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Commentaire de Christian Labrune

sur Alexandre Benalla versus Sénat : 1 partout


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Christian Labrune Christian Labrune 22 septembre 2018 14:34
@Sylvain Rakotoarison

J’ai regardé attentivement aussi la comparution de Benalla devant les sénateurs et je partage votre point de vue sur la nécessité du sénat. Quand on a vu s’étriper les députés boutonneux de la défunte commission à l’Assemblée et qu’on voit la prudence et l’habileté qui prévalent au palais du Luxembourg, il n’y a pas de comparaison possible.

Benalla, effectivement, a tout fait pour ne pas apparaître comme « une petite frappe ». Il est intelligent, habile, il ne manque pas de sang-froid. Il reste que sa prestation à la Contrescarpe, ses promenades au Jardin des Plantes, donnaient une tout autre image du personnage. Tout comme sa diatribe contre les sénateurs sur je ne sais quelle radio, où il assimilait le président de la Commission sénatoriale à un « petit marquis ».

Il y a donc deux Benalla : un Benalla spontané, fasciné par les armes et qui ne répugne pas à cogner sur ceux qui passent dans la rue et qui « ne sont rien », et celui qu’on a pu voir au Sénat.

Ce jeune personnage est de toute évidence fasciné par le pouvoir. Ce n’est pas un crime, et il y en a bien d’autres, mais cela explique assez bien les mécanismes d’identification et les tentations d’allégeance dont il paraît être devenu la première victime.

A l’Elysée, on méprise le petit peuple, ce qu’on aurait appelé à la fin du XIXe siècle, les « classes dangereuses », du moins, celles qui n’inspirent pas encore vraiment la trouille, comme les islamistes par exemple. Si on s’identifie au chef ; je veux dire à Macron, on ne peut qu’être tenté de mettre en pratique cette vision des choses et agir en conséquence. Cette fois, à la Contrescarpe, on y est allé un peu fort, mais au palais, ça n’a pas vraiment choqué sur le fond : on l’aura sanctionné pour la forme, et on aurait été tout disposé à passer l’éponge si la presse, quelques semaines plus tard, ne s’en était pas mêlée.

Mais d’un seul coup, il apparaît qu’au-dessus du chef élyséen qu’on prenait pour Jupiter, il y a d’autres « chefs » tapis dans l’ombre, et peut-être plus redoutables. On les méprise, ces petits marquis ; sans trop réfléchir, on le fait savoir, mais on s’aperçoit qu’on est à leur merci, et qu’ils peuvent très bien, quand on ne dispose pas de l’immunité présidentielle, « venir vous chercher » et vous traîner de force, si besoin est, devant la Commission. Ca change tout.

Bref, je suis désormais convaincu de l’habileté de Benalla, mais plus encore du caractère profondément pathologique d’un fonctionnement actuel de l’Elysée qui n’a pas grand chose à voir avec ces principes démocratiques et républicains auxquels nous sommes nombreux à adhérer.

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