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Commentaire de Séraphin Lampion

sur Amnon Weinstein et les « Violons de l'Espoir »


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Séraphin Lampion Séraphin Lampion 11 octobre 2019 15:35

@Giordano Bruno

Dans « L’histoire confisquée de la destruction des Juifs d’Europe » paru aux PUF en 2016, Georges Bensoussan analysé la façon dont est utilisée la mémoire de la Shoah, à tort et à travers, la façon dont elle gêne l’appréhension du présent, et en quoi son instrumentalisation (anglicisme sans équivalent, désolé !) est contre-productive dans la lutte contre l’antisémitisme..

Comme l’avait dit Pierre Nora : « l’Etat fait du travail historique un acte politique ». Comme la Troisième République a exploité la Révolution française, le « nouveau monde » érige ce massacre en événement culturel et historique dans la littérature, les revues d’histoire, la peinture, le cinéma etc., ce qui le dénature, l’édulcore, la rend supportable et produit l’effet inverse de ce qui est recherché. Cette surabondance de commémorations pourrait faire penser que l’Europe a pris la pleine mesure de la catastrophe, mais pour G. Bensoussan, cela a permis de mieux la nier.

Maintenant, en plus d’être accusé d’être un peuple de milliardaires, de propriétaires des médias, en train de conspirer en permanence, les Juifs sont perçus comme voulant s’octroyer le monopole de la souffrance et de l’empathie. « Le culte mémoriel de la Shoah fait ainsi converger concurrence sociale et concurrence mémorielle pour nourrir de concert un puissant ressentiment antijuif », écrit-il  : faire de la Shoah une religion civile s’est retournée contre elle-même, au point de devenir un nouveau facteur d’antisémitisme, un nouvel argument de violence contre les juifs.

Pour lui, il faut écarter l’approche moralisatrice et compassionnelle car « la compassion de la violence ne protège pas de la violence, mais elle incite à une agression nouvelle…/… Avant de parler des juifs morts, parlons des juifs vivants, car le judaïsme est en perpétuel mouvement ».


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