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Commentaire de philippe baron-abrioux

sur Les nouveaux esclavages du monde moderne...


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philippe baron-abrioux 6 août 2017 11:11

@Rosemar ,

 Bonjour Rosemar ,

 combien de parents de ce monde « moderne » ont ils pris le temps de lire à leurs enfants ou de leur offrir « la case de l’oncle Tom » ?

 ma mère est née ( père haut fonctionnaire de la police) à HanoÏ ,au Tonkin (selon ce qui figurait sur sa carte d’identité) , région de Vietnam, en 1915 donc bien après la loi d’abolition de 1848 de Victor Schoelcher .

 elle a fui son père violent et quand elle évoquait le Vietnam qu’elle avait quitté à 18 ans , elle me parlait des « boys » , serviteurs masculins et des « kongaïs » , femmes au service, au sens large visiblement , du maitre de maison et de le famille entière , à toute heure du jour et de la nuit .

quand je lui posais des questions plus précises pour comprendre comment un tel système avait perduré , sa réponse était le plus souvent :« c’était admis chez tous ceux qui en avaient les moyens » .

 « c’était admis ! » mais au nom de quoi , à quel titre , par qui ?

 les nouveaux esclavages du monde « moderne » , titre de votre article , sont parfaitement identifiés , localisés, chiffrés et les réseaux qui les alimentent connus (et reconnus comme tels ) , mais semblent , eux aussi être admis comme inévitables conséquences d’un marché économique hyper consumériste qui vise à inonder de marchandises innombrables des produits fabriqués à bas coût pour des consommateurs assoiffés qui , bien qu’informés des conditions de production de ces produits , se retranchent derrière des « au moins ça leur permet de manger , de s’habiller eux mêmes et (parfois seulement de se loger et de se soigner ) ! »

 foutaise , mensonge éhonté qui ne visent qu’à se donner bonne conscience et exonère d’accepter l’effort de réagir , y compris , si rien n’est fait, par le boycott , comme je l’ai pratiqué pour certains produits importés provenant de pays ne respectant aucun des droits fondamentaux ou pratiquant des politiques de ségrégation .

 est ce si difficile d’être vigilant et lors de nos achats de tenir compte de l’étiquette de provenance du produit sur lequel on lorgne ?

curieux , on est plus attentif sur les conditions de lavage , d’entretien , la fiabilité du S.A.V que sur les conditions de vie ou de fabrication de celui ou de celle qui a produit et qui, si le hasard en avait décidé ainsi , pourrait être nous , un de nos enfants ?

 se faire plaisir à soi, parce qu’on en a les moyens sur le moment, en contribuant de façon claire et consciente à maintenir dans une forme « moderne » d’esclavage à vie celle ou celui qui , ici ou là , crève à petit feu de son travail forcé , est ce impossible d’y penser quand on s’offre à bas prix ce bien dont on n’a pas toujours réellement besoin ?

 le monde moderne dont vous parlez admet donc , en toute conscience , au nom de la loi du marché « mondialisé » , ce monde « ouvert » à la consommation aveugle et sourde à la condition humaine de ceux qui n’ont d’autre choix que de vivre (ou survivre plutôt ) dans un monde « fermé » aux droits les plus élémentaires , bafouant toutes les déclarations sur les droits de l’homme , de la femme et de l’enfant , en vantant la « modernité , comme vecteur de progrès , tout en admettant de façon cynique que tout progrès fait inévitablement des victimes , des » dégâts colatéraux« .

 des produits élaborés de façon  »équitable « , respectant l’environnement , les conditions de travail assurant une juste rémunération des producteurs existent et sont disponibles (parfois à un prix inaccessible aux moins argentés ) sur le marché , mais qui et quand aura le courage , sans doute pas d’interdire mais au moins de surtaxer lourdement et de façon dégressive ,de mettre sur le marché les produits fabriqués au mépris de toutes les lois internationales , y compris et en premier lieu , tous les pays qui les piétinent joyeusement , au vu et au su de tous mais dans une indifférence telle qu’elle s’assimile à une forme de cautionnement des ces pratiques illégales et amorales ., ?

 si l’économie de marché obéit à des lois dont on ne cesse de nous présenter les avantages , elle est aussi soumise à d’autres lois , ratifiées par la grande majorité des pays producteurs : les lois qui protègent celles et ceux qui lui permettent de fonctionner .

 ici comme ailleurs , une chose est de »produire de la LOI , autre chose est de la faire connaître et de la faire respecter .

 c’est sans doute ce point qui serait « moderne » .

 on voudrait nous vendre un monde « moderne » , « ouvert » , en oubliant qu’en fait une bonne partie de l’humanité , du fait de notre complaisance , vit dans un monde fermé ,verrouillé , enchaîné par des lois et des pratiques iniques , hors d’âge , auquel il convient de bien réfléchir car les esclaves n’ont pas vocation à le rester indéfiniment .

 c’est ce à quoi je pensais quand je passais à Cayenne devant la place anciennement appelée Victor Hugo et qui depuis 1899 ,époque où fut installé sa statue , s’appelait Victor Schoelcher .

 bonne fin de journée !

 P.B.A

 


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