie (et même pourfend) ce qu’exigeaient déjà nos
aïeux depuis la Révolution française et la Conjuration des Égaux de
Baboeuf : l’égalité sociale entre tous ! Donc la fin du système
capitaliste ! Holà ! Tout beau ! Pour le coup, vous mélangiez un peu tout, vous faisiez dans la salade niçoise ou la choriatiki salata. L’UPR a produit un document détaillé expliquant quelle fut la nature des relations de son dirigeant
avec l’ancien ministre de l’Intérieur et dénonçant les allégations de
collaboration avec l’ancien maire de Paris qui l’ont visé. Après avoir
adhéré au RPF de Charles Pasqua et de Philippe de Villiers en 1999
(parti fondé la même année), Asselineau a effectivement travaillé du 1er
juin 2000 au 30 mars 2004 comme fonctionnaire détaché au Conseil
général des Hauts-de-Seine dont Pasqua était alors le président (c’était
plusieurs années après que ce dernier eut été ministre de l’Intérieur
dans le gouvernement Balladur), et, à l’occasion des élections
municipales de mars 2001, il se présenta dans la Capitale sous les
couleurs du RPF en tête d’une des listes de ce parti (dans le XIXe
arrondissement) alliées à celles du maire de Paris sortant, à la suite
d’un accord passé entre Pasqua et Tiberi. Aujourd’hui, pour des raisons
évidentes eu égard à la réputation sulfureuse du couple Tiberi, l’UPR
nie toute proximité entre son président-fondateur et l’ex-lieutenant de
Jacques Chirac : FA aurait « mené sa campagne en quelques semaines, en
toute indépendance et sans concertation avec les équipes de M. Tibéri »
et « M. Asselineau n’a jamais travaillé avec M. Tibéri à la mairie de
Paris… » Il est cependant indéniable que se mettre au service de Pasqua
fut une faute impardonnable qui lui sera éternellement reprochée, car
personne n’ignorait quelle était la sensibilité politique véritable de
son employeur (je l’ai rappelée dans la note de fin n°29 de mon premier article paru sur Agora vox). Et le slogan final de ses affiches pour sa campagne municipale parisienne début 2001 axée sur le thème
sécuritaire, thème d’extrême droite par excellence, ne laissait guère de
doute sur sa disposition à travailler avec Jean Tiberi dans le cas où
celui-ci eût été réélu : « Ensemble pour Paris avec Jean Tiberi » ! On y
lisait aussi que, secrétaire national du RPF, Asselineau était « l’un
des proches collaborateurs de Charles Pasqua… » À cette époque, le
tempérament du jeune quadragénaire au visage anguleux qu’il était tenait
davantage du roquet hargneux de la droite dure que du paisible et
replet gaulliste social frisant la soixantaine qu’il est devenu.
Asselineau a incontestablement commis plus d’une bévue dans les
engagements politiques de sa jeunesse et du début de sa maturité, du
point de vue même qui est aujourd’hui celui de l’UPR, et tout ne peut
pas être imputé pour le dédouaner à un cruel manque de discernement de
sa part. Mais il se plaçait alors dans l’optique classique de la
rivalité gauche/droite — qui est aussi la vôtre —, n’ayant pas encore compris, semble-t-il,
qu’il lui faudrait dépasser ce clivage en vue d’atteindre son but
final — la libération de la France — et fonder pour cela un parti
d’unité citoyenne reprenant le modèle du CNR. Laisser entendre, comme
vous le fîtes, que « la droite qu’est l’UPR » est liée à celles du
« facho » Pasqua et du « truand » Tiberi, relève toutefois de la pure
médisance : c’est un peu comme si je suggérais que votre soutien au NPA
— formation dérivée du trotskysme, Léon Trotsky ayant joué un rôle
déterminant dans la terrible répression exercée par l’Armée rouge contre
les marins révoltés et sincèrement communistes de Kronstadt, en mars
1921 — témoignait de votre opposition aux comités révolutionnaires
démocratiques et de votre pleine adhésion à la dictature du parti
communiste… (un comble de la part d’un supporteur ou d’une supportrice
du NPA !) Ce serait à peu près tout autant tiré par les cheveux que de
classer actuellement François Asselineau à l’extrême droite sur la foi
de on-dit et en raison de ses graves erreurs passées (moins graves quand
même que le soutien sans faille à l’impérialisme états-unien qui
caractérise certain parti anticapitaliste…).
Le « marasme idéologique » que vous évoquiez à mon propos, vous
semblez y patauger vous-même jusqu’aux hanches et depuis longtemps. Vous
avez réagi à mon article de façon binaire comme si tout était ou blanc
ou noir dans votre esprit, sans aucune nuance de couleur primaire ou
secondaire. D’après la teneur de votre commentaire, vous donnez le
sentiment de ne vous arrêter qu’à la surface des choses : il suffit
qu’un Poutou (ou pour d’autres que vous une Arthaud ou un Mélenchon)
vous dise ce qu’il vous plaît d’entendre — et il sait exactement comment
vous caresser dans le sens du poil — pour vous imaginer qu’il est du
côté des prolétaires. Au rebours, l’incrimination « Asselineau est de
droite ! » vous fait fulminer au quart de tour et peu vous importe que
FA ait fait la démonstration par A + B de la nécessité absolue et
urgente pour notre peuple de quitter le Titanic européen avant qu’il ne soit trop tard, car vous paraissez peu vous soucier du fait qu’au bout du compte ce seront les petites gens qui
régleront l’essentiel de l’ardoise (elles paient depuis un paquet
d’années déjà les premiers pots cassés) ; ce qu’il se passe en Grèce,
même si chaque cas est particulier, devrait vous donner à réfléchir. Je crois que
ce qui prime dans votre entendement de la politique comme dans celui
d’autres militants/sympathisants d’extrême gauche de ma
connaissance, c’est le bla-bla de personnalités médiatiques — Poutou en
est une à présent (moins certes que Besancenot, mais beaucoup plus que FA) — qui se revendiquent de
la gauche radicale, mais qui dans la pratique, sous couvert d’élever leur sublime lutte bien au-dessus du combat bassement national ou européen,
n’ont de cesse de protéger les institutions capitalistes qui ont plongé
très concrètement avec la complicité des élites locales Grecs,
Espagnols, Italiens, Portugais, Irlandais et de très nombreux Français
dans la misère (ne parlons même pas du prolétariat allemand, des peuples
de l’ex-Europe de l’Est ou des Balkans).
Brève mise au point en passant. Vous sembliez m’accuser de
« pourfendre » le principe de l’égalité sociale et de renoncer à mettre
fin au capitalisme : vous vous égariez complètement. Ce que je tente de
pourfendre, du haut de mon balcon, avec ma petite cape de Zorro et mon
épée en plastique, ce sont les faux amis des travailleurs, les faux
rebelles, les faux révolutionnaires, les faux opposants et la fausse
gauche choyée par les médias, vrais auxiliaires du capital, dont la
duperie n’est pas inférieure en profondeur et en noirceur à celle des
suppôts de droite de l’oligarchie atlantiste qui opèrent au moins, eux,
au vu et au su de toute personne douée d’un minimum de sagacité.