Zemmour dit beaucoup de bêtises. Il pratique méthodiquement
l’art de la provocation parce que c’est le meilleur moyen d’attirer l’attention
dans la période. Rappelez-vous le défi lamentable sur les prénoms pendant la
campagne de promotion de son dernier livre. Et cela a marché.
Il a par
ailleurs déclaré lors d’un entretien avec A Bauer, emporté par la compétition
dialectique qu’il n’était pas républicain et qu’il rêvait d’un retour à une
tradition catholique austère d’avant la révolution. Il nous a dit aussi que
selon lui la figure d’homme d’état emblématique du XX° siècle, c’est Pétain,
celui de la collaboration, comme une obsession personnelle. Grâce à son éditeur
et son sponsor (Bolloré et son réseau de chaînes
d’infos-spectacles-divertissements-Aux Etats-Unis, il serait sur Fox-News) qui poursuivent
leurs propres intérêts et aussi grâce à ceux
d’entre nous qui se régalent ou se distraient de ses bonbons au poivre en les
pensant inoffensifs ou en les souhaitant le plus corrosifs possible, il
entretient un robuste et insistant confusionnisme dans un temps déjà très
troublé (confusionnisme : art de présenter l’actualité d’emblée de façon
polémique afin de déclencher des clivages en nous attirant loin du savoir et de
la compréhension en vue de récupération politique)
Sans ce que
sont devenus les médias ni ceux qui font des réseaux sociaux un outil du
terrorisme intellectuel, Zemmour serait simplement le fada du village (cultivé
mais fada) et traité comme tel. C’est dire où nous nous sommes laissés emmener.
Assez souvent,
avec ses interlocuteurs dont il se sert le plus souvent à leur insu, il arrive
à donner le change parce que c’est un journaliste de formation, un lettré
intelligent et retors, un travailleur infatigable au culot indéboulonnable
jusqu’ici dans un jeu médiatique dont il est un praticien expérimenté et qui
sait user assez naturellement de la comédie et de la gentillesse à l’occasion.