Afin
de comprendre un peu mieux l’Histoire des Femmes, rappelons rapidement les
bases de l’ancien régime, c’est-à-dire celui qui existait avant le règne de l’homme
: Le régime social actuel est un dérivé lointain et une altération monstrueuse
de l’ancien régime gynécocratique, qui donnait à la Femme, la direction
spirituelle et morale de la Société.
Aussi,
il est des gens naïfs qui croient que l’histoire est le récit exact des faits
du passé. Ils semblent ignorer que le monde est, depuis longtemps, régi par le
mensonge et que le désordre de la société actuelle en est la conséquence.
Il
est curieux d’étudier comment cet ordre de choses a commencé, quels ont été les
mobiles des premières erreurs voulues, et quels hommes, les premiers, ont eu
l’audace de les écrire.
A
toutes les époques, il y a eu des partis qui, voulant s’emparer d’un pouvoir
auquel ils n’avaient pas droit, ont appuyé leurs prétentions sur une idée, un
système, une théorie religieuse ou sociale, qu’ils ont propagée par violence,
par fraude ou par ruse. Deux moyens furent notamment employés pour faire disparaître
les témoignages gênants de la splendeur du régime féminin : la destruction et
l’altération des textes.
L’ère
de destruction s’ouvrit au VIIIème siècle. On précise même la date : cela
commença en 747 avant notre ère, c’est-à-dire au moment où la classe
sacerdotale se constitua.
Un
roi de Babylone nommé Nabou-Assar, rempli d’un orgueil fanatique et irrité des
éloges qu’il entendait prodiguer au régime antérieur, s’imagina qu’il suffisait
de faire disparaître sa trace dans l’histoire pour remplir l’univers de son nom
et rendre sa domination légitime. Il fit effacer toutes les inscriptions,
briser toutes les tables d’airain et brûler tous les papyrus. Il voulait que
l’époque de son avènement au trône fût celle qui commençât l’histoire. Et cette
idée devait triompher ; l’histoire antérieure au régime masculin devait,
pendant longtemps, être effacée.
Nous
savons qu’une semblable idée était venue aux Romains, qui, après
l’établissement d’une république qui ne laissait aucune place à la Femme,
firent détruire les livres de Numa qui contenaient certainement des faits qui
faisaient connaître le régime gynécocratique, encore existant à son époque.
Il
paraît également certain qu’on fit aussi détruire les monuments et les écrits
des Thraces et des Volsques.
Le
souvenir d’un pareil événement s’est perpétué aux Indes. On sait assez qu’il
eut lieu en Chine et que l’empereur Tsinchi-hoang-ti alla encore plus loin que
Nabou-Assar, en défendant sous peine de mort de garder aucun monument
littéraire antérieur à son règne.
Ce
système est resté dans les habitudes de tous les conquérants, de tous les
usurpateurs, il a même pris des proportions formidables dans les religions
modernes.
N’oublions
pas que la fameuse Bibliothèque d’Alexandrie a été brûlée trois fois, que les
papes chrétiens ont fait détruire un grand nombre de monuments antiques, que
les archives du Mexique et celles du Pérou ont disparu pour satisfaire le zèle
fanatique d’un évêque espagnol.
Nous allons
étudier, avec ceux qui le veulent, l’histoire cachée, falsifiée, dénaturée, afin
de chercher la source lointaine de nos croyances, de nos traditions, de nos
préjugés ; nous allons nous efforcer d’éclairer les hommes sur les erreurs du
passé, de les rectifier et de rétablir partout le rôle glorieux de la Femme,
effacé par les Prêtres de toutes les religions et les misogynes de tous les
pays.
Nous nous
appliquerons surtout à révéler aux hommes de bonne foi les œuvres de l’esprit
féminin, nous essaierons de leur faire connaître la science cachée, les livres
condamnés. Nous sortirons de l’oubli les vérités étouffées et nous mettrons en
pleine lumière l’histoire si attachante des Mystères de l’antiquité.