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Commentaire de velosolex

sur Houellebecq a 65 ans : vivons tristes en attendant la mort !


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velosolex velosolex 26 février 2021 19:35

Nous sommes passés là du refoulé baptiste aux excès de l’époque industrielle, amenant les pratiques décomplexées, psychotiques, mettant le corps et l’âme par vraiment dans le même lit. Entre la société du spectacle et celle du libéralisme exacerbé, la main libre du marché finalement pénètre partout, même dans les petites culottes, et lamine le sacré en le transformant en pornographie. Quand le héros se change en disparu sans laisser d’adresse, on présume qu’il veut se reconstruire. Mais il porte toujours son passé en lui. Peut être que le masque du covid en donnant un peu de mystère aux gens, et les mettant dans la même désespérance des limites, avec des obligations à la clé, les installant dans un périmètre, comme des moutons derrière une clôture, l’aurait peut être aidé.
Il parait qu’il y a très peu de suicides pendant les guerres et les crises, rapport aux besoins fondamentaux dont la satisfaction exige toute l’énergie, et laisse peu de temps aux états d’âme. 
Le héros, Florent-Claude, revenu de tout, sauf de la dépression, est tombé en pamoison dans le « Leclerc » de Coutances, à la recherche de ses bouteilles d’armagnac, ou de vodka, je ne sais plus très bien. A quoi bon aller au bout du monde, quand tout est proposé dans les rayons ?. De nombreuses visites au toubib, pour régler tant que bien que mal le taux de cortisone, la sérotonine, comme le carbu d’une bagnole.... Heureusement il tombe sur un bon toubib, un gars de son âge qui le comprend intuitivement. On comprend bien que l’humanité des hommes, et leur disponibilité font aussi bien que les antidépresseurs.
Il y a un moment où même le sexe ne devient plus envisageable. Et ce n’est même pas un problème de mécanique, mais de concordance au monde. Son parcours d’homme libéré des obligations va tacher de retrouver la trace des femmes qui ont compté pour lui. Les rides n’arrangent pas l’affaire lors de ses retrouvailles, et il s’enfonce un peu plus dans la dépression. Reste Camille, devenue maintenant véto, en Normandie, qui elle n’a pas changé, quand il l’a voit la première fois, de loin, dans un café de Coutances
J’ai regretté que Houellebecq ne profite pas du festival de Coutances, « jazz sous les pommiers » pour refaire une petite santé à son Florent-Claude, et offrir une petite promotion à ces belles journées.
Il a bien utilisé son roman pour faire celle de l’eau de Volvic, du café Balungo , puis de la connexion SFR au moins par trois fois. L’eau de Volvic s’est vrai à elle très vite disparue, dés la page 2, au profit de boissons plus corsées.
Son pote le hoberot normand, un « D’Harcourt » chez lequel il séjourne lui noie son chagrin dans la vodka dés le réveil, dans une aile de son château un peu déglingué. Ne pétant déjà pas trop le feu, hors par sa passion des armes, ce type issue d’un haute lignée aristocratique liée à Guillaume le Conquérant, est en type « pilote automatique » depuis que sa femme l’a largué pour s’acoquiner avec un pianiste virtuose.
C’est un des meilleurs passages du livre. Les conseils de Florent Claude à son double, de se trouver une jolie jeune femme bien roulée et sachant faire des pipes, avant de se lever à six heures pour aller traire les vaches. Un modèle robuste comme une Mercedes, comme on en trouve sur le marché du net en Moldavie font sourire.
La sexualité toujours semble le moteur pour évoquer la cause des brèches, chez ces quadras fatigués. On peut toujours trouver dans un roman ce qu’on cherche, et au delà des lignes décrypter d’autres vérités échappant même parfois à l’auteur.
Le thème de la dépression a été traité par plus d’un qui c’est cassé la tête dessus. J’avais lu « la nausée » de Sartre. A 15 ans il m’était tombé des mains. « La chute » de Camus m’avait plombé. Au moins avec Sérotonine, je me suis bien amusé. Si on peut dire ainsi.


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