Origine
de l’école et de l’éducation
On
s’est habitué à rapprocher le nom de Minerve de celui des Muses et du Mont
Parnasse.
Ceci
a une cause lointaine qu’il faut expliquer.
Parnasse
se disait antérieurement Larnassas, mot qui signifie Ecole. Il dérive du
verbe laren ou leeren, enseigner en anglo-saxon. Lar
signifie doctrine, et Lareow, Maître ou interprète de la parole divine.
Il existe dans la Belgique plusieurs endroits nommés Lærne, Leerne,
Lerne ; c’étaient des lieux consacrés à l’instruction du peuple.
« Les
dieux Lares étaient, dans leur origine, des précepteurs du public. Diane était
réputée Lare »
Il
s’est donc formé, chez nos aïeules, une catégorie de Maîtresses d’Ecole qui a
porté différents noms. On les appelle souvent des Normes (d’où normale),
et on nous représente trois Normes fondant un collège chez les Germains et les
Scandinaves ; de là le mot Dryade (dry, trois). Mais le nom qui a
surtout été conservé est Druidesse, féminin de Druide.
D’où
vient-il ?
Fabre
d’Olivet dit : « Le mot Drud signifie l’enseignement radical, le principe de
la science. Il vient du mot rad ou rud (mots qui ont fait irradier et
radiation), qui veut dire une racine. De là le latin radix, l’anglais root,
le gallois gredham, etc. »
Chez
les Irlandais, il est quelquefois question de Druidesses appelées ban-drui,
et plus souvent de ban-filé, qui, comme les filé, étaient à la
fois devineresses et poétesses.
Or
ban signifie Mère. Ce mot ban-drui voudrait donc dire Mère-Enseignante.
Dans
la mythologie, on résumera cet enseignement en quelques mots, on dira que la
parole des femmes éclairées était l’oracle des voyantes. On nous parle
de l’enseignement des Prêtresses qui était oral, et on nous dira aussi que, si
elles ont laissé des écrits, ils ont été détruits.
Mais
ce qui est certain, c’est qu’elles ont laissé une tradition qui s’est perpétuée
de Mère en fille, et c’est cela qui est le fond même de l’éducation.
A
l’époque reculée où l’homme n’avait encore pour mœurs que ses instincts, on
avait remarqué combien sa nature le portait à l’opposition, à la contradiction,
à la domination.
C’est
pour enrayer ses mauvais instincts que les Mères instituèrent une discipline
élémentaire qui est toujours restée depuis dans la société, et qu’on désigne
encore par les mots « éducation », « convenance », « savoir-vivre », « manières
comme il faut ».
C’est
cette retenue des mauvais instincts qui fut d’abord la Religion. La
connaissance que l’on avait des lois qui régissent la nature humaine avait fait
comprendre que l’homme doit être discipliné, « apprivoisé », pourrait-on
dire, afin de pouvoir vivre dans la société des femmes, des enfants et même des
autres hommes.
On
institua donc une règle de vie commune, dont l’homme comprenait la nécessité,
car il s’y soumettait volontairement. C’est dans cette vie calme et bien
organisée qu’on élevait son esprit vers la pensée abstraite et qu’on lui
donnait les moyens de vaincre les sens dont on sut bientôt que l’usage abusif
mène à la folie.
Dans
cette société idéale, l’homme ne s’appartenait pas à lui-même, il était à la
vie familiale qui devint la vie sociale, et c’est cela qu’on exprime par le mot
« civilisé ».
Toutes
les communes, toutes les républiques furent primitivement des associations de
vie et de travail, sous les auspices d’une Déesse nationale. Et ces républiques
ont été puissantes tant qu’un même lien unissait les citoyens entre eux comme
des frères, et les unissait avec la Déesse comme avec une Mère.
La
dissolution des Etats, c’est-à-dire le désordre, commença quand certains
hommes, troublés par le mauvais esprit qui engendre l’orgueil, voulurent mettre
leur personnalité au-dessus des autres, s’affranchir des lois établies et
dominer les faibles. Cette révolte fut le commencement de l’erreur sociale,
c’est-à-dire de l’injustice.
L’éducation était encore
donnée chez les Gaulois par les grandes prêtresses et prophétesses que
les Romains trouvèrent dans la Gaule et dans la Germanie lorsqu’ils allèrent
combattre les guerriers de Vercingétorix et d’Arminius.