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Commentaire de Jean-Marc B

sur Le Jass, c'est quoi ce bordel ?


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Jean-Marc B 22 août 2017 15:31

Merci Monsieur Cabanel pour cet article .
L’histoire de toutes les musiques est passionnante .... La musique est souvent accaparée, censurée, au profit de tous les groupes qui veulent régner sur les corps et les esprits
Il est bien difficile de situer les origines du jazz. Le Blues a dû exister bien avant la fin de l’esclavage. Auparavant, on ne prêtait pas attention aux esclaves noirs qui n’étaient pas considérés comme des hommes. On ne notait doncpas leurs productions...
Le Jazz est en partie le produit de la rencontre de la musique de l’Europe et de celle de l’Afrique , en Amérique.
Les chants de la liturgie grégorienne (à un moment donné les esclaves ont été obligés d’assister aux offices religieux) ont inspiré les noirs (ils trouvaient sûrement une communauté de destin entre le sort des juifs emmenés en esclavage en Egypte) qui ont interprété les chants à leur façon . Le « go down Moses » est né ainsi tout comme d’autres « Negro spirituals » basés sur l’Ancien Testament (la Bible). Le gospel , plus tard fera référence au Nouveau Testament (les Evangiles).
Les noirs ont dû remarquer que les blancs ne se privaient pas non plus pour interpréter les chants grégoriens. Pour en faire des musiques à danser. Le ’dies irae’ était devenu dans l’est de la France , une sorte de polka, un branle, en rythme binaire : « j’ai vu le loup le r’nard le lièvre ... cheuler » . La langue auvergnate avec ses accents différents a donné une musique au rythme ternaire , une bourrée : « I vist lou lou loulérré ... » . toutes ces musiques, les noirs ont pu les entendre....
Pas étonnant que les noirs fassent de ce même chant grégorien cette adaptation ternaire : le « go down moses » , repris plus tard par Nougaro sous le titre « Armstrong ».
Evidemment l’église n’admettait pas que le chant grégorien soit ainsi détourné . le chant grégorien était sous tendu par une pulsation constante semblable à ce dieu ; moteur du monde (Aristote dixit)Il ne fallait pas détourner le peuple des fidèles du sens des paroles par un rythme sensuel . Mais l’église a fini par admettre que le rythme ternaire marque certains chants liturgiques. Parce que la pulsation divisée par trois correspondait bien à cette idée d’un dieu en trois personnes : le père , le fils et le saint esprit .
Le chant grégorien conduisait les fidèles à se tourner vers le ciel, les adaptations dansées conduisaient le peuple à serrer les coudes, ici et maintenant. Déjà là, on avait affaire à deux visions du monde !

La musique instrumentale syncopée qui a été joué dans les bordels a été celles des premiers orchestres de musiciens noirs qui avaient pu acquérir des instruments bradés lors du démantèlement des armées et des musiques militaires de la guerre de Sécession. Les thèmes joués au début étaient les Blues, les adaptations des chants religieux , les musiques militaires adaptées en rythme syncopé .... Puis des compositeurs enrichirent le répertoire ... de ce qui est devenu le jazz, dès lors ,depuis qu’il était une musique instrumentale.


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