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Commentaire de Gollum

sur Marie Noël ou la traversée de la nuit - Cinquantenaire de sa mort et procès en béatification


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Gollum Gollum 23 décembre 2017 17:44

@velosolex

Bonjour. Oui c’est très regrettable le mépris des animaux qui a été la règle jusqu’ici..

Ce n’est pas fini d’ailleurs avec les abattoirs soumis à des rythmes infernaux. Et donc à une maltraitante accrue.

Nietzsche n’a jamais participé à ce mépris. 

Bien d’accord sur la notion de bien et de mal chez les animaux. On sait que les éléphants font leur deuil devant les ossements d’une matriarche. Et ce pendant des jours.

Je vous livre l’aphorisme 26 du livre 1 d’Aurore de Nietzsche, on appréciera la phrase de fin qui sert de conclusion :

Les animaux et la morale. — Les pratiques que l’on exige dans la société raffinée, éviter avec précaution tout ce qui est ridicule, bizarre, prétentieux, réfréner ses vertus tout aussi bien que ses désirs violents, se montrer semblable aux autres, se soumettre à des règles, s’amoindrir, — tout cela, en tant que morale sociale, se retrouve jusqu’à l’échelle la plus basse de l’espèce animale, — et ce n’est qu’à ce degré inférieur que nous voyons les idées de derrière la tête de toutes ces aimables réglementations : on veut échapper à ses poursuivants et être favorisé dans la recherche de sa proie. C’est pourquoi les animaux apprennent à se dominer et à se déguiser au point que certains d’entre eux parviennent à assimiler leur couleur à celle de leur entourage ( en vertu de ce que l’on appelle la «  fonction chromatique  » ), à simuler la mort, à adopter les formes et les couleurs d’autres animaux, ou encore l’aspect du sable, des feuilles, des lichens ou des éponges ( ce que les naturalistes anglais appellent « mimicry » ). C’est ainsi que l’individu se cache sous l’universalité du terme générique «  homme  » ou parmi la «  société  », ou bien encore s’adapte et s’assimile aux princes, aux castes, aux partis, aux opinions de son temps ou de son milieu : et à toutes nos façons subtiles de nous faire passer pour heureux, reconnaissants, puissants, amoureux, on trouvera facilement l’équivalent animal. Le sens de la vérité lui aussi, qui, au fond, n’est pas autre chose que le sens de la sécurité, l’homme l’a en commun avec l’animal : on ne veut pas se laisser tromper, se laisser égarer par soi-même, on écoute avec méfiance les encouragements de ses propres passions, on se domine et l’on demeure méfiant à l’égard de soi-même ; tout cela, l’animal l’entend à l’égal de l’homme ; chez lui aussi la domination de soi tire son origine du sens de la réalité ( de l’intelligence ). De même l’animal observe les effets qu’il exerce sur l’imagination des autres animaux, il apprend à faire ainsi un retour sur lui-même, à se considérer «  objectivement  », lui aussi, à posséder, en une certaine mesure, la connaissance de soi. L’animal juge des mouvements de ses adversaires et de ses amis, il apprend par cœur leurs particularités : contre les représentants d’une certaine espèce il renonce, une fois pour toutes, à la lutte, et de même il devine, à l’approche de certaines variétés d’animaux, les intentions pacifiques et conciliantes. Les origines de la justice, comme celles de l’intelligence, de la modération, de la bravoure, — en un mot de tout ce que nous désignons sous le nom de vertus socratiques — sont animales : ces vertus sont une conséquence de ces instincts qui enseignent à chercher la nourriture et à échapper aux ennemis. Si nous considérons donc que l’homme supérieur n’a fait que s’élever et s’affiner dans la qualité de sa nourriture et dans l’idée de ce qu’il considère comme opposé à sa nature, il ne sera pas interdit de qualifier d’animal le phénomène moral tout entier.



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