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Commentaire de DACH

sur Artsakh : La diplomatie de la honte


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DACH 18 octobre 2020 12:52

Une mise au point utile à l’auteur dont nous encourageons les inyerventions.

« « Depuis le début de la guerre du Haut-Karabakh, les médias internationaux ont très souvent utilisé une rhétorique pseudo-neutre qui brouille pourtant les cartes car elle ne dit pas exactement les choses telles qu’elles sont. Ce phénomène n’est pas nouveau et pose une fois de plus la responsabilité d’informer en vérifiant et en précisant les faits avant d’en rendre compte. 

Si l’on reprend de nombreux commentaires médiatiques sur cette guerre, il ressort qu’elle met en jeu des “belligérants” qui “s’accusent chacun d’avoir déclenché les hostilités” avec d’un côté un ”État azerbaïdjanais qui veut récupérer ses territoires occupés” et de l’autre “des séparatistes soutenus par l’Arménie… Ces thèmes déployés à longueur de temps pour évoquer le conflit sont chargés de sens et procèdent d’un raisonnement volontairement incomplet ou, ce qui semble le plus fréquent, d’une ignorance malheureuse dans la mesure où elle participe sans le dire et, espérons-le, sans le réaliser, d’une désinformation fautive.

Les sciences sociales attirent l’attention sur la façon dont la réalité peut être construite avec le choix des mots employés pour la décrire. Ces derniers relèvent de “procédés interprétatifs” qui façonnent les représentations mais qu’il est nécessaire de décrypter, notamment quand ils alimentent une injustice historique et politique. Reprenons les quatre imputations sous-jacentes aux formulations citées ci-dessus.

Le sociologue William Thomas a posé il y a 100 ans l’idée que le comportement des individus s’expliquait plus par leur perception de la réalité que par la réalité elle-même.

1/ “Les belligérants”. Ce terme qui désigne des adversaires engagés dans une guerre suppose deux camps opposés. S’il est juste car c’est bien ce qui se passe, il sous-entend néanmoins une responsabilité commune en passant sous silence que, dans le cas présent, une des deux parties –l’Azerbaïdjan soutenue par un pays ouvertement allié, la Turquie, et des mercenaires de Syrie payés par ce pays pour aller combattre au côté de l’armée Azérie– a initié l’attaque contre une population qualifiée d’ “ennemie”, tandis que l’autre –l’armée du Haut-Karabakh soutenue par celle de l’Arménie– ne fait que se défendre dans une guerre qui lui est imposée. Désigner les Arméniens comme un des “belligérants” les place ainsi implicitement dans le cadre sémantique d’une responsabilité et d’une volonté belliqueuse partagées ce qui ne correspond pas à la réalité des faits.

2/ Deux parties qui “s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les hostilités”. Quinze jours après le début des affrontements, cette idée qui fut régulièrement mentionnée dans les médias ne tient plus car il est désormais avéré que l’attaque a bien été préparée par l’Azerbaïdjan avec l’aide de la Turquie et son envoi de terroristes islamiques sur le front azéri avant le début des combats. Double injustice pour la petite partie arménienne, peuplée de seulement 3 millions d’habitants en Arménie et de 150.000 habitants dans le Haut-Karabakh, face aux Azéris et aux Turcs dont la supériorité numérique est notoire (10 millions d’habitants pour les premiers et 85 millions pour les seconds) et dont les investissements en matériels militaires sont très élevés, des Arméniens qui se défendent seuls tout en subissant les insinuations d’avoir peut-être initié les combats dont ils paient le prix fort en pertes humaines et à propos desquels ils demandent le cessez-le-feu et le retour aux négociations.

Suite à la note suivante.


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