« Jouir de la souffrance des autres... »,
cela s’appelle l’envie, l’un des sept péchés capitaux, le troisième dans l’ordre
d’importance après l’orgueil et l’égoïsme.
L’homme
qui sent sa valeur intellectuelle diminuer souffre à la vue de ceux qui sont
placés plus haut que lui dans la hiérarchie des êtres.
La
valeur morale n’a pas besoin d’insignes pour se révéler, elle resplendit dans
celui qui la possède, elle se trahit même quand on la cache, comme la pauvreté
morale se trahit même quand on la dissimule. Le sentiment qui naît de la
conscience que l’homme acquiert de sa dégradation, en face de celui qui vaut
mieux que lui, c’est l’envie.
Ce
tourment est tout à la fois, un regret intime, un dépit, une haine. L’envieux
souffre du bien qui arrive aux autres ; il est heureux de leur malheur.
Le monde actuel est régi
par l’envie. Tout le désordre social vient de ce que l’intellectualité,
toujours jalousée, a fini par être bannie des pouvoirs (sauf quelques
exceptions). Nous avons la jalousie des classes qui est venue renverser les
anciennes castes dont l’organisation primitive était empreinte d’une haute
sagesse puisqu’elle mettait au sommet les meilleurs. Le régime de l’égalité
sociale, qu’on veut lui substituer, c’est la révolte de la médiocrité contre la
supériorité, de l’ignorance contre la vraie science, de la folie contre la
sagesse.