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Commentaire de bob de lyon

sur Little Big Horn par David Cornut


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bob de lyon 17 octobre 2018 09:55

Bonjour Monsieur Abed.

Bien vu, ce livre est recommandable.

Qu’ajouter à votre texte ? Rien. Mais passionné par l’histoire de l’Ouest, je profite de votre témoignage pour m’étendre plus que de raison…

Bilan de la période de cet événement.

Fin de la guerre de Sécession, ouverture de la ligne Mason-Dixon, début de la colonisation de l’Ouest ; première dépression économique aux USA sauvée par la découverte opportune d’or dans ces territoires ce qui réconforte Wall Street et le pouvoir politique ; accélération du déplacement de populations en recherche d’avenir et de fortune dans ces lieux ; chocs avec les tribus indiennes des plaines ; une chance de perspective de continuité de carrière, de gloire donc !, pour quelques officiers issus de la guerre civile, du nord et du sud confondus ; construction du chemin de fer…

Retenons la typologie de l’armée cavalière américaine postée dans ces endroits ; c’est une composition hétéroclite d’immigrants de tous les pays d’Europe, surtout Allemands (un Français à Little BigHorn), beaucoup d’Afro américains, restes d’enrôlés de l’armée du Nord.

L’ensemble de ce corps est majoritairement illettré, s’exprimant dans un sabir approximatif d’anglo-américain ; payé d’une maigre solde ; le taux d’alcooliques est surnuméraire ; la plupart sont rebelles, brutaux et rétifs à la discipline… Bref, beaucoup de soudards belliqueux et quotidiennement imbibés.

En face, les Indiens nomades des Plaines ; violents, individualistes, d’un orgueil extravagant et à l’honneur pointilleux. La mort glorieuse au combat est une étape obligée vers l’ouverture du paradis. La culture de la force, du conflit permanent et de la guerre sont le quotidien du jeune sioux, comanche et autre qui, marmot et titubant encore sur ses jambes, est posé sur le dos d’un poney capricieux ; corollaire : ce sont les meilleurs cavaliers du monde !

Une faute de Custer. Ni pire mais plutôt meilleur que les autres, ayant quelques sympathies pour les Indiens (un paradoxe mais c’est démontré) attaque dans l’hiver 1868 la tribu cheyenne de Black Keetle, pacifiquement installée (au milieu du campement flotte le drapeau étoilé) sur les bords de la rivière Washita.

Custer a plutôt désobéi aux recommandations du général Shéridan : « les Indiens tuez-les ou pendez-les ! » en retenant tant qu’il le put les exactions, mais ses sous-officiers et sa troupe de traîne-savates ne s’encombrèrent pas de scrupules : femmes, enfants et guerriers blessés achevés froidement, Black Keetle et sa femme tués dans le dos.

Résultat : « ce n’est pas un combat, c’est un massacre ! » ; déclaration officielle d’un officier d’État-major au retour d’expérience.

Nous sommes loin de l’héroïque 7e de cavalerie de John Ford avec son ivrogne sympathique et bougon interprété par Victor Mac Laglen.

Pour les Indiens, Custer devient le symbole du cavalier bleu respectable mais qu’il faut occire.

Quant à Little Bighorn, curieuse bataille !

Une colline. En bas, logé dans un coude de la rivière Little BigHorn, un village de 6 000 à 7 000 personnes rassemblées (1 500 guerriers donc) ; arrivent 500 cavaliers bleus divisés en trois bataillons ; le chef – Custer - lieutenant-colonel en quête d’un renouveau de notoriété et ses deux adjoints : Benteen qui cherche son courage à l’aide d’une bouteille de whisky et Reno violemment haineux et jaloux de son supérieur.

Custer, envoûté depuis toujours par le génie de Bonaparte, prend une décision tactique : séparer l’unité en trois ; ce n’était pas idiot.

Mais voilà et pour faire court :

Benteen positionne sa troupe bien à l’abri dans un bois sur une rive du cours d’eau, quelques indiens surpris le repèrent et commencent la pétarade.

Cluster analyse la situation de la colline, sait que Reno n’est qu’à environ 5 km ; il prépare son assaut.

Planqués dans le bois, dans une situation idéale et bien installés, les soldats de Benteen abattent comme au ball-trap, avec leur fusils Spencer à répétition (portée précise 600 m) des guerriers qui traversent le fleuve équipés d’arcs, de fusils à un coup ou de Winchester (portée 180 m, au-delà, c’est aléatoire) ; halluciné par l’alcool ingurgité toute la journée en lampées permanentes, Benteen est pris de panique ; quand le chef s’en va… La règle du cavalier dans un combat contre l’Indien des plaines était : « si tu tournes le dos t’es mort ! »

Custer entame sa descente à ce mauvais moment, probablement convaincu que Reno va arriver très vite ; sauf que, comme Grouchy à Waterloo, ruminant sa jalousie maladive, il ralentira (sciemment ?) sa troupe et mettra environ 6 heures pour arriver à proximité et rencontrer Benteen et le reste de ses fuyards. Ils sont accrochés par des guerriers, résistent bien et se replient en bon ordre.

Mais pour Custer et ses 216 cavaliers, face à plus de 1000 guerriers très en colère, le rideau était déjà tombé.

Sitting-Bull et Crazy Horse, dans leur tombe, en rient encore.


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