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Commentaire de velosolex

sur Le mythe de l'innocence des foules victimaires


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velosolex velosolex 15 avril 2022 23:30

@Luc-Laurent Salvador
Votre comparaison m’apparait déplacée, car l’image que vous avez des cochons est lié à l’élevage industriel. Contrairement à ce qu’on croit, d’ailleurs, le cochon est très propre, et aussi attachant que n’importe quel animal si on le traite avec respect, et pas en batterie, dans les mêmes conditions que les camps de la mort nazie. C’est un animal de grande intuition, et qui a été classé d’ailleurs parmi les dix plus intelligents au monde. Ce qui est en dit en fait plus sur l’homme et son habitude de classer que sur l’animal, chez qui toute intelligence en fait doit être en lien avec ses intérêts propres, et non singer l’homme. Néanmoins si on s’y réfère, le cochon est un des rares animaux à réussi le test du miroir, et s’avère plus adaptatif et intelligent que les chiens. A condition bien sûr qu’il vive dans des conditions dignes, sans stress. 
Je me souviens du très beau livre de Primo Levi « Si c’est un homme » où il évoque la condition intraduisible des déportés, promis pour la plupart à la mort. Il fait le constat d’un retour aux pulsions primaires, au combat pour la vie, qui se solde par une perte des civilités, et parfois du combat pour tenter de garder quelques éléments de culture et d’humanité. Sans aucun doute ils ressemblent alors à une bande de cochons à l’heure du repas..... Il comprend très bien que le but des Allemands et d’accélérer cette dégradation d’image et de statut, et de les faire passer au stade d’animaux à supprimer. On en revient aux cochons qu’il faut engraisser, la même torture, et les mêmes effets pathologiques, qu’on aurait tort de considérer comme l’expression normale de ce pauvre animal. Comme les déportés dont on tirait toute une économie macabre, des cheveux aux dents ;« tout est bon dans le cochon » !

Levi s’aperçoit que bien que le camp soit pourvu de milliers de couverts de table, les bourreaux préfèrent les priver d’une cueillière, et les voir manger avec leurs mains comme des « bêtes ». Le doctorat de Primo Levi ne pèse rien face aux brutes, qui le voit comme un être méprisable, sale, hirsute, mangeant goulument avec ses mains, et les autres se querellant pour une miette de pain tombée. On peut lire « la faim » de knut Hamsun, pour ceux qui désirent en savoir plus sur le sujet. Mais certains on connu le problème de la faim qui prend toute la place dans le cerveau, à un moment de leur vie, et qui fait en compréhension l’économie de bien des livres de psychologie , sociologie, et autant de connaissance sur soi même et les autres.

Il me semble que votre conception est bien proche de celle très datée de Descartes, et son animal-machine. Cela est toujours tendance je pense dans les élevages industriels. Il faut bien diaboliser pour tuer, et se sentir supérieur, et se justifier dans sa démarche, non comme un bourreau, mais comme un homme de progrès, œuvrant pour l’humanité. C’est le copié collé de tous les totalitarismes. Annah Arendt a écrit pas mal sur le sujet. Poutine parle aussi des Ukrainiens comme de drogués et de nazis, comme Hitler diabolisait lui aussi les juifs. 
Toutes les sciences cognitives depuis au moins une génération nous montrent que les différences que l’homme a installé entre les soit disant races, sont aussi factuelles que celles qu’il a établi entre les animaux, et qui ont pour but de l’exclure du vulgaire, d’en faire le « Ouin de dieu ». Depuis Darwin c’est un long combat avec des retours en arrière. La question de l’âme a pour moi une tournure poétique, et révèle de la spiritualité, d’une dimension personnelle de sa destinée qui a sans doute une valeur, si cela permet de distiller du sacré et des lois morales, mais qui ne repose sur rien de tangible . 
Hors ce point précis, je reviendrai plus tard sur le reste de votre écrit, qui me semble intéressant. Mais je veux le lire avec attention. 


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