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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Hommage à un Héros : quelles mesures nationales efficaces après la mort du Lt-Colonel Arnaud Beltrame ?


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 27 mars 2018 13:51

Aux Lecteurs.
Un article très intéressant, clair, pondéré,offrant une analyse sérieuse d’une situation complexe et qu’on lira avec avantage :

https://www.causeur.fr/dalil-boubakeur-le-point-islamophobie-150186?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=b6b00ded59-Newsletter&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-b6b00ded59-57275213

Dans Le Point, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, « s’insurge contre les intellectuels, les médias et les politiques qui nourrissent la peur et l’islamophobie ».

La tribune de M. Boubakeur dans Le Point du 22 mars est désespérante. Voilà encore reprise, avec tous ses poncifs et toutes ses malhonnêtetés, la bouillie manichéenne, communautariste et contre-productive qui semble être devenue la norme de pensée des musulmans invités à s’exprimer dans les médias. Le « nous » et le « eux » ; la population majoritaire coupable, irrémédiablement, et les musulmans victimes, éternellement.

Rien n’y manque, pas même les mots pourtant si galvaudés d’ « amalgame » et de « stigmatisation ». Ni bien sûr la référence à l’ « islamophobie » qui « gangrène » la France, révélée tant par l’ « affaire du foulard » de Creil en 1989 que par les débats provoqués par les « prières de rue » ou même la « burqa », étendard s’il en est de l’idéologie la plus obscurantiste.

L’islam n’a rien à voir avec l’islamisme

En revanche, aucune réponse à ces faits eux-mêmes, pourtant constitutifs du problème de la pratique religieuse de certains musulmans aujourd’hui. Rien sur l’Etat islamique, sur le wahhabisme, sur les Frères musulmans, et sur les milliards investis par les théocraties propageant l’islam fondamentaliste, intolérant et conquérant partout dans le monde.

Rien non plus sur la haine montante de nos fameux « territoires perdus », où, pour un certain nombre d’habitants, Mohamed Merah n’est pas un monstre mais un héros et les assassins terroristes, des « résistants ».

M. Boubakeur oppose une fin de non-recevoir aux liens entre islam et islamisme, là où de nombreux spécialistes du monde musulman démontrent ou témoignent du fait que les préceptes invoqués par les fondamentalistes pour massacrer les « infidèles » procèdent d’une lecture ­ littérale ­ du Coran lui-même : les poètes syriens Adonis1 et Omar Youssef Souleimane2, ancien salafiste éduqué dans une école wahhabite en Arabie Saoudite, le lanceur d’alerte et ex-Frère musulman français Mohamed Louizi,3 le grand écrivain algérien Boualem Sansal.4 Le très respecté Ibn Warraq5 vient tout récemment de décrypter ces liens dans L’Islam dans le terrorisme islamique.6

Tout cela constitue des faits, et non des opinions ; des constats, et non des insultes ou des slogans politiques. M. Boubakeur le sait, mais choisit de dérouler un discours de culpabilisation et de victimisation, dans la droite ligne de celui des Frères musulmans.

https://youtu.be/AEv_N18I_Hk?t=14

L’escroquerie « islamophobie »

Il est inenvisageable qu’un homme comme M. Boubakeur ignore la perversité de cette propagande. Forgé par l’islam politique, ce concept d’ « islamophobie » vise à créer une confusion entre, d’une part, la critique de l’islam, autorisée voire encouragée dans une culture comme la nôtre fondée sur la raison, et d’autre part la haine des musulmans, pénalisée et réprouvée par cette même culture. En anathémisant toute critique de l’islam, les Frères musulmans, cette association secrète et très puissante principale promotrice du concept, cherche à faire progressivement accepter les dogmes et préceptes les plus contraires à nos valeurs humanistes et libérales ; ils ne font guère mystère de leur objectif ultime, la « mise en orbite d’une société islamique »7. Et de fait, partout où il s’est déployé avec succès, l’islamisme interdit la liberté de conscience, d’expression, et en définitive toute liberté. C’est sous l’influence d’un groupe de pays islamiques que l’ONU adopta en 2009 une résolution en faveur de la poursuite de la « diffamation des religions », comprenez, la répression pénale du blasphème ; mais c’est aussi dans ces pays-là que cette pénalisation est un outil d’oppression des minorités.

A lire aussi : Islam : le dangereux discours de la Mosquée de Paris

Ce réquisitoire, dans la bouche d’un petit soldat de l’islam fondamentaliste, ne surprendrait guère. Mais il est particulièrement préoccupant dans celle de M. Boubakeur, éduqué dans les meilleures écoles de la République, blanchi sous le harnais de la raison critique, et connaisseur de l’Histoire des idées politiques en Occident ; un homme qui est passé au fil des années pour un défenseur du dialogue inter-confessionnel, au point de devenir un interlocuteur des pouvoirs publics.

Dalil Boubakeur témoigne de la progression de l’islamisme

La reprise de cette rhétorique-ci par cet homme-là donne la mesure de la progression de l’islamisme. Certes, ce discours tout en passions et en promesses, alternant les vertus enivrantes de l’amour (de soi et de ses pairs) et de la haine (des autres), où l’on choisit sa vérité en s’affranchissant de la réalité, possède un potentiel de galvanisation autrement plus puissant que notre rigoureuse rationalité.

Mais nous, Français, avons goûté aux deux formules ; nous savons que la première mène à l’obscurantisme et au malheur, et la seconde à la liberté, seule voie vers le bonheur et l’accomplissement de soi. C’est l’esprit critique, c’est-à-dire le recul pris sur nos propres idées et les modes de pensée qui façonnèrent notre société pendant des siècles, qui nous ouvrirent le chemin de la connaissance, de la liberté et de la tolérance ; qui fit de nous une nation civilisée. Notre identité culturelle est sans doute perfectible, les valeurs qu’elle prétend incarner ne sont pas toujours respectées en pratique ; mais comme le dit la sociologue Nathalie Heinich, «  une valeur est une visée, pas un fait » ; et cette « visée » bénéficie aussi à nos compatriotes musulmans.

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