C’est
intéressant l’histoire raconté comme un témoignage en faisant parler qui on
veut comme on veut, en baladant le faisceau de sa torche au gré de ses envies,
en ponctuant furtivement du coup de patte du chat qui s’amuse avec la souris
captive entre deux faits relatés pour ne pas trop montrer son plaisir et la
hauteur à laquelle on le prend. Nous faisant complices en nous entraînant dans le mouvement
de la curiosité et déçus de s’être fait un peu avoir une fois de plus. Mais qui
peut dire qu’il résiste toujours au plaisir coupable du commérage instruit et
bien raconté.
Le commérage
peut être une tentation. Je me prends à rêver à la concentration de bons mots,
retournements de situation, volte-face que l’on pourrait chroniquer à propos d’une
carrière de maintenant 37 mois, matière
d’une pièce de théâtre qui serait inspirée de Labiche pour rester de bonne
humeur. Pour un emploi de théâtre, il y a beaucoup de beaux rôles qui tenteraient
plus d’un acteur et actrice et les musiques d’Offenbach seraient convoquées
bien sûr.
Autrement sur la période Mitterrand et au-delà, un témoignage de
premier plan, les mémoires de JP Chevènement, très fluide et très claire. Sans
fard car il fait bien la part entre les faits et son point de vue. JPC est ici
bien plus direct et incisif que ces quelques prises de paroles médiatiques assez
œcuméniques en raison je pense de quelques responsabilités publiques encore
tenues. Plus intéressant que ce que donne à penser les interviews de l’auteur
qui un peu solennel et didactique n’est pas le meilleur « vendeur » de
son livre.
JP Chevènement, Mémoires, 489 pages.Robert Laffont, 22 €