On
pouvait s’attendre à une nouvelle version de « Embrassons-nous,
Folleville ! », ce classique du vaudeville qui
consiste à réconcilier les contraires. La Cfdt surjouant le
« retenez-moi ou je vais faire un malheur »
et le gouvernement accordant de menues concessions immédiatement
qualifiées de « substantielles » pour la ramener dans le
jeu.
Mais
c’est à un passage en force Thatcherien qu’il convient de
s’attendre, un coup de force idéologique pour imposer une
conversion néo-libérale progressive (et sûrement pas progressiste)
de l’ensemble de notre système de protection sociale hérité du
Conseil National de la Résistance (invoqué sans pudeur par ce
gouvernement pour promouvoir l’inverse).
Alors
que l’année 2019 vient de battre un nouveau record de distribution
de dividendes (60 milliards quand même !), on s’apprête à
déporter le poids des dépenses des retraites publiques sur les
salariés privés sans statut (ces gens qui ne sont rien), promis à
l’ubérisation et aux retraites croupions.
Vendre
à l’encan nos biens publics et favoriser la privatisation rampante
de secteurs économiques entiers auparavant arbitré par la puissance
publique, étatiser les dettes et privatiser les profits as
usual, telle est l’obsession
de ce gouvernement qui devrait faire sienne la profession de foi de
Sibeth Ndiaye : délibérément assumer de mentir pour
promouvoir sa contre-réforme…
Pour
Albert Camus le Mythe de Sisyphe débouchait sur l’Homme révolté
face à l’absurdité du monde qu’on lui propose : une
position ô combien contemporaine !