Ce n’est qu’au dix-neuvième siècle que l’usage du français s’est
généralisé sur un territoire qui avait intégré des régions non francophones comme
la Lorraine germanophone, l’Alsace, le Dauphiné, etc. Mais ce n’est pas une décision politique (avoir
la même langue dans tout le pays) qui a eu une influence décisive. Lune des
causes les plus importantes est certainement la connotation péjorative qui
s’est attachée aux « patois », considérés comme des langues
d’arriérés, le terme même de patois étant issu du radical patt- exprimant la
grossièreté.
Sainte Beuve avait d’ailleurs
défini le patois comme une « ancienne langue qui a eu
des malheurs ».
En fait, ce sont des circonstances
sociales qui ont le plus influé pour répandre le français, avant toute autre,
la conscription (générale depuis 1875),et bien sûr l’instruction (obligatoire
depuis 1886), ensuite la diffusion des journaux et des livres, l’exode rural, et
le développement des moyens de transport.
Mais il faut reconnaître qu’une grande partie des locuteurs
a abandonné d’elle-même sa langue pour parler uniquement français.
Je me souviens de la honte éprouvée par ma mère quand elle a
entendu sa mère expliquer la route à suite à un automobiliste en morvandiau :
« V’allez r’brater en-deçà d’la
boutique à Pâquet ». En-dehors du fait que le parisien concerné ignorait
le nom de famille de l’épicier du coin de la rue, il ne savait pas non plus que
r’brater signifiait « tourner à gauche » et peut-être même pas que « en-deçà »
signifie « avant ». En tous cas, l’émoi maternel m’a fait comprendre
que, si je voulais être au chose qu’un bouseux, je devais parler comme l’instituteur,
et pas comme ma grand-mère.
Aujourd’hui, à part quelques irréductibles folkloristes, qui
parle encore morvandiau ?