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Commentaire de JC_Lavau

sur Pêche électrique : l'UE, c'est le pire de la jungle oligo-libérale


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JC_Lavau JC_Lavau 2 décembre 2017 10:35

Témoignage personnel, qu’on pourra trouver anecdotique.

J’ai pratiqué la grande pêche, sur une marée de 15 jours et demi, sur un chalutier lorientais, en 1965.
Nous pêchions sur des fonds de 500 à 800 m au nord de l’Irlande, à l’W de l’Ecosse.
En 1965 la pêche arrière était une nouveauté, minoritaire. Notre Maine-Bretagne était un 41 m qui pêchait par le flanc tribord.
A l’époque le sabre, bien que d’une chair succulente, ne se vendait pas : peau trop fragile, immédiatement trop abimée. Il était rejeté à la mer en grandes masses.
Etaient visés les poissons chers : le merlu, et les rares cabillauds. Les rares poissons plats.
Les dorades, les juliennes, et congres se vendaient trois à quatre fois moins cher, et les hommes faisaient la grimace quand c’étaient ça qu’ils voyaient dans la poche.

On remontait aussi des boules de rocher, des requins bruns de fond, dit « cochons ». Rarement des flétans.

Le ravage des fonds était évident, et nous étions plus d’une dizaine de chalutiers sur zone.
Dans les années trente, les chalutiers étaient à voile, gréés en ketch. Ils ne pouvaient chaluter qu’au vent de travers. Certains de ces Brixham trawlers naviguent encore (en plaisance ou comme navires écoles). Ils ont rapporté le maximum de tonnage en 1934. Depuis, les réserves halieutiques n’ont cessé de décliner.

Le gouvernement a envoyé des bretons chaluteurs en Guadeloupe. Le désastre : ils perdaient leurs chaluts dans les coraux. Puis il a envoyé un brusquais, avec son pointu. qui a vite découvert (1963) qu’il lui fallait un tramail trois fois moins long, et installer une glaciaire dans l’espace ainsi dégagé. Un artisan recopiait la construction du pointu, sans grand espoir de le vendre : construction bien trop chère pour les moyens des pêcheurs guadeloupéens.
 
Pour l’essentiel, il s’agit d’une industrie sans espoir : ruinée par son efficacité même.

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