Bonjour Monsieur Abed.
Bien vu, ce livre est recommandable.
Qu’ajouter à votre texte ? Rien. Mais passionné
par l’histoire de l’Ouest, je profite de votre témoignage pour m’étendre plus
que de raison…
Bilan de la période de cet événement.
Fin de la guerre de Sécession, ouverture de la ligne Mason-Dixon, début de la colonisation de
l’Ouest ; première dépression économique aux USA sauvée par la découverte
opportune d’or dans ces territoires ce qui réconforte Wall Street et le pouvoir
politique ; accélération du déplacement de populations en recherche
d’avenir et de fortune dans ces lieux ; chocs avec les tribus indiennes
des plaines ; une chance de perspective de continuité de carrière, de
gloire donc !, pour quelques officiers issus de la guerre civile, du
nord et du sud confondus ; construction du chemin de fer…
Retenons la typologie de l’armée cavalière américaine postée
dans ces endroits ; c’est une composition hétéroclite d’immigrants de tous
les pays d’Europe, surtout Allemands (un Français à Little BigHorn), beaucoup
d’Afro américains, restes d’enrôlés de l’armée du Nord.
L’ensemble de ce corps est majoritairement illettré, s’exprimant
dans un sabir approximatif d’anglo-américain ; payé d’une maigre solde ;
le taux d’alcooliques est surnuméraire ; la plupart sont rebelles, brutaux
et rétifs à la discipline… Bref, beaucoup de soudards belliqueux et quotidiennement
imbibés.
En face, les Indiens nomades des Plaines ; violents, individualistes,
d’un orgueil extravagant et à l’honneur pointilleux. La mort glorieuse au
combat est une étape obligée vers l’ouverture du paradis. La culture de la
force, du conflit permanent et de la guerre sont le quotidien du jeune sioux,
comanche et autre qui, marmot et titubant encore sur ses jambes, est posé sur le
dos d’un poney capricieux ; corollaire : ce sont les meilleurs
cavaliers du monde !
Une faute de Custer. Ni pire mais plutôt meilleur que les
autres, ayant quelques sympathies pour les Indiens (un paradoxe mais c’est
démontré) attaque dans l’hiver 1868 la tribu cheyenne de Black Keetle, pacifiquement installée (au milieu du campement flotte le drapeau étoilé) sur
les bords de la rivière Washita.
Custer a plutôt désobéi aux recommandations du général
Shéridan : « les Indiens tuez-les ou pendez-les ! » en
retenant tant qu’il le put les exactions, mais ses sous-officiers et sa troupe
de traîne-savates ne s’encombrèrent pas de scrupules : femmes, enfants et
guerriers blessés achevés froidement, Black Keetle et sa femme tués dans
le dos.
Résultat : « ce n’est pas un combat, c’est un massacre ! » ;
déclaration officielle d’un officier d’État-major au retour d’expérience.
Nous sommes loin de l’héroïque 7e de cavalerie de
John Ford avec son ivrogne sympathique et bougon interprété par Victor Mac
Laglen.
Pour les Indiens, Custer devient le symbole du cavalier bleu
respectable mais qu’il faut occire.
Quant à Little Bighorn, curieuse bataille !
Une colline. En bas, logé dans un coude de la rivière Little
BigHorn, un village de 6 000 à 7 000 personnes rassemblées (1 500
guerriers donc) ; arrivent 500 cavaliers bleus divisés en trois bataillons ;
le chef – Custer - lieutenant-colonel en quête d’un renouveau de notoriété et
ses deux adjoints : Benteen qui cherche son courage à l’aide d’une
bouteille de whisky et Reno violemment haineux et jaloux de son supérieur.
Custer, envoûté depuis toujours par le génie de Bonaparte,
prend une décision tactique : séparer l’unité en trois ; ce n’était
pas idiot.
Mais voilà et pour faire court :
Benteen positionne sa troupe bien à l’abri dans un bois sur une
rive du cours d’eau, quelques indiens surpris le repèrent et commencent la
pétarade.
Cluster analyse la situation de la colline, sait que Reno n’est
qu’à environ 5 km ; il prépare son assaut.
Planqués dans le bois, dans une situation idéale et bien
installés, les soldats de Benteen abattent comme au ball-trap, avec leur fusils
Spencer à répétition (portée précise 600 m) des guerriers qui traversent
le fleuve équipés d’arcs, de fusils à un coup ou de Winchester (portée 180 m,
au-delà, c’est aléatoire) ; halluciné par l’alcool ingurgité toute la
journée en lampées permanentes, Benteen est pris de panique ; quand le
chef s’en va… La règle du cavalier dans un combat contre l’Indien des plaines était : « si tu tournes le dos t’es mort ! »
Custer entame sa descente à ce mauvais moment, probablement
convaincu que Reno va arriver très vite ; sauf que, comme Grouchy à
Waterloo, ruminant sa jalousie maladive, il ralentira (sciemment ?) sa
troupe et mettra environ 6 heures pour arriver à proximité et rencontrer Benteen et le reste de ses fuyards. Ils sont accrochés par des guerriers, résistent bien et se
replient en bon ordre.
Mais pour Custer et ses 216 cavaliers, face à plus de 1000 guerriers
très en colère, le rideau était déjà tombé.
Sitting-Bull et Crazy Horse, dans leur tombe, en rient encore.