Aux Lecteurs.
Un article très intéressant, clair, pondéré,offrant une analyse sérieuse d’une situation complexe et qu’on lira avec avantage :
https://www.causeur.fr/dalil-boubakeur-le-point-islamophobie-150186?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=b6b00ded59-Newsletter&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-b6b00ded59-57275213
Dans Le Point, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, « s’insurge contre les intellectuels, les médias et les politiques qui nourrissent la peur et l’islamophobie ».
La tribune de M. Boubakeur dans Le Point
du 22 mars est désespérante. Voilà encore reprise, avec tous ses
poncifs et toutes ses malhonnêtetés, la bouillie manichéenne,
communautariste et contre-productive qui semble être devenue la norme de
pensée des musulmans invités à s’exprimer dans les médias. Le « nous »
et le « eux » ; la population majoritaire coupable, irrémédiablement, et
les musulmans victimes, éternellement.
Rien n’y manque, pas même les mots pourtant si galvaudés d’ « amalgame » et de « stigmatisation ». Ni bien sûr la référence à l’ « islamophobie » qui « gangrène » la France, révélée tant par l’ « affaire du foulard » de Creil en 1989 que par les débats provoqués par les « prières de rue » ou même la « burqa », étendard s’il en est de l’idéologie la plus obscurantiste.
L’islam n’a rien à voir avec l’islamisme
En
revanche, aucune réponse à ces faits eux-mêmes, pourtant constitutifs
du problème de la pratique religieuse de certains musulmans aujourd’hui.
Rien sur l’Etat islamique, sur le wahhabisme, sur les Frères musulmans,
et sur les milliards investis par les théocraties propageant l’islam
fondamentaliste, intolérant et conquérant partout dans le monde.
Rien
non plus sur la haine montante de nos fameux « territoires perdus »,
où, pour un certain nombre d’habitants, Mohamed Merah n’est pas un monstre mais un héros et les assassins terroristes, des « résistants ».
M. Boubakeur oppose une fin de non-recevoir aux liens entre islam et islamisme,
là où de nombreux spécialistes du monde musulman démontrent ou
témoignent du fait que les préceptes invoqués par les fondamentalistes
pour massacrer les « infidèles » procèdent d’une lecture littérale du Coran lui-même : les poètes syriens Adonis1 et Omar Youssef Souleimane2, ancien salafiste éduqué dans une école wahhabite en Arabie Saoudite, le lanceur d’alerte et ex-Frère musulman français Mohamed Louizi,3 le grand écrivain algérien Boualem Sansal.4 Le très respecté Ibn Warraq5 vient tout récemment de décrypter ces liens dans L’Islam dans le terrorisme islamique.6
Tout
cela constitue des faits, et non des opinions ; des constats, et non
des insultes ou des slogans politiques. M. Boubakeur le sait, mais
choisit de dérouler un discours de culpabilisation et de victimisation,
dans la droite ligne de celui des Frères musulmans.
https://youtu.be/AEv_N18I_Hk?t=14
L’escroquerie « islamophobie »
Il
est inenvisageable qu’un homme comme M. Boubakeur ignore la perversité
de cette propagande. Forgé par l’islam politique, ce concept d’ « islamophobie »
vise à créer une confusion entre, d’une part, la critique de l’islam,
autorisée voire encouragée dans une culture comme la nôtre fondée sur la
raison, et d’autre part la haine des musulmans, pénalisée et réprouvée
par cette même culture. En anathémisant toute critique de l’islam, les
Frères musulmans, cette association secrète et très puissante principale
promotrice du concept, cherche à faire progressivement accepter les
dogmes et préceptes les plus contraires à nos valeurs humanistes et
libérales ; ils ne font guère mystère de leur objectif ultime, la « mise en orbite d’une société islamique »7.
Et de fait, partout où il s’est déployé avec succès, l’islamisme
interdit la liberté de conscience, d’expression, et en définitive toute
liberté. C’est sous l’influence d’un groupe de pays islamiques que l’ONU
adopta en 2009 une résolution en faveur de la poursuite de la « diffamation des religions »,
comprenez, la répression pénale du blasphème ; mais c’est aussi dans
ces pays-là que cette pénalisation est un outil d’oppression des
minorités.
A lire aussi : Islam : le dangereux discours de la Mosquée de Paris
Ce
réquisitoire, dans la bouche d’un petit soldat de l’islam
fondamentaliste, ne surprendrait guère. Mais il est particulièrement
préoccupant dans celle de M. Boubakeur, éduqué dans les meilleures
écoles de la République, blanchi sous le harnais de la raison critique,
et connaisseur de l’Histoire des idées politiques en Occident ; un homme
qui est passé au fil des années pour un défenseur du dialogue
inter-confessionnel, au point de devenir un interlocuteur des pouvoirs
publics.
Dalil Boubakeur témoigne de la progression de l’islamisme
La
reprise de cette rhétorique-ci par cet homme-là donne la mesure de la
progression de l’islamisme. Certes, ce discours tout en passions et en
promesses, alternant les vertus enivrantes de l’amour (de soi et de ses
pairs) et de la haine (des autres), où l’on choisit sa vérité en
s’affranchissant de la réalité, possède un potentiel de galvanisation
autrement plus puissant que notre rigoureuse rationalité.
Mais
nous, Français, avons goûté aux deux formules ; nous savons que la
première mène à l’obscurantisme et au malheur, et la seconde à la
liberté, seule voie vers le bonheur et l’accomplissement de soi. C’est
l’esprit critique, c’est-à-dire le recul pris sur nos propres idées et
les modes de pensée qui façonnèrent notre société pendant des siècles,
qui nous ouvrirent le chemin de la connaissance, de la liberté et de la
tolérance ; qui fit de nous une nation civilisée. Notre identité
culturelle est sans doute perfectible, les valeurs qu’elle prétend
incarner ne sont pas toujours respectées en pratique ; mais comme le dit
la sociologue Nathalie Heinich, « une valeur est une visée, pas un fait » ; et cette « visée » bénéficie aussi à nos compatriotes musulmans.
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