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Commentaire de Gollum

sur René Girard philosophe politique malgré lui par Jean-Marc Bourdin


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Gollum Gollum 29 mars 2019 17:37

@Luc-Laurent Salvador

Sur l’épisode de l’Arbre et du Serpent j’ai ma propre interprétation sauf que j’évacue l’aspect moral. Mais je n’ai pas envie d’en discuter ici.

Faire commencer l’histoire humaine par une interdiction, alors qu’il y a un animal toxique dans ce Jardin, et que le patron sait pertinemment que sa créature imparfaite succombera à la tentation me semble un scénario à la limite de la perversité. 

Cela ne correspond pas à l’expérience que j’en ai où domine plutôt l’idée incompréhensible que Dieu est amour

Ça c’est la façade. On met l’amour en avant pour attraper les gogos (excusez de mon vocabulaire mais c’est à dessein..) et là-dessus on met tout le mal sur le dos de l’homme. Je vous renvoie à l’œuvre de l’historien Jean Delumeau sur le péché en Occident. Qui a aboutit à une véritable névrose collective, qui a duré des siècles, et opprimé des générations de populations terrorisées par l’enfer, la peur du péché mortel, etc...

Que l’atmosphère sur ce point ait quelque peu changé grâce à Vatican 2 n’enlève rien à la théologie du péché originel promue par Augustin. 

Je ne comprends pas votre idée de réconciliation alors que nul n’est en faute. Vous avez un exemple ?

Simple. Vous êtes dans un pays étranger et ne connaissez pas les coutumes. Vous faites un impair involontaire. L’autre en face se sent offensé. Il vous réprimande brutalement. Mais un autre gars lui explique que vous êtes étranger et ne connaissez pas les coutumes. Vous vous réconciliez alors, bien qu’aucun des deux ne soient en faute. Il y a eu simplement mauvaise interprétation d’un côté, ignorance de l’autre.

Pour Eckhart, je ne vois là qu’une vaine scholastique comme l’histoire des anges sur une tête d’epingle. Un homme droit ne commet pas mille péchés mortels ou alors il faut qu’on m’explique.

Vous ne comprenez pas, précisément parce qu’Eckart dépasse le point de vue moral. Auquel vous ne voulez surtout pas échapper.

Eckhart dit simplement que les fautes sont nécessaires au développement psychologique. Et qu’il faut l’accepter tout simplement. Gœthe avait eu un point de vue similaire quand il attribue à son Méphisto un rôle positif.

Je cite un site web :

L’esprit faustien est là : tout ce qu’entreprend l’homme est un échec et pourtant la réussite attend l’homme sur la longue durée. La clef est ici précisément : le mal – Méphisto – est nécessaire à l’homme, à Faust, pour qu’il agisse, c’est son aiguillon, sinon il se morfond.

Quant à Spinoza, il n’a rien compris, c’est marrant de dire ça. Un peu que le repentir naît de la raison puisqu’il naît d’un jugement causal.

Non c’est vous qui ne comprenez pas. C’est pas grave, c’est subtil. D’autre part la Raison chez Spinoza n’est pas la raison rationalisante, ne pas confondre. Le repentir nait de l’à priori que cela aurait été mieux si les faits eurent été différents. Or rien, absolument rien, ne nous autorise à le penser. Dans un monde qui est parfait comme l’est celui postulé par Spinoza (et si on sait bien lire c’est la même chose pour Eckhart) il ne peut y avoir d’erreur, ou de faute.

Je ne vois pas de solution

Moi non plus. Je fais confiance à la Providence et surtout je ne voudrai pas que les choses se passent différemment de ce qu’elles sont programmées à advenir. Car, comme Spinoza, je ne crois pas au libre-arbitre.

Ah autre chose, dire que Dieu est Amour c’est se faire une image taillée de Dieu. Une idole. Cela rend incompréhensible l’existence du Mal dans le monde et conduit à des absurdités comme la théologie du péché originel d’Augustin. Enfin, ça favorise le sentimentalisme. Qui me semble une des tares modernes. D’autant moins facile à remettre en question qu’il se pare de toutes les vertus apparentes.

Chez Eckhart, rien de tel. Citation : Quand je dis que Dieu est bon je parle aussi mal que possible.


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