• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Fanny

sur Les mythes éculés de Mai 68


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Fanny 9 novembre 2017 21:43

@Fifi Brind_acier

Suis un ancien de 68. Pas spécialement fier. Pas vraiment honteux non plus, car il était impossible de savoir, dans le feu de l’action, vers quoi tout cela se dirigeait.

J’ai eu un doute quand un ami tchécoslovaque, réfugié en France en 68, m’a déclaré que Pompidou serait le rêve pour ses concitoyens et lui-même.

Votre analyse version « révolution colorée » ne me convainc pas. Elle me rappelle cependant un souvenir : j’accompagnais un étudiant dans sa 4L sur le trajet « de la fac à l’AG », et nous avons été arrêtés. Conduits au commissariat puis dans les locaux des RG. Les tracts que nous transportions portaient sur la fabrication de cocktails molotov. Le flic en civil qui nous a gardés la nuit s’ennuyait ferme. Nous avons donc engagé un débat sur mai 68. Sa thèse était proche de la vôtre : complot des banques pour chasser De Gaulle. Il précisait des « banques juives ». Mon copain, conducteur de la 4L, était d’origine juive autrichienne. Il a apprécié. Nous avons été libérés le lendemain matin, suite à des coups de fil faisant savoir aux flics que nous étions de futurs ingénieurs, donc des petits bourgeois à ménager.

Pourquoi je n’adhère pas à la thèse « révolution colorée » ? Parce qu’il s’agissait d’un mouvement mondial, profond, d’une cassure, du passage d’une époque à une autre (un changement de paradigme, comme disent les sachants). Un tel phénomène ne pouvait, à mon avis, être piloté par une quelconque officine, serait-ce la CIA ou un quelconque Soros de l’époque. Que cela ait été une opportunité que les Anglosax ont saisie (avec l’aide de Giscard) pour virer De Gaulle, sans aucun doute.

Là où vous avez raison, c’est sur le sens finalement pris par mai 68 : une victoire des marchands. C’est aujourd’hui le sens des « révolutions colorées ». Au « tout est permis » de mai 68 a succédé le « tout est possible » d’aujourd’hui. La suite logique est anticipée : en route vers le transhumanisme, vers la satisfaction de tous les désirs humains, pourvu que leur satisfaction produise du PIB, des dividendes et des bénéfices, sans se soucier des dégâts collatéraux (dont éventuellement la disparition de l’espèce humaine). On retrouve d’ailleurs les mêmes acteurs en 68 et aujourd’hui : l’extrême gauche, les antifas, comme allumette d’un phénomène qu’ils ne contrôlent ni ne comprennent.

Nous sommes tous, à un moment ou à un autre, des « idiots utiles ».


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès