• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de JC_Lavau

sur Judit, ou la bascule entre deux animalités


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

JC_Lavau JC_Lavau 25 juillet 2018 12:54

@chantecler.  Partition et scénographie, tout sauf évidentes.

 
Balázs a fait des emprunts évidents aux traditions, et à un Moyen-âge amplement fictif. Mais même des Herzogs criminels tels que Gilles de Rais (1405-1440) ou la comtesse Báthory Erzsébet, (1560-1614) n’ont jamais vécu seuls : ils étaient toujours entourés d’hommes d’armes et de serviteurs. Tous nourris par des paysans, vêtus et armés par des artisans.
Or comme le précise le barde dont la parole ouvre la pièce, partout l’écriture de Béla Balázs est à double sens : à l’extérieur ? Ou à l’intérieur ?
 
Aussi le scénographe doit constamment interpréter et choisir son dosage, selon les contraintes matérielles et budgétaires.
Les deux premières portes, voire celle des trésors aussi, évoquent bien le Herzog retraité, qui ne guerroie plus. Et pourtant la poussière n’apparaît nulle part, sur cette accumulation de souvenirs et trophées.
 
Le jardin secret pose d’autres problèmes : vous avez déjà vu un jardin sans jardinier ? Moi jamais. Et d’où vient sa lumière du Soleil ?
 
Quant au fortissimo d’orchestre sur l’immensité des domaines du duc, le scénario pose bien des problèmes : à quelle distance de là Kékszakállú a-t-il enlevé Judit ? Alors ils ont voyagé comment ? Sur deux chevaux ou un seul cheval ?
A quel palefrenier ont été confiés ces chevaux fourbus ?
Où sont les paysans dont les ancêtres ont élevé le château, et qui à présent cultivent et paient l’impôt ? Où sont même les emblavures ?
Où sont les soldats et leurs communs ?
Où est le puits où seigneur et hommes d’armes peuvent puiser pour tenir un long siège ? Ou une citerne d’eau de pluie ?
On pisse et chie où, dans ce château ?

La crypte au lac de larmes pose d’autres problèmes : c’est salé, les larmes. Comment Judit peut-elle les trouver si pures et limpides ? A la scène, vous faites comment ? A l’opéra Garnier ils semblent avoir tourné autrement la lecture du texte : un rideau de pluie sépare l’arrière de la scène, et figure à lui seul les larmes, au mépris de la lettre du texte.
 
C’est derrière ce rideau de larmes qu’ils ouvrent par la magie de la projection vidéo la septième porte, où apparaissent trois copies de la même cantatrice.

En revanche, dans ce qui est purement sonore, aucune divergence entre les versions, sur les cris impérieux de Judit :
Add ide a többi kulcsot !
Donne moi encore une clé !
L’écriture de la partition ne laisse pas le choix sur ce point.

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès